Vers un nouveau modèle chinois ? - ccifc

Dossier
专栏
Reportage
Urumqi,
Ville d’Avenir
Les entreprises
françaises découvrent
de nouveaux relais de
croissance à l’Ouest.
Jusqu’à il y a quelques années, Urumqi
n’était qu’une bourgade, poste avancé
de l’empire chinois bâti pour contrôler le
Turkestan, garnison où étaient envoyés
les fonctionnaires en disgrâce. Sous le
maoïsme, de nombreux colons Han et Hui
y sont autoritairement installés : la majorité
des habitants d’Urumqi aujourd’hui
constitue la deuxième génération de ces
populations déplacées. Même après les
réformes des années 80, la région reste
assez fermée aux étrangers non-frontaliers
: elle est non seulement difficilement
accessible, sans liaison ferroviaire pour y
accéder, mais elle est également considérée
comme stratégique et sensible
en raison notamment de ses ressources
pétrolières et de ses zones d’essais nucléaires.
Elle finit cependant par suivre
le mouvement d’ouverture du pays. Au
début de l’année 2000, le gouvernement
lance sa politique de développement de
l’ouest (西部大开发 xībù dàkāifā), et Carrefour,
Veolia puis LVMH s’y implantent en
2003, 2005 et 2008. Néanmoins, il faudra
attendre le choc des émeutes de juillet
2009 pour que l’Etat central redouble ses
54 Connexions / printemps 2012
© Imagine China
Carrefour s’est implanté en 2003 à Urumqi.
efforts pour ouvrir la province autonome
du Xinjiang. Pour tenter de désamorcer
la bombe ethnico-religieuse de la région
(les relations entre les populations indigènes
turcophones – Ouighours, etc – et
l’immigration sinophone est souvent en-
core empreinte de défiance
mutuelle), qui se nourrit en
partie d’une répartition inégale
des richesses, la Chine
choisit alors d’en accroître la
prospérité par une politique
d’investissements massifs,
en utilisant non seulement
les ressources de l’Etat central et la coopération
avec les régions côtières plus
développées, mais aussi en favorisant
l’implantation des entreprises étrangères.
Mais Jérôme Vanachter, représentant
de Veolia à Urumqi, prévient d’emblée :
“nous sommes cinq français résidents ici,
y compris les bébés en bas âge...” A part
les Russes et les ressortissants des huit
pays frontaliers de la province, les autres
étrangers ne font guère mieux, même si,
suivant l’implantation récente de Volkswagen,
de nombreux Allemands seraient
« un marché
qui offre
une prime
aux plus
auDacieux. »
prochainement attendus. A presque
quatre heures d’avion de Pékin et avec six
mois d’hiver, il n’est pas évident de trouver
des volontaires étrangers pour venir travailler
à Urumqi. Et pourtant, il y fait bon
vivre, tempère immédiatement Jérôme
Vanachter. A une heure
en voiture de montagnes
équivalentes aux Alpes,
et à la même distance du
désert, la ville permet des
week-ends d’excursions
facilement accessibles et
assez exceptionnelles. De
plus, le fait que près de 90% de la population
de la ville est installée depuis au plus
une seule génération rend les contacts
beaucoup plus faciles et chaleureux. La
nécessité d’animer les mois d’un hiver rigoureux
accélère les désirs cosmopolites :
Noël y est fêté par les Chinois comme une
occasion supplémentaire de s’amuser ; les
employés s’organisent en “comités d’entreprise”
informels et se font des weekend
au ski en groupe ; dans les centres
commerciaux et les karaoke souterrains
protégés du froid, tous peuvent venir par-