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L'Essentiel Prépas_n°75_octobre2023

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE 2023 N° 75<br />

faire ce choix de spécialités en fin de seconde,<br />

avec parfois des enseignants qui<br />

« mettent un peu la pression » (on revient<br />

à la notion de concurrence entre les spécialités).<br />

L’abandon nécessaire d’une spécialité<br />

en fin de première de la voie générale<br />

fait l’objet d’un avis plus mitigé.<br />

Concernant la disparition du groupe<br />

classe, les avis des élèves sont partagés :<br />

« on met plus de temps à connaitre les<br />

gens de notre classe, on n’ose pas demander<br />

de l’aide » ou « on rencontre plus de<br />

personnes ». Toutefois, d’autres apprécient<br />

les regroupements par affinités que<br />

constituent les spécialités, en particulier<br />

en terminale.<br />

Comment évaluer ?<br />

La montée en puissance du contrôle continu<br />

pose de larges questions d’équité entre<br />

les lycées comme entre les disciplines.<br />

La mission de l’Igésr a identifié combien<br />

les chefs d’établissement étaient réticents<br />

à s’engager dans cette voie d’une<br />

régulation des pratiques individuelles, à<br />

la fois parce que les enseignants peuvent<br />

y voir une atteinte à leur liberté pédagogique<br />

mais aussi parce qu’ils manquent<br />

d’éléments objectifs pour indiquer qu’un<br />

enseignant note trop généreusement ou<br />

trop sévèrement.<br />

Comme le souligne l’Igésr, les épreuves<br />

de spécialité (EDS) peuvent « constituer<br />

une base de discussion solide qui<br />

peut amener les enseignants à s’interroger<br />

sur le risque d’une notation trop discordante<br />

avec celle des EDS ». Au niveau<br />

des moyennes dans chaque spécialité<br />

l’inspection a ainsi pu constater qu’il n’y<br />

a pas eu de différence significative grâce<br />

au travail d’harmonisation des commissions<br />

d’ententes.<br />

En revanche il existe des écarts de<br />

moyenne entre les EDS des différentes<br />

disciplines appartenant au même champ,<br />

qui peuvent « entrainer des phénomènes<br />

de choix stratégiques d’élèves abandonnant<br />

ou poursuivant une discipline en<br />

fonction du bénéfice escompté ». On retrouve<br />

là encore cette compétition entre<br />

les spécialités tant stigmatisée par les<br />

enseignants.<br />

Comment orienter dans l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

Depuis 2018 le conseil de classe de terminale<br />

est appelé à se prononcer sur les<br />

vœux de poursuite d’études de l’élève<br />

dans l’enseignement supérieur. Ce qui<br />

plonge bin souvent encore les enseignants<br />

dans des abimes de perplexité. Les entretiens<br />

menés par l’Igésr montrent en effet<br />

500 000 élèves en moins…<br />

Le système scolaire devrait perdre environ<br />

500 000 élèves entre 2022 et 2027.<br />

Après une baisse de 58 000 élèves<br />

entre 2021 et 2022, le premier degré s’attend<br />

à perdre 73 000 élèves à la rentrée<br />

2023, puis 224 000 entre 2024 et 2027.<br />

Des trajectoires se profilent pour le second<br />

degré à partir de 2024, en particulier<br />

au collège. La situation, contrastée selon<br />

les territoires, doit amener le gouvernement<br />

à se positionner, entre suppressions<br />

de postes d’enseignant et diminution du<br />

nombre d’élèves par classe.<br />

que le rôle de chacun et les limites de ce<br />

rôle peinent encore à être bien définis. Si<br />

l’information technique sur l’orientation<br />

(calendrier, modalités, spécialités proposées<br />

par l’établissement) est organisée de<br />

manière efficace par la direction et la vie<br />

scolaire, la charge du conseil et de l’accompagnement<br />

est moins bien clairement<br />

attribuée et repose de fait de manière forte<br />

sur les enseignants, qu’ils soient ou non<br />

professeurs principaux, ce qui leur pose<br />

ces questions :<br />

– ils peuvent être « confrontés à un conflit<br />

d’intérêt en classe de seconde entre l’accompagnement<br />

des élèves dans leurs<br />

choix et le souci de préservation des<br />

postes de leur discipline », ou plus largement<br />

l’intérêt profond, voire la passion,<br />

qu’ils ont pour leur discipline ;<br />

– ils n’ont pas de connaissance exhaustive<br />

du champ des possibles, ni surtout<br />

de tous les prérequis réels des formations<br />

du supérieur, et « surestiment<br />

souvent la précision des attentes de<br />

ces formations en termes de choix de<br />

spécialités » ;<br />

– ils n’ont pas non plus une formation<br />

suffisante à l’accompagnement à<br />

l’orientation ;<br />

– la disparition du groupe classe en première<br />

et terminale générales rend plus<br />

difficile pour le professeur principal le<br />

fait de s’adresser à un groupe constitué<br />

pour faire passer des messages ;<br />

– la place des PsyEN est souvent peu<br />

identifiée, dépendant en fait directement<br />

de la réalité de leur présence dans<br />

l’établissement.<br />

Dans un rapport publié en juillet 2023 la<br />

Cour des comptes estime que cette diminution<br />

« devrait en principe conduire à<br />

une baisse corrélative des effectifs d’enseignants,<br />

de l’ordre de 15 000 emplois<br />

entre 2022 et 2027. En réalité 9 000 emplois<br />

environ pour laisser au ministère<br />

une marge de manœuvre dans sa gestion<br />

des effectifs ».<br />

Beaucoup de questions restent encore<br />

en suspens quant au processus d’évaluation<br />

comme d’orientation. Alors que<br />

les établissements d’enseignement supérieur<br />

ne demandent qu’à s’appuyer sur<br />

les lycées pour leur sélection, le manque<br />

d’expertise des enseignants du secondaire<br />

rend cet objectif difficile à atteindre.<br />

Le report des dates des évaluations<br />

des épreuves de spécialités implique<br />

plus que jamais d’organiser des épreuves<br />

écrites pour les formations sélectives<br />

tant le contrôle continu apparait encore<br />

aléatoire. De ce point vue la réforme du<br />

bac n’a pas du tout rempli ses objectifs.<br />

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