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Spectrum_2_2020

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DOSSIER

Texte Michèle Dussex

Illustration Antoine Bouraly

72h sans aucune connexion

72h hors connexion ? Facile ! Pas si sûr...

Une chroniqueuse tente l’expérience de la déconnexion totale.

L

’hyperconnectivité, nous en avons

tou·te·s entendu parler et pensons bien

souvent que l’importance de ce phénomène,

souvent classifié comme addiction,

est exagérée. Ou, du moins, qu’il ne nous

concerne pas personnellement.

La consigne est claire : 72h sans mobile,

sans ordinateur, sans télé et sans radio.

Je me dis que ça ne peut pas être si dur.

En cours, je prends mes notes à la main.

Certain·e·s de mes ami·e·s m’ont déjà crue

morte faute de parvenir à me joindre. La

télévision, cela fait longtemps qu’on ne l’a

plus à la maison…et surtout, qui écoute

encore la radio ? Donc, a priori, aucune

addiction en vue. Oui, mais…

Une planification pas si aisée

Avez-vous déjà essayé de trouver une plage

de trois jours durant laquelle vous êtes sûr ·e·s

de ne pas nécessiter l’usage de votre smartphone

? Pouvez-vous garantir, par exemple,

que personne ne cherchera subitement à

vous joindre à tout prix ? Mais bon, admettons

que toutes vos connaissances soient

au courant et approuvent votre démarche,

pouvez-vous aussi vous passer de votre

ordinateur, notamment dans le cadre des

cours ? Je l’ai déjà mentionné, je prends

mes notes à la main et trouve donc tout à

fait envisageable pour n’importe quel·le étudiant·e

de faire de même le temps de cette

expérience.

Ceci dit, je découvre par le biais de cette dernière

que penser cela s’avère quelque peu réducteur.

Tout d’abord, cela revient à négliger

un élément central de notre vie d’étudiant·e :

la plateforme en ligne Moodle. En effet, moi

qui pensais commencer mon expérience le

vendredi soir, je déchante rapidement. Impossible

de déposer tous mes devoirs sur

Moodle avant ce délai et 72h après, mes

travaux seront taxés d’un retard. Et voilà, je

me retrouve à commencer ma période de déconnexion

seulement le samedi soir. Au fait,

et c’est mon deuxième point, si je pensais débuter

le vendredi soir, ce n’est pas par hasard :

ce ne semble pas être le cas pour tou·te·s les

étudiant·e·s mais, dans ma branche, certains

de nos cours sont donnés en salle d’informatique.

Inutile de préciser que cela ne rentre

pas vraiment dans le cadre de l’expérience.

Entre stress et liberté

Une fois les dates fixées et tous mes rendez-vous,

horaires et lieux, notés soigneusement

sur un papier, je laisse enfin tomber

mon ordinateur et mon smartphone. Rapidement,

le premier moment de stress se

présente : j’ai oublié d’avertir mes parents. Ne

les voyant pas rentrer, je commence à m’inquiéter,

alors que cette situation reste assez

courante et que mon absence de joignabilité

n’y change rien. Et moi de poser un premier

bilan : nous sommes habitués à pouvoir

échanger des nouvelles rapidement. Ce

qui attise mon inquiétude, ce n’est pas tant

de ne pas connaître leur programme que de

ne pas avoir de moyen de les joindre. Impuissance

ressentie comme une forme de

vulnérabilité.

De même, l’horaire d’un cours bloc commence

par me causer du souci, je crains

qu’il ne soit modifié. Puis, décidant de faire

contre mauvaise fortune bon cœur, je décide

que nos enseignant·e·s ne peuvent en

aucun cas exiger de nous que nous soyons

joignables en tout temps. Ainsi, si l’horaire

devait être modifié, eh bien soit, je ne me

présenterais tout simplement pas. Liberté.

Quelques échecs mais

pas seulement

Cette décision finit tout de même par

me causer quelques surprises lors

de mon retour à la connectivité. La

moindre n’est pas de découvrir qu’un

travail supplémentaire m’a été assigné

pour des corrections que je n’ai

pas apportées au devoir original, corrections

dont je découvre tout juste

l’existence, cela va sans dire. Mais

cela ne constitue que le contenu

d’un des quelques 8 mails et 165

messages qui m’attendent.

Finalement, je tiens à avouer mes

deux échecs. Le premier, quand

une amie me tend tout naturellement

son téléphone pour me montrer

quelques images. Le second, en

entrant dans un bus où la radio est

allumée. Ainsi, on ne peut se couper

complètement du monde connecté,

il vient à nous si nous le rejetons.

Cependant, il est possible d’essayer et

personne n’est en droit d’exiger notre

joignabilité. ■

12 spectrum 03.2020

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