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gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...

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Introduction<br />

les chefs traditionnels. Ni pour Gallieni, ni pour Ly<strong>au</strong>tey, il ne peut être question d’assimilation 5 <strong>de</strong>s<br />

populations locales, encore moins <strong>de</strong> transposition sur le territoire <strong>de</strong>s structures politiques nationales.<br />

S’ils sont en parfaite symbiose <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s principes, les modalités d’application seront toutefois<br />

différentes à Madagascar <strong>et</strong> <strong>au</strong> Maroc du fait <strong>de</strong>s circonstances. Comme Gallieni n’a que méfiance pour<br />

les fonctionnaires du ministère <strong>de</strong>s Colonies que les bure<strong>au</strong>x parisiens lui détachent sur place, les estimant<br />

trop portés à chercher à assimiler les populations, il les subordonne localement <strong>au</strong> comman<strong>de</strong>ment<br />

militaire. Fort <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expérience, dès sa prise <strong>de</strong> fonctions <strong>au</strong> Maroc, Ly<strong>au</strong>tey crée un corps <strong>de</strong> fonctionnaires<br />

chargé d’appliquer ses principes, le corps <strong>de</strong>s Contrôleurs civils, ce qui lui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer<br />

fidèle <strong>au</strong> principe « cedant arma togae » (« les armes cè<strong>de</strong>nt le pas à la toge »). D’emblée, les génér<strong>au</strong>x<br />

commandants <strong>de</strong> région sont, en ce qui concerne l’administration, subordonnés <strong>au</strong>x Contrôleurs civils,<br />

lesquels dépen<strong>de</strong>nt directement <strong>de</strong> Ly<strong>au</strong>tey à travers les services centr<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la Rési<strong>de</strong>nce.<br />

Ly<strong>au</strong>tey comme Gallieni, sont convaincus <strong>de</strong> l’inanité <strong>de</strong> la seule action militaire. Indissociable <strong>de</strong><br />

l’action politique sur les populations, l’action militaire n’a pas <strong>de</strong> signification par elle-même. Ce sera<br />

ultérieurement le grand suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> discor<strong>de</strong> entre Ly<strong>au</strong>tey <strong>et</strong> Pétain, lors <strong>de</strong> la guerre du Rif : envoyé <strong>au</strong><br />

Maroc avec d’importants renforts, en vue <strong>de</strong> réduire l’insurrection rifaine, Pétain envisage <strong>de</strong> vastes<br />

opérations <strong>de</strong> guerre classique visant à la réduction pure <strong>et</strong> simple <strong>de</strong> l’ennemi, quelles que puissent être<br />

le nombre <strong>et</strong> la nature <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pertes engendrées par ces opérations. Ly<strong>au</strong>tey quant à lui,<br />

gardé sur le « front Nord », verrouillant la région <strong>de</strong> Taza, n’envisage une action militaire en force que<br />

si le Rogui 6 parvient à déboucher <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région <strong>et</strong> s’il menace ainsi directement Fès. En tout état <strong>de</strong><br />

c<strong>au</strong>se, c<strong>et</strong>te action militaire n’est pour lui que secon<strong>de</strong>, ou complémentaire, par rapport à un important<br />

effort politique sur les tribus <strong>de</strong> la région, notamment les Zaïans. Il en résulte une incompréhension<br />

totale entre les <strong><strong>de</strong>ux</strong> maréch<strong>au</strong>x, due à la profon<strong>de</strong> incompatibilité <strong>de</strong> leurs conceptions. Pétain reproche<br />

à Ly<strong>au</strong>tey <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> politique, tandis que lui-même n’<strong>au</strong>rait été envoyé <strong>au</strong> Maroc que pour y « faire<br />

