gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...

Désigné en septembre 1896 pour rétablir l’ordre à Madagascar par le gouvernement Méline, en exerçant
les doubles fonctions de Résident général 7 et de Commandant supérieur, cumulant l’ensemble des
pouvoirs civils et militaires, Gallieni va remplir sa mission avec maîtrise, ténacité et persévérance. Ce
sera l’œuvre de sa vie, le triomphe de sa « méthode coloniale » et un exemple qui, bien que très souvent
cité par la suite, reste en fait peu connu sur le fond.
1.1 – L’anarchie malgache
CHAPITRE I
LA CONqUêTE
Lorsqu’il aborde la Grande Ile, Gallieni a conscience que la position de la France y est gravement
menacée du fait de la révolte qui y gronde. Il écrit :
« Il est de ces missions qui ne peuvent se refuser en raison même des circonstances où elles sont
offertes. Mais, je dois l’avouer, je n’envisageais pas avec une entière gaîté de cœur les lourdes
responsabilités que j’allais encourir. J’étais déjà passé par le Soudan et le Haut Tonkin et je
connaissais par expérience les graves difficultés qu’offrent ces entreprises coloniales où il faut
tout créer et se sortir d’affaire avec des ressources toujours insuffisantes… En France, une suite
de fâcheuses nouvelles, parvenues coup sur coup, avaient jeté l’alarme et provoqué une réelle
anxiété » 8 .
Comment et pourquoi la situation a-t-elle atteint ce niveau d’anarchie, épilogue d’une situation qui n’a
cessé de se dégrader depuis une quinzaine d’années ?
Depuis 1883, de conventions en traités successifs, la France n’a eu de cesse d’imposer un protectorat
effectif à la reine Ranavalo III en restreignant progressivement son autorité, sans toutefois la remplacer
par l’administration directe de la métropole mais laissant la réalité du pouvoir à l’oligarchie hova, toute
puissante. Sur ce point, à son départ, Gallieni avait reçu des instructions claires et fermes du ministre
des Colonies, Lebon 9 qui stipulait que « Madagascar est devenue une colonie française. Le temps du
protectorat est révolu ». Un premier traité, conclu le 17 décembre 1855, rédigé en termes assez vagues
et flous, faisait reconnaître par la reine le protectorat de la France, tout en conservant à son profit l’administration
de l’île. Ce système, inefficace, dans lequel s’usent plusieurs résidents généraux successifs,
marqué d’incessantes mises en demeure, de pressions et d’ultimatums, aboutit à un face à face entre un
premier ministre qui refuse de voir réduire son autorité et une puissance protectrice désireuse de faire
valoir ce qu’elle considère comme ses droits.
7 Gallieni reçoit le titre de gouverneur général quelques mois plus tard, lorsqu’après l’exil de la reine Ranavalo la fiction du
protectorat a disparu.
8 Gallieni, général, Neuf ans à Madagascar, Paris, Hachette, 1908, introduction de G. Hanotaux.
9 Marc Michel, Gallieni, Paris Fayard, 1989, p. 190.
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Chapitre I – La conquête