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Les élèves en grande difficulté au collège : Les conditions ... - Formiris

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3. Le point de vue du sociologue.Que peut apporter le regard du sociologue de l’éducation à une réflexion concernantl’élève <strong>en</strong> <strong>grande</strong> difficulté à l’<strong>en</strong>trée <strong>au</strong> collège ? Que peut-il apporter qui soit dans la continuitéavec les préoccupations d’<strong>en</strong>seignants réunis pour <strong>en</strong>visager les procédures les plus adéquates,du point de vue pédagogique, pour faire face <strong>au</strong>x difficultés de certains élèves ?Notre réflexion s’organisera <strong>au</strong>tour de quatre axes s’articulant sur le cont<strong>en</strong>u deséchanges observés lors de la session :- place de l’<strong>en</strong>seignant et modalités de l’action pédagogique- place du collège dans le système scolaire- le souhaitable et le possible : la question du « socle commun »- l’expéri<strong>en</strong>ce scolaire des élèvesPlace de l’<strong>en</strong>seignant et modalités de l’action pédagogiqueSelon une formule lég<strong>en</strong>daire, « le maître serait seul maître après Dieu dans sa classe ».Ce bon mot exprimerait, s’il était conforme à la réalité, à la fois la solitude et l’aspiration à latoute puissance que confère le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de n’avoir pas de compte à r<strong>en</strong>dre (s<strong>au</strong>f à l’<strong>au</strong>toritésupérieure) et surtout de n’avoir pas à se montrer <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres <strong>en</strong> s’<strong>en</strong>gageant dans un difficileprocessus d’échange des points de vue. L’isolem<strong>en</strong>t du maître, tel qu’évoqué, serait par là unesolution de facilité dans la mesure où il permettrait d’échapper <strong>au</strong> regard de l’<strong>au</strong>tre.Ri<strong>en</strong> de cela ne s’exprime ici. Bi<strong>en</strong> <strong>au</strong> contraire, toutes les demandes converg<strong>en</strong>t poursouligner la nécessité du « travail d’équipe » et le développem<strong>en</strong>t de la coopération afin de faireface. A supposer qu’elle ait marqué une époque, la formule de lég<strong>en</strong>de n’est donc plus de mise.Cette représ<strong>en</strong>tation appelle une réflexion qui permet de suivre l’analyse de F. Dubetqui, à l’écoute des <strong>en</strong>seignants, relève que ces derniers « décriv<strong>en</strong>t leurs pratiques non <strong>en</strong> termesde rôles mais <strong>en</strong> termes d’expéri<strong>en</strong>ce. D’un côté, ils sont pris dans un statut imposant desrègles… D’un <strong>au</strong>tre côté, les <strong>en</strong>seignants se réfèr<strong>en</strong>t sans cesse à une interprétation personnellede leur fonction à travers la construction d’un métier... » (Sociologie de l’expéri<strong>en</strong>ce p.16)Place du collège dans le système scolaire<strong>Les</strong> investigations m<strong>en</strong>ées sur les collèges par F. Dubet et M. Duru à la demande duministère aboutiss<strong>en</strong>t à un rapport <strong>en</strong> 1999. Ce qui a permis de poser, sinon de résoudre, ladélicate question de savoir si le collège constitue la dernière phase de la scolarisationobligatoire ou si, <strong>au</strong> contraire, il représ<strong>en</strong>te une propédeutique à la poursuite év<strong>en</strong>tuelled’études. Cette interrogation plonge ses racines dans l’histoire de l’institution scolaire <strong>en</strong>France. Sous la Troisième république, deux rése<strong>au</strong>x de scolarisation différ<strong>en</strong>ciés par l’originesociale de leurs publics reçoiv<strong>en</strong>t la population scolaire. Pour les <strong>en</strong>fants du « peuple », lascolarité obligatoire primaire élém<strong>en</strong>taire, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t prolongée pour l’élite par un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t primaire supérieur ; pour les <strong>en</strong>fants des milieux favorisés, le lycée dans sacontinuité depuis le « petit lycée ». Dans le premier cas, l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t post-élém<strong>en</strong>taire est unaboutissem<strong>en</strong>t pour quelques-uns, dans le second, ce que certains appell<strong>en</strong>t <strong>au</strong>jourd’hui« <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> » ne constitue qu’un passage vers le baccal<strong>au</strong>réat. <strong>Les</strong> racines duproblème sont à chercher à ce nive<strong>au</strong>. Avec la réalisation de l’école unique, tout se brouille etl’ambival<strong>en</strong>ce éclate <strong>au</strong> grand jour. <strong>Les</strong> sociologues de l’éducation mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lumière cetteambival<strong>en</strong>ce qui n’est pas sans conséqu<strong>en</strong>ce sur les pratiques des <strong>en</strong>seignants, tiraillés <strong>en</strong>tre9/53

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