<strong>de</strong> la stratégie ». Finalement, Ly<strong>au</strong>tey démissionne <strong>et</strong> Abd el Krim est militairement vaincu, mais ne se<br />

soum<strong>et</strong>tra jamais à l’<strong>au</strong>torité du Sultan.<br />

Enfin, c’est Gallieni qui a repris l’idée <strong>de</strong> progression sous la forme <strong>de</strong> la « tache d’huile », née avec ses<br />

prédécesseurs <strong>au</strong> Tonkin <strong>et</strong> intégralement formalisée par Ly<strong>au</strong>tey : partant <strong>de</strong>s zones soumises, organisées<br />

en cercles <strong>et</strong> protégées <strong>de</strong>s rezzous <strong>de</strong>s insoumis par une ligne <strong>de</strong> postes, la pacification doit s’étendre<br />

progressivement, par « contagion », par capillarité avec celles qui <strong>de</strong>meurent encore insoumises, quitte<br />

à ce que le ralliement définitif donne lieu à un « baroud d’honneur » <strong>de</strong>s insoumis, futurs ralliés. C<strong>et</strong>te<br />

action s’inscrit dans la conception du temps long <strong>de</strong> Gallieni comme <strong>de</strong> Ly<strong>au</strong>tey, ce qui suppose le maintien<br />

en poste <strong>de</strong>s titulaires <strong>de</strong>s postes les plus importants : Gallieni <strong>de</strong>meure gouverneur <strong>de</strong> Madagascar<br />

<strong>de</strong> 1896 à 1905, tandis que Ly<strong>au</strong>tey exerce les fonctions <strong>de</strong> Rési<strong>de</strong>nt général <strong>au</strong> Maroc <strong>de</strong> 1912 à 1925.<br />

5 L’assimilation consiste, pour une métropole coloniale, à octroyer à ses « suj<strong>et</strong>s » coloni<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s droits civiques i<strong>de</strong>ntiques à<br />

ceux <strong>de</strong>s métropolitains. Dans le même esprit, toute l’armature administrative <strong>et</strong> judiciaire locale est calquée sur le système<br />

<strong>de</strong> la métropole <strong>et</strong> dépend <strong>de</strong>s mêmes échelons centr<strong>au</strong>x. Dans ce système, les habitants élisent <strong>de</strong>s représentants qui siègent<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s assemblées métropolitaines. S’agissant <strong>de</strong>s anciennes possessions françaises, seules les « Quatre vieilles »<br />

(Gua<strong>de</strong>loupe, Martinique, Guyane <strong>et</strong> Réunion) parviennent à ce sta<strong>de</strong> d’assimilation par la départementalisation <strong>de</strong> 1947.<br />

A c<strong>et</strong>te notion d’assimilation, s’oppose celle d’association, dont le protectorat constitue un exemple. <strong>Le</strong>s structures administratives<br />

<strong>et</strong> judiciaires locales subsistent, la puissance colonisatrice en assurant le contrôle, tout en conservant, en règle générale,<br />

la h<strong>au</strong>te main sur les ministères régaliens (diplomatie, armée, <strong>et</strong>c.). Ce système d’association évolue souvent vers l’<strong>au</strong>tonomie<br />

interne, par transfert progressif <strong>de</strong> souverain<strong>et</strong>é, comme dans l’exemple <strong>de</strong>s Dominions britanniques ou <strong>de</strong>s possessions<br />

administrées selon le principe <strong>de</strong> l’Indirect Rule. C<strong>et</strong>te dénomination d’association est officiellement reprise par la France à<br />

partir <strong>de</strong> 1947 lorsque la Fédération indochinoise cè<strong>de</strong> la place <strong>au</strong>x « États associés » dont l’indépendance a été formellement<br />

actée par les accords <strong>de</strong> la baie d’Along, signés avec S.M. Bao Daï <strong>et</strong> confirmés par les accords <strong>de</strong> P<strong>au</strong> entre ce <strong>de</strong>rnier <strong>et</strong> le<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, M. Vincent Auriol.<br />

6 Littéralement « prétendant », chef dissi<strong>de</strong>nt qui vise par le soulèvement armé <strong>de</strong>s tribus à s’emparer du pouvoir en renversant<br />

le Sultan <strong>et</strong> en prenant sa place.<br />

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