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gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...

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Deuxième partie – L’œuvre pacificatrice <strong>de</strong> Ly<strong>au</strong>tey <strong>au</strong> Maroc<br />

« La vie <strong>de</strong>vient ici <strong>de</strong> plus en plus inepte, non par les Musulmans, <strong>de</strong> plus en plus sympathiques,<br />

loy<strong>au</strong>x <strong>et</strong> gentlemen, mais <strong>de</strong> par l’odieux muflisme du colon français… Quelle race ! ».<br />

C<strong>et</strong>te attirance innée <strong>et</strong> instinctive vers les élites l’amène à m<strong>et</strong>tre en exergue une aristocratie foncière<br />

d’essence religieuse (les chefs <strong>de</strong> zaouïas) ou militaire (les grands caïds). C<strong>et</strong>te politique <strong>de</strong>s grands<br />

chefs ne prend à vrai dire que dans la région <strong>de</strong> Marrakech avec le Glaoui.<br />

En fait, si l’on veut définir la politique suivie par Ly<strong>au</strong>tey <strong>au</strong> Maroc, la clé peut en être trouvée dans<br />

c<strong>et</strong>te recherche d’une certaine forme d’association entre le colonisateur français <strong>et</strong> les élites <strong>maroc</strong>aines.<br />

1.2 – Ly<strong>au</strong>tey <strong>et</strong> le Protectorat<br />

L’inst<strong>au</strong>ration du protectorat français sur le Maroc s’inscrit en fait dans un triple contexte : international,<br />

national <strong>et</strong> <strong>maroc</strong>ain. Au plan international, la reconnaissance par l’Angl<strong>et</strong>erre lors <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong><br />

l’accord <strong>de</strong> 1904, <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la France sur le Maroc en échange <strong>de</strong> l’abandon par celle-ci <strong>de</strong> toute<br />

influence en Égypte m<strong>et</strong> fin à un long <strong>et</strong> lourd contentieux colonial franco-britannique dont le point<br />

d’orgue a été la crise <strong>de</strong> Fachoda en 1898. <strong>Le</strong> règlement à l’amiable <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte d’influence francobritannique<br />

94 s’inscrit en outre dans une toile <strong>de</strong> fond d’intervention <strong>de</strong> l’Allemagne qui, par <strong><strong>de</strong>ux</strong> fois,<br />

à Tanger en 1905 <strong>et</strong> à Agadir en 1911 tente d’y faire reconnaître ses propres droits. Ces crises déboucheront<br />

sur les accords d’Algesiras en 1906 95 <strong>et</strong> l’accord franco-allemand <strong>de</strong> 1911 96 qui ouvrent directement<br />

la voie à l’inst<strong>au</strong>ration du Protectorat. Au nive<strong>au</strong> national, la volonté d’inclure le Maroc dans l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s possessions coloniales françaises fait partie du programme du lobby colonial français, personnalisé<br />

par Eugène Étienne, Gabriel Hanot<strong>au</strong>x <strong>et</strong> Théophile Delcassé 97 . Face à ce « parti colonial », s’élève la<br />

voix <strong>de</strong> J<strong>au</strong>rès qui dénonce l’entreprise française <strong>au</strong> Maroc comme une menace pour la paix européenne.<br />

Enfin, <strong>au</strong> Maroc même, le peu d’attirance du Makhzen <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’opinion à traiter avec la France y est très<br />

forte <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te tendance à la résistance <strong>au</strong>x emprises françaises est n<strong>et</strong>tement sous-évaluée en métropole,<br />

y compris par Ly<strong>au</strong>tey lui-même. Riv<strong>et</strong> cite c<strong>et</strong>te remarque désabusée <strong>de</strong> Poincaré <strong>au</strong> plus fort <strong>de</strong> la crise<br />

en 1912 98 :<br />

« <strong>Le</strong> général Ly<strong>au</strong>tey m’avait dit, avant son départ, qu’à son avis il n’y avait <strong>au</strong>cune guerre<br />

sainte à redouter, ni <strong>au</strong>cun sentiment national chez les Marocains ».<br />

C’est dans ce contexte que la France prendra progressivement pied <strong>au</strong> Maroc entre 1906, la conférence<br />

d’Algesiras <strong>et</strong> 1912, le traité <strong>de</strong> Fès. Dès les années 1906, 1907, par touches discrètes, la France s’infiltre<br />

<strong>au</strong> Maroc <strong>de</strong>puis les confins algéro-<strong>maroc</strong>ains, commandés à l’époque par Ly<strong>au</strong>tey 99 : il agit pro -<br />

gressivement, à la manière <strong>de</strong>s anciens bure<strong>au</strong>x arabes, en faisant pression sur les tribus. Commandant la<br />

division d’Oran, il poursuivra c<strong>et</strong>te pénétration rampante. Parallèlement, à compter <strong>de</strong> 1907, profitant <strong>de</strong>s<br />

désordres qui menacent ses premiers ressortissants, la France déploie <strong>au</strong> Maroc un corps expéditionnaire<br />

94 Sans que la France cesse <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer vigilante face <strong>au</strong>x entreprises <strong>et</strong> visées britanniques.<br />

95 La conférence d’Algésiras reconnaît les droits conjoints <strong>de</strong> la France <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Espagne sur le Maroc.<br />

96 En contrepartie <strong>de</strong> l’abandon <strong>de</strong> ses prétentions <strong>maroc</strong>aines, l’Allemagne sera dédommagée par <strong>de</strong>s territoires africains <strong>au</strong><br />

Congo, notamment.<br />

97 <strong>Le</strong> ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères français négociateur <strong>de</strong> l’accord d’Algesiras.<br />

98 Riv<strong>et</strong> D., op. cit., p. 23. Poincaré cumule alors les fonctions <strong>de</strong> chef du Gouvernement <strong>et</strong> <strong>de</strong> ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères,<br />

donc en charge du dossier <strong>maroc</strong>ain.<br />

99 Il commandait la subdivision d’Aïn Sefra.<br />

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