Art et Cognition - Dana Foundation

cellules souches ou «précurseurs» dans l’hypothalamus, région du cerveau
ne montrant aucun signe de neurogenèse une fois le développement
achevé. Quand ces cellules furent cultivées au contact d’une population
de neurones de l’hippocampe, les deux types de cellules immatures firent
preuve d’une capacité égale à se différencier en neurones qui se mirent à
produire les messagers chimiques les plus divers. Cette découverte atteste
pour les deux types de cellules, pourtant très différents l’un de l’autre, un
potentiel d’adaptation impressionnant. Les neurones de l’hippocampe
produisent uniquement des neurotransmetteurs et ceux-ci agissent directement
sur les neurones adjacents. Les messagers chimiques produits
dans l’hypothalamus, en revanche, sont soit des neurotransmetteurs soit
des facteurs endocriniens, qui, déversés dans le sang circulant, parviennent
à l’hypophyse, où ils peuvent déclencher des réactions mettant en jeu
un grand nombre de glandes. Les auteurs pensent que les signaux qui
orientent le développement de ces cellules ne sont pas inhérents à celleslà
mais qu’ils existent dans le milieu. Leur étude donne de sérieuses raisons
de penser qu’il est possible de cultiver et de reproduire des populations de
cellules souches dans le cerveau adulte et de les faire se différencier en
neurones engendrant une multitude de messagers chimiques. Ces neurones
étant souvent du type de ceux que détruisent des pathologies
comme la maladie d’Alzheimer ou celle de Parkinson, il est également permis
de penser que l’on parviendra un jour à cultiver des cellules souches
pour en faire un usage thérapeutique 94 .
Des cellules souches neuronales qui changent
de destination
Les cellules souches neuronales peuvent se différencier en neurones de
divers types, mais elles peuvent aussi donner des cellules appartenant à
des lignages totalement différents. C’est ce qu’ont démontré dans le
numéro de Nature du 15 juillet Fred Gage et ses collègues du Salk Institute
et de la Kumamoto University au Japon. Ayant élevé des cellules souches
neuronales en présence de cellules endothéliales, c’est-à-dire de cellules
constitutives des vaisseaux sanguins, ces chercheurs ont retrouvé dans 6%
environ de ces cellules souches des «marqueurs» protéiniques caractéristiques
des cellules endothéliales. Et, poussant plus loin leurs investigations,
ils ont constaté qu’elles donnaient effectivement des vaisseaux sanguins.
Ils ont encore retrouvé trace de ces caractéristiques endothéliales
après avoir greffé les cellules dans le cerveau de souris embryonnaires,
mais dans des proportions moindres, il est vrai, que in vitro (environ 1%).
N’oubliant pas la controverse entre la thèse de la pluripotence et celle de la 81
Cellules souches et neurogenèse