gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...
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2.4 – <strong>Le</strong>s charges du ministère <strong>de</strong>s Colonies : la disgrâce<br />
Chapitre II – La pacification<br />
En dépit <strong>de</strong> la réputation qui sera la sienne par la suite, il ne f<strong>au</strong>t pas perdre <strong>de</strong> vue qu’en leur temps les<br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Gallieni lui attirent l’ire d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la presse métropolitaine, <strong>de</strong>s bure<strong>au</strong>x du<br />
ministère <strong>et</strong> qu’il est à <strong>de</strong> nombreuses reprises vivement pris à partie à la tribune <strong>de</strong> la Chambre,<br />
notamment après le départ <strong>de</strong> son mentor politique, Wal<strong>de</strong>ck Rousse<strong>au</strong>. <strong>Le</strong> Gouverneur général en est<br />
conscient mais n’en n’a cure <strong>et</strong> écrit à un ami, M. Grandidier :<br />
« Je vois que quelques loups hurlent après moi. Inutile <strong>de</strong> dire qu’ils ne font que m’inciter<br />
à persévérer dans la voie que je me suis tracée <strong>et</strong> d’où rien ne m’écartera. (…) Je sais<br />
<strong>de</strong>puis longtemps, que tout homme qui veut créer une œuvre, <strong>et</strong> qui commence à recueillir les<br />
résultats <strong>de</strong> ses efforts, est exposé à toutes les attaques <strong>au</strong> <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>squelles il doit essayer <strong>de</strong><br />
se placer » 63 .<br />
Véritable signe <strong>de</strong> défiance <strong>de</strong> la part du gouvernement, Doumergue notifie à Gallieni l’envoi d’une<br />
mission d’inspection. C<strong>et</strong>te procédure <strong>de</strong> contrôle, particulièrement redoutée <strong>de</strong>s proconsuls coloni<strong>au</strong>x,<br />
constitue un signe qui ne trompe pas. Ces missions sont effectuées sous la direction <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts fonctionnaires<br />
du ministère <strong>de</strong>s Colonies, constitués en un corps <strong>de</strong> contrôle <strong>au</strong>tonome, véritables missi<br />
dominici du ministre, sans faculté <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision immédiate mais disposant d’un pouvoir absolu<br />
<strong>de</strong> contrôle.<br />
La mission est confiée à trois inspecteurs, sous la direction d’un inspecteur général, Albert Picquié, qui<br />
prendra d’ailleurs plus tard la direction <strong>de</strong> la colonie. Elle séjourne quelques mois sur la Gran<strong>de</strong> Île <strong>et</strong><br />
ne rem<strong>et</strong> pas moins <strong>de</strong> 209 rapports, les uns dits « <strong>de</strong> détail », les <strong>au</strong>tres « <strong>de</strong> synthèse ». Tout est épluché :<br />
l’emploi <strong>de</strong> l’emprunt, les administrations centrale <strong>et</strong> locales, les comptabilités, la fiscalité, les trav<strong>au</strong>x<br />
publics, l’immigration, la main d’œuvre, la santé, les cultes, la colonisation militaire, le domaine public,<br />
les douanes, le commerce, les mines… L’ensemble se traduit, inévitablement, par un véritable<br />
« catalogue » <strong>de</strong> griefs ; l’un d’entre eux paraissant plus particulièrement « scandaleux » <strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong>s<br />
inspecteurs : l’existence <strong>de</strong> comptabilités « irrégulières », <strong>de</strong> « caisses noires » provenant en fait <strong>de</strong><br />
l’<strong>au</strong>torisation donnée par Gallieni <strong>au</strong>x Commandants <strong>de</strong> cercles ou <strong>de</strong> territoires d’utiliser le système<br />
<strong>de</strong>s « masses » militaires perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> gérer directement les magasins <strong>de</strong> poste <strong>et</strong> le matériel secteur.<br />
<strong>Le</strong> système est commo<strong>de</strong>, rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> efficace, mais suspect par essence <strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong> fonctionnaires dont<br />
les préoccupations consistent à faire respecter l’orthodoxie <strong>de</strong> la procédure financière. Ce recours <strong>au</strong>x<br />
masses est donc jugé inadmissible <strong>et</strong> porté <strong>au</strong> débit <strong>de</strong> Gallieni 64 .<br />
Doumergue n’a plus confiance <strong>et</strong> cherche tous les prétextes pour obtenir son rappel. Cela prendra encore<br />
<strong><strong>de</strong>ux</strong> ans, marqués par une incessante « guérilla administrative » <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s services du ministère<br />
<strong>de</strong>s Colonies. Gallieni tombe <strong>au</strong> prétexte d’une flambée <strong>de</strong> violence dans le sud <strong>de</strong> l’île, comme<br />
en 1899. En mai 1905, il embarque pour la France où il compte plai<strong>de</strong>r, <strong>au</strong> plan budgétaire, la c<strong>au</strong>se<br />
<strong>de</strong> l’aménagement du complexe <strong>de</strong> Diego Suarez. Au terme d’un « proconsulat » <strong>de</strong> neuf ans 65 ,<br />
le 17 octobre 1905, sentant qu’il n’a plus la confiance <strong>de</strong> son ministre <strong>de</strong> tutelle, Gallieni <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
qu’un successeur lui soit désigné, car il considère sa tâche comme achevée dans la Gran<strong>de</strong> Île. Dans<br />
ses Souvenirs, il note :<br />
63 Ly<strong>et</strong>, op. cit., p. 103.<br />
64 Michel, op. cit., p. 232.<br />
65 Entrecoupé d’un séjour parisien <strong>de</strong> plus d’un an, <strong>de</strong> mai 1899 à mai 1900, <strong>au</strong> cours duquel son intérim est assuré par le général<br />
Pennequin.<br />
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