Vers un nouveau modèle chinois ? - ccifc
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Magazine 杂谈<br />
Les <strong>nouveau</strong>x comm<strong>un</strong>istes <strong>chinois</strong><br />
Par M. Duchatel et J. Zylberman, Editions Armand Colin<br />
Ce livre arrivé à point nommé en sortant<br />
des presses à la veille de l’ouverture<br />
le 8 novembre du 18eme Congrès<br />
du Parti Comm<strong>un</strong>iste <strong>chinois</strong> comble<br />
<strong>un</strong> véritable vide dans l’édition sinologique.<br />
Hormis l’ouvrage qui fait désormais<br />
référence de Richard McGregor<br />
« The Party, the Secret World of China’s Comm<strong>un</strong>ist<br />
Rulers » mais qui est davantage <strong>un</strong>e description de la<br />
structure et des mécanismes de fonctionnement de ce<br />
Parti en relation avec la société <strong>chinois</strong>e, ce dernier ouvrage<br />
est le seul qui donne à voir les hommes et femmes<br />
qui le composent et les acteurs qui font bouger et guident<br />
cet énorme paquebot de 83 millions de passager. Les statistiques<br />
sur la composition sociologique et la répartition<br />
en couches sociales de ses membres sont extrêmement<br />
ténues et peu affinées. Ici dans cet ouvrage tout neuf réalisé<br />
en <strong>un</strong> an par nos deux auteurs, <strong>un</strong> véritable tour de<br />
force, nous donne à connaitre à partir d’<strong>un</strong>e cinquantaine<br />
d’entretiens, la vie quotidienne, le parcours, les<br />
motivations et les aspirations des <strong>nouveau</strong>x membres du<br />
parti comm<strong>un</strong>iste.<br />
C’est ainsi <strong>un</strong> portrait du Parti qui s’esquisse à travers<br />
la description du fonctionnement au plus bas de sa hiérarchie<br />
que constituent les « cellules ». Aujourd’hui , le<br />
PCC ne représente plus les « prolétaires », ouvriers ou<br />
paysans qui ne comptent plus respectivement que 12<br />
% et 4% de ces catégories sociales, de même qu’il ne se<br />
définit plus l’ « avant-garde de la classe laborieuse » .<br />
Mais il représente plus largement « la nation <strong>chinois</strong>e<br />
dans son ensemble ».<br />
Autres changements significatifs, c’est le secteur public<br />
de façon générale qui est devenu l’<strong>un</strong> des pôles majeurs<br />
de recrutement des <strong>nouveau</strong>x membres. En son sein, c’est<br />
à l’Université et parmi les étudiants qu’on trouve les nou-<br />
80 Connexions / hiver 2012<br />
Par Laurent Ballouhey<br />
veaux adhérents. Pour la seule année 2009, 1,18 million<br />
d’étudiants ont rejoint le parti , alors que dans les années<br />
précédentes c’est la désaffection et la déception qui dominaient<br />
au sein de la je<strong>un</strong>esse <strong>chinois</strong>e. Le troisième grand<br />
poste de recrutement est le moins connu et le plus fermé<br />
car il s’agit de l’Armée populaire de Libération , tant parmi<br />
les soldats que parmi les officiers et les cadets souvent<br />
hautement diplômés. Mais cette autre grande muette est<br />
aussi la plus impénétrable. Auc<strong>un</strong>e statistique n’existe sur<br />
le nombre de membres du Parti dans l’armée. Le rôle du<br />
Parti au sein de l’APL n’en est pas moins essentiel pour<br />
assurer la consolidation du pouvoir sur et dans l’armée<br />
qui est soumise à sa direction.<br />
Ce livre, très riche d’informations inédites et d’histoires<br />
de vie » constituent <strong>un</strong>e plongée dans ce monde méconnu<br />
de ce <strong>nouveau</strong> parti comm<strong>un</strong>iste <strong>chinois</strong>. Il lève <strong>un</strong> coin<br />
de voile et ouvre en partie ce qu’on sinologue avait à juste<br />
titre dénommé « <strong>un</strong>e boîte noire » pour qualifier <strong>un</strong>e opacité<br />
en partie percée aujourd’hui grâce aux deux auteurs.<br />
Que veut la Chine ? De Mao au capitalisme<br />
Par François Godement, Editions Odile Jacob<br />
La Chine devrait être avant même<br />
l’an 2020 la plus grande puissance<br />
économique selon certaines prévisions.<br />
Mais la principale préoccupation<br />
de l’auteur, historien et<br />
professeur à Sciences Po, n’est pas<br />
d’abord économique, mais bien politique<br />
et stratégique. Il s’interroge<br />
en effet pour savoir si la Chine aura la capacité de prendre<br />
la direction politique de ce <strong>nouveau</strong> monde et si elle a<br />
même le désir. Ce dont il semble douter. Pour François<br />
Godement , <strong>un</strong> des plus influents sinologues de sa génération<br />
à la tête du Asia Centre, la Chine oscille encore<br />
entre <strong>un</strong> nationalisme arrogant qui inquiète nombre de<br />
ses voisins asiatiques et <strong>un</strong>e étonnante discrétion sur la<br />
scène internationale où elle préfère le plus souvent rester<br />
en retrait des autres grandes puissances. Elle diffus en<br />
tous cas des signaux à interprétation variable et contradictoire<br />
en direction de l’opinion internationale. Faut-il<br />
expliquer ce comportement par <strong>un</strong> savant machiavélisme<br />
de ses dirigeants adeptes du double discours ou par la<br />
crainte de réveiller le fantôme de Mao, qu’avait réussi à