gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...

Chapitre II – La pacification
et agglomérations importantes, à fournir tous renseignements utiles dont les immigrants pourraient avoir
besoin pour s’installer dans la colonie. Dans le même esprit, une revue périodique, Notes, reconnaissances
et explorations dont tous les rédacteurs sont des officiers, fonctionnaires et explorateurs, fait
connaître à tous les ressources de l’île et ses possibilités de développement 53 .
Après l’abolition effective de la féodalité, les mesures d’ordre social que prend Gallieni sont empreintes
de prudence et leur application est très progressive : il estime en effet nécessaire de les étudier au cas
par cas, car il est conscient qu’il lui est impossible d’importer telles quelles, « en bloc », des institutions
européennes dans un pays dont la population est soumise par atavisme à un pouvoir absolu et que son
niveau d’éducation rend peu en mesure de comprendre les ressorts d’un régime libéral occidental.
Gallieni complète cette assiette de l’amélioration de l’état social par la suppression de l’arbitraire
administratif. Pour atteindre cet objectif, les chefs et gouverneurs indigènes sont placés sous le contrôle
complet des autorités françaises, sans pour autant remettre en cause l’individualité de la population
malgache.
S’agissant de l’administration de la colonie, Gallieni a toujours pensé que, dans le principe, le passage au
régime administratif civil doit logiquement suivre la pacification militaire. Mais, sans que cela ne soit
paradoxal dans son esprit, il estime également que des militaires peuvent administrer aussi bien que des
fonctionnaires civils les cercles pacifiés. Après avoir été soumise à de nombreux aménagements, l’administration
de la Grande Île atteint un point d’équilibre en 1904 : huit cercles et vingt provinces relèvent
désormais du Gouverneur général à Tananarive. Trois formes de divisions territoriales – totalement
militaires, totalement civiles ou mixtes – subsistent cependant, tandis que le régime municipal, jusque-là
réservé à Diégo Suarez, Nossi Bé et Sainte-Marie est étendu à Tamatave, Majunga, Tananarive et
Fianarantsoa 54 . Gallieni semble avoir un temps envisagé un découpage administratif fondé sur des critères
ethniques, soit trois grandes régions correspondant aux principales « races », subdivisées conformément
aux limites tribales. Ce système n’a cependant jamais été concrètement réalisé, du fait de l’imbrication
totale des tribus entre elles sur le territoire. Une note de Gallieni, datant de 1899, donne une idée de l’état
de ses conceptions à cette époque :
« Les Sakhalaves de l’ouest, par exemple : un officier, résident supérieur et n’intervenant pas
dans les affaires locales ; des postes pour protéger et suivre les chefs investis par nous ; un tribut
léger, suffisant pour marquer la soumission, et calculé d’après les frais d’occupation ; une troupe
de police recrutée parmi les gens du pays et un commerce régulier » 55 .
En fait, pendant toute la durée de son séjour sur le territoire, Gallieni ne cesse jamais d’adapter son
dispositif. Il modèle l’administration du pays sur les particularités et coutumes locales, étend les circonscriptions
administratives et les regroupe selon des considérations ethniques, transforme progressivement
l’administration en dissociant affaires civiles et militaires. Il normalisera la situation des étrangers,
notamment le personnel des missions, et réorganise le système des douanes qui sera un temps militarisé.
Il sera amené à modifier à plusieurs reprises le système d’importation des marchandises françaises en
élevant considérablement les droits sur les produits venus d’autres pays. La justice sera plusieurs fois
remaniée, l’assiette des impôts mieux établie. Il est amené à revenir sur sa première mesure de donner
aux indigènes la possibilité de racheter leur prestation de travail, puis supprime ces dernières. Enfin,
s’étant rendu compte de l’aptitude des Hovas aux fonctions de direction, au commerce et à l’industrie,
il leur confie des rôles de plus en plus importants dans différents domaines.
53 Lyet, art. cit., p. 100.
54 Michel, op. cit., p. 211.
55 Ibidem.
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