gallieni a madagascar et lyautey au maroc, deux - Le Centre de ...
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1.2 – <strong>Le</strong> lancement <strong>de</strong> la pacification du pays par Gallieni.<br />
L’inst<strong>au</strong>ration <strong>de</strong>s « cercles militaires »<br />
C’est dans ces conditions que Gallieni s’embarque le 10 août 1896 à Marseille. Pour rejoindre<br />
Tananarive, où il a hâte d’arriver, il contourne Madagascar par le nord, Diego Suarez <strong>et</strong> enfin, touche<br />
terre à Tamatave. A son arrivée, il se montre pessimiste, comme l’atteste le courrier qu’il envoie à<br />
M. Grandidier :<br />
« J’ignore tout <strong>de</strong> Madagascar, <strong>et</strong> si je pars avec l’idée <strong>de</strong> me consacrer entièrement à ma<br />
nouvelle tâche, je reste cependant inqui<strong>et</strong> sur les résultats qu’il me semble possible d’obtenir » 14 .<br />
Pendant le traj<strong>et</strong> <strong>de</strong> six longues journées entre Tamatave <strong>et</strong> Tananarive, Gallieni a le temps <strong>de</strong> noter<br />
l’étendue <strong>de</strong> l’anarchie envahissante (villages désertés ou brûlés) <strong>et</strong> l’urgence <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x à entreprendre,<br />
notamment en matière <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> communication. Peu après son arrivée dans la capitale, conformément<br />
<strong>au</strong>x promesses qui lui ont été faites à son départ <strong>de</strong> Paris, il lui est officiellement notifié qu’il cumule<br />
désormais les responsabilités civiles <strong>et</strong> militaires par la double fonction <strong>de</strong> Rési<strong>de</strong>nt général <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Commandant supérieur <strong>de</strong>s troupes.<br />
C’est ainsi investi qu’il prend officiellement ses fonctions le 28 septembre 1896, l’ancien Rési<strong>de</strong>nt<br />
général ayant rembarqué. Compte tenu <strong>de</strong> la situation, il donne la priorité à l’action militaire. <strong>Le</strong><br />
jour même, le Journal officiel <strong>de</strong> Tananarive publie <strong><strong>de</strong>ux</strong> arrêtés : le premier constitue l’Emyrne en<br />
territoire militaire <strong>et</strong> le second y institue l’état <strong>de</strong> siège. De la sorte, le Comman<strong>de</strong>ment militaire<br />
détient l’ensemble <strong>de</strong>s pouvoirs pour y rétablir l’ordre. C’est ici que se place l’anecdote célèbre :<br />
invité par Paris à exprimer <strong>de</strong>s besoins supplémentaires en volume <strong>de</strong> troupes 15 , Gallieni décline<br />
la proposition <strong>et</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> simplement « un bataillon <strong>de</strong> Légion pour pouvoir, le cas échéant, mourir<br />
convenablement » 16 .<br />
C<strong>et</strong>te priorité donnée à l’action militaire ne se traduit pas pour <strong>au</strong>tant par un accroissement <strong>de</strong> l’activité<br />
<strong>de</strong>s colonnes qui pourchassent les rebelles. Comme <strong>au</strong> Tonkin quelques mois <strong>au</strong>paravant, Gallieni<br />
combine immédiatement les actions politique <strong>et</strong> militaire. Il s’en ouvre à M. Grandidier :<br />
« J’ai meilleur espoir <strong>et</strong> je pense que parviendrai à nous sortir <strong>de</strong> la m<strong>au</strong>vaise passe où nous<br />
sommes… Mais nous ne pouvons obtenir ce résultat en quelques jours par suite <strong>de</strong>s grosses f<strong>au</strong>tes<br />
commises. Une première ligne <strong>de</strong> postes a été établie à environ 15 km <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> Tananarive.<br />
A son abri, on s’occupe d’organiser le pays en rappelant les habitants, en leur faisant reconstruire<br />
leurs villages brûlés <strong>et</strong> reprendre les cultures. Cela fait, nos postes se porteront en avant <strong>de</strong><br />
manière à élargir la zone pacifiée <strong>et</strong> à ne m<strong>et</strong>tre une jambe en l’air que lorsque l’<strong>au</strong>tre est bien<br />
assise » 17 .<br />
14 Cité par le colonel Ly<strong>et</strong>, art. cit., p. 91. M. Grandidier est considéré, à l’époque, comme l’explorateur, le savant <strong>et</strong> l’historien<br />
connaissant le mieux Madagascar. Ses trav<strong>au</strong>x lui ont ouvert les portes <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong>s Sciences. Gallieni, qui ne l’a pas<br />
rencontré avant son départ, a longuement lu ses ouvrages. Sur le plan politique, <strong>au</strong> sein du « parti colonial », il anime un<br />
comité <strong>de</strong> Madagascar, groupe <strong>de</strong> pression regroupant <strong>de</strong>s banquiers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s concessionnaires.<br />
15 Au moment <strong>de</strong> sa désignation, les effectifs du corps d’occupation <strong>de</strong> Madagascar s’élèvent à 7 000 hommes. Cité par le<br />
colonel Ly<strong>et</strong>, art. cit., p. 92.<br />
16 La réalité est sans doute plus prosaïque : il désirait simplement disposer d’une unité <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> laquelle il était assuré <strong>de</strong><br />
trouver tous les spécialistes dont il pourrait avoir besoin !<br />
17 Ly<strong>et</strong>, art. cit., p. 93.<br />
23<br />
Chapitre I – La conquête