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LUMIERES N°42 MARS 2023

Interview croisée : Jacqueline OSTY, paysagiste, directrice de Osty et associés et Agnès JULLIAN, présidente de Technilum Dossier : Éclairage des établissements de santé - Cahier technique : éclairage des musées

Interview croisée : Jacqueline OSTY, paysagiste, directrice de Osty et associés et Agnès JULLIAN, présidente de Technilum
Dossier : Éclairage des établissements de santé - Cahier technique : éclairage des musées

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Lumières Interview croisée<br />

“Il est essentiel de penser réparabilité<br />

et maintenabilité si nous voulons rendre<br />

pérennes les mobiliers que l’on fabrique<br />

et installe aujourd’hui” Agnès Jullian<br />

histoire qui va s’écrire sur plusieurs années pour apporter<br />

plus de nature en ville, en colonisant les rues, les places, les<br />

espaces publics. Cela mérite sans doute de rapprocher nos<br />

idées pour créer de nouvelles identités.<br />

Vous venez d’évoquer la place de la nature dans la ville. Quel impact l’évolution de<br />

l’éclairage (arrêté de 2018, biodiversité, trame noire) a-t-elle sur les aménagements<br />

urbains ?<br />

Jacqueline Osty – La question de la biodiversité est au cœur des<br />

réflexions de l’éclairage et nous devons être en mesure de<br />

proposer des éclairements qui respectent cette biodiversité<br />

mais qui répondent également aux besoins liés aux usages.<br />

Le choix de la nature du mobilier ou des niveaux d’éclairement<br />

est une question de dosage. On peut jouer sur la<br />

pénombre et les zones éclairées et faire appel à ces systèmes<br />

de détection de présence, des dispositifs très appréciables<br />

et efficaces qui évitent de suréclairer. Il faut rechercher des<br />

solutions au service des humains et qui ne détruisent pas les<br />

espèces animales et végétales.<br />

Agnès Jullian – Désormais, les fabricants proposent des luminaires<br />

non polluants, avec des températures de couleurs<br />

chaudes (2 200 K ou 3 000 K). Il est ainsi facile d’adapter<br />

nos luminaires à la faune et à la flore et d’être respectueux<br />

de l’environnement. Le lampadaire boule, qui éclairait autant<br />

le ciel que le sol, ou celui qui consommait 400 W sont<br />

remplacés ou remplaçables par des solutions efficientes et<br />

peu énergivores ! Jusqu’au plan de sobriété énergétique qui<br />

souligne les capacités de nos technologies à réaliser des économies<br />

d’énergie rapides. Pourtant, l’éclairage est encore<br />

celui qu’il faut abattre, ou en l’occurrence éteindre, parce<br />

qu’il se voit, alors que des solutions vertueuses existent depuis<br />

plus d’une dizaine d’années ! Il est temps de les mettre<br />

en œuvre. Peu de secteurs industriels ont autant progressé<br />

technologiquement.<br />

Jacqueline Osty – Le contexte actuel écologique à tous les niveaux<br />

nous oblige à revoir nos manières de concevoir. Aujourd’hui,<br />

je réfléchis au réemploi par exemple. Comment<br />

fait-on pour prendre en compte ces questions d’économies<br />

d’énergie, de ressources ? Nous avons une responsabilité<br />

totale en tant que paysagistes urbanistes. Ce qui n’empêche<br />

pas la juste appréciation d’un lieu, de ce qu’il représente, de<br />

l’espace qu’il occupe, de ses qualités, de son ambiance, de<br />

son charme, de son usage. Cela fait partie de notre perception<br />

sensible et culturelle de l’espace public. Nos concepts<br />

doivent s’inspirer ou du moins tenir compte de tous ces éléments.<br />

On parle de sobriété. Ce qui souvent laisse croire<br />

que c’est moins cher, mais on oublie que sobriété veut dire<br />

qualité ; or, chacun sait que la qualité coûte cher !<br />

Quels sont les enjeux de l’éclairage urbain de demain, selon vous ?<br />

Agnès Jullian – Il est urgent de penser réparabilité et maintenabilité<br />

si l’on veut rendre pérennes les mobiliers que l’on<br />

fabrique et que l’on installe aujourd’hui, qu’il s’agisse de<br />

lampadaires, de luminaires, ou seulement de mâts. Nos<br />

solutions ne se limitent plus aux seuls éclairages, elles admettent<br />

désormais des systèmes de gestion de l’éclairage,<br />

des caméras de surveillance, des dispositifs de recharge de<br />

véhicules, de bornes Wi-Fi, etc. Les fabricants de matériel<br />

d’éclairage savent produire des luminaires efficaces, pilotables,<br />

gradables, peu énergivores. L’éclairage représente<br />

certainement un des secteurs industriels, et là, je parle au<br />

nom du Syndicat de l’éclairage, qui a le plus évolué en<br />

termes de performance énergétique ! Rappelons que la rénovation<br />

de l’éclairage public peut générer jusqu’à 80 %<br />

d’économies et surtout offrir plus d’attractivité.<br />

Jacqueline Osty – Il nous incombe, à nous, concepteurs, d’être<br />

vigilants dans nos choix, autant en ce qui concerne les aménagements<br />

diurnes que nocturnes. C’est presque un devoir<br />

et cela nous permettra d’évoluer dans notre manière de<br />

concevoir. Le paysage constitue une sorte d’alchimie entre<br />

différents éléments qui va procurer un certain bien-être<br />

dans un espace public, un confort, une belle ambiance, un<br />

sentiment de sécurité, et qualifier un lieu et ses usages.<br />

Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />

LUMIÈRES N° 42 - <strong>MARS</strong> <strong>2023</strong> - 9

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