gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...

CHAPITRE II
LA PACIFICATION
Chapitre II – La pacification
Pour Gallieni, la seule pacification ne constitue pas un but par elle-même : interprétant dans le sens le
plus large les instructions gouvernementales reçues, il se donne pour mission une véritable tâche civilisatrice.
Il s’agit d’une part de participer à l’amélioration des conditions de vie de la population et d’autre
part de contribuer à favoriser l’évolution économique et sociale du pays par la mise en valeur des terres
et l’ouverture de nouvelles voies de communication. C’est ce à quoi il va s’employer, expliquant ses
projets aussi bien à la population qu’aux exécutants français sur le terrain 35 .
2.1 – L’achèvement de la pacification : l’extension du quadrillage par
tache d’huile
L’importance des résultats rapidement obtenus dans le domaine de la pacification à travers toute l’île
conduit Gallieni à faire évoluer l’organisation administrative initiale et à adopter une double décentralisation.
D’une part, les cercles, devenus trop étendus, sont subdivisés en secteurs qui conservent vis-àvis
des cercles le même degré d’autonomie dont ceux-ci disposent par rapport à l’autorité centrale.
D’autre part, il apparaît très vite que certaines tâches débordent du cadre somme toute étroit des cercles
et demandent la coopération de plusieurs d’entre eux : la poursuite des rebelles qui, utilisant les caractéristiques
du terrain et connaissant les limites des cercles 36 , se dérobent en passant de l’un à l’autre ;
l’ouverture de nouveaux itinéraires routiers et la construction de voies ferrées impliquent une nécessaire
coordination entre plusieurs cercles, etc. Gallieni reconstitue alors les territoires militaires, qui englobent
plusieurs cercles et dont les commandants sont directement responsables devant lui. Cette organisation
correspond à une nouvelle impulsion en matière de pacification. Des régions entières échappent encore
à la domination française, notamment à l’ouest où même les Hovas n’avaient jamais pu étendre leur
autorité sur une population (pays sakhalave) irrédentiste. A partir de ce sanctuaire, des tribus pillardes
effectuent des raids dans les zones pacifiées, brûlant des villages, razziant les troupeaux, terrorisant la
population, enlevant et séquestrant femmes et enfants.
En mai 1897, Gallieni arrête son idée de manœuvre : procéder à un double enveloppement, en progressant
depuis la région centrale vers les côtes tandis que des détachements plus réduits s’avanceront depuis le
littoral à la rencontre des troupes venant du centre. Mais, une nouvelle fois, Gallieni n’envisage pas
seulement une action de force de la part de ses colonnes : il entend agir par tache d’huile. Dans une de
ses Lettres de Madagascar au Gouverneur général en date du 18 février 1898, alors qu’il était chargé de
rallier la population de l’Ouest, Lyautey explique très bien cette idée de progressivité par tache d’huile :
35 Toutes les fois que Gallieni en a l’occasion, il réunit les chefs locaux, militaires et civils, européens et indigènes, pour commenter
devant eux la situation et les missions à remplir. Dans les villages, son passage est presque systématiquement marqué
d’un kabary, réunion de notables et de la population sur la place publique, au cours duquel il s’adresse aux habitants par le
truchement d’un interprète. Cité par Lyet, art. cit., p. 98.
36 Les limites des cercles suivent initialement celles qui avaient été reconnues par la tradition locale et n’étaient pas déterminées
par des éléments objectifs (lignes de crêtes, lignes de partage des eaux entre deux bassins fluviaux, etc.). Ce principe sera
repris en son temps en Algérie pour la délimitation des secteurs.
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