Art et Cognition - Dana Foundation

efficace, le traitement doit donc annuler les effets de cette cicatrice et
neutraliser les autres molécules inhibitrices, de manière à permettre la
repousse des axones, à sustenter les cellules encore en vie mais endommagées,
à jeter par-dessus le site lésionnel une sorte de passerelle que
puissent emprunter les axones et fournir à ces derniers les signaux et
les repères chimiques dont ils ont besoin pour rétablir les connexions
nerveuses permettant de récupérer le contrôle de la motricité ou les perceptions
sensorielles.
Des combinaisons ingénieuses pour démultiplier l’impact
Etant donné la nature des obstacles, les progrès ont été lents. L’une des
avancées les plus remarquées aura été celle des chercheurs du Miami
Project to Cure Paralysis. Dans un rapport paru dans Nature Medicine de
juin 26 , Mary Bartlett Bunge et ses collègues ont montré qu’une greffe de
cellules associée à deux médicaments expérimentaux avait procuré une
récupération fonctionnelle significative chez des rats paralysés à la suite
d’une lésion médullaire. C’était la première fois qu’une équipe combinait
trois stratégies ayant chacune fait ses preuves lors d’essais précédents.
Les chercheurs ont commencé par jeter une passerelle par-dessus le site
lésionnel, utilisant à cette fin une technique développée par eux plusieurs
années auparavant, consistant à greffer des cellules de soutien du système
nerveux périphérique appelées cellules de Schwann. Ils ont dopé ensuite
les taux d’AMP cyclique (AMPc), messager moléculaire très important, en
injectant aux rats une forme de cette substance ainsi qu’un médicament
qui en empêche la dégradation, le rolipram.
Cette triple thérapie a eu pour effet une amélioration spectaculaire de la
marche et de la coordination motrice. Les spécialistes pensent que cette
approche pourrait être utilisée chez l’homme et espèrent que les premiers
essais cliniques sont pour bientôt.
L’intérêt suscité par l’article de Mary Bartlett Bunge a encore été renforcé
par une étude dont les résultats ont été publiés en juin par Marie Filbin et
ses collègues du Hunter College de New York et du Georgetown University
Medical Center de Washington, D. C. 27 . Travaillant sur des rongeurs, ces
auteurs ont utilisé, pour promouvoir la repousse des axones, du rolipram
associé à des greffes de tissu médullaire embryonnaire. Ce traitement a
interrompu la formation de la cicatrice gliale et significativement amélioré
la récupération fonctionnelle chez ces animaux ayant subi une lésion expérimentale
de la moelle épinière. 33
Les atteintes du système nerveux