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CULTURE
Texte et images Léa Crevoisier et Stéphane Huber
Source image Imgflip.com
Une nouvelle plateforme plurilinguistique suisse
Envie de mater la télé ? Une nouvelle plateforme de streaming SSR verra le jour à l'automne 2020.
Entrevue du projet avec Lauranne Peman, porte-parole du service public médiatique.
Les innovations suisses face aux géants du streaming.
Le projet en deux mots
La SSR assure que le but n’est pas
de créer un nouveau produit et de
le monétiser, mais bien d’élargir
l’offre existante pour s’adapter à la
demande d’aujourd’hui. « La plateforme
que nous nous apprêtons à
lancer répond à une demande forte
du public qui consomme les médias
à la carte et en déplacement »,
explique Lauranne Peman. Il faut
imaginer un Netflix Suisse, plurilingue,
où des algorithmes proposent
des contenus personnalisés
en fonction des sensibilités : « Cela
permettra au public de consommer
les productions de la SSR en fonction
de thématiques, et non plus en
fonction de critères de langue. Le
contenu sera sous-titré ou doublé,
ce qui a pour objectif de faire circuler
les contenus en Suisse plus
facilement », poursuit la représentante
SSR.
Faudra-t-il souscrire à un abonnement
supplémentaire ? Ce ne sera
pas nécessaire, rassure la porte-parole
: « Le projet vise à fournir une
valeur ajoutée à la population
suisse qui paie la redevance en lui
proposant toute la palette de contenus
créés par les différentes unités
d'entreprise, au-delà des frontières
linguistiques. » Pour une question
de droit de diffusion et de mandat
de service public, le tout serait alors
accessible uniquement à l’intérieur
de nos frontières.
Dépasser le centrisme linguistique
Au-lieu d’être cloisonné dans un centrisme
linguistique, le public aurait
alors accès à une vue d’ensemble sur
les enjeux nationaux dépassant ainsi
le Röstigraben. Voilà une démocratisation
de l’accessibilité aux contenus
médiatiques, qui auparavant était
parcellarisée linguistiquement. Mais
à quoi bon ?
Pensez à une thématique qui vous
tient particulièrement à cœur. Ne serait-il
pas enrichissant de pouvoir
l’explorer sous divers formats et divers
points de vue régionaux en cherchant le
mot-clé correspondant ? En effet, Lauranne
Peman nous explique : « Le focus
se fera sur le programme de fiction,
c'est-à-dire sur notre offre de films
ainsi que sur les séries et documentaires
produits ou co-produits par la
SSR dont nous détenons les droits. Des
contenus d'information sur des sujets
suprarégionaux sont également envisageables,
de même qu'une conservation
spéciale de contenus d'archives. »
Produire des contenus originaux,
le Pacte de l’audiovisuel
Le Pacte de l’audiovisuel, c’est 400
millions investis dans la création cinématographique
suisse depuis 1996,
soit plus de 2800 films, 20 séries et 140
co-productions pour une enveloppe
annuelle de 32,5 millions de francs. À
un tel taux de production, le projet de
plateforme numérique SSR prend tout
son sens. Une bonne façon de contrebalancer
ou de complémenter l’offre
des GAFAM, dont le contenu semble
de plus en plus uniformisé et américanisé.
Qu’en est-il de la concurrence que
peuvent représenter les géants de l’audiovisuel
dans le paysage médiatique
helvétique ? « La bataille sur ce terrain
se joue surtout autour des questions
de recettes publicitaires. C'est précisément
ce point qui est douloureux pour
les médias suisses dans leur ensemble,
qui voient une grande partie de leurs
recettes partir vers les GAFAM. »
conclut Lauranne Peman. ■
Si vous souhaitez poursuivre la réflexion
autour des enjeux liés aux
recettes publicitaires et au service
public SSR SRG, le blog de Gille
Marchand pourrait vous intéresser :
www.gillesmarchand.ch
16 03.2020