Violon, de la voix mélodique à la voie thérapeutique

Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66
Qu’en déduire ? Qu’elle m’associe à la chanson ? Elle me dit pourtant à chaque fois :
« je ne sais pas qui vous êtes ». Elle est en général assez plaintive et dit souvent « à
quoi ça sert ? » mais pendant la séance de musicothérapie, elle arrive à chanter et à
sourire, et là, c’est le bonheur, pour elle et pour moi.
Une autre patiente, Eliane, jusque là assez réservée et craintive envers les nouvelles
personnes, a montré récemment un comportement différent avec moi. Désormais, elle
vient me faire la bise, me prend par la main, ne me quitte pas du regard avec un grand
sourire et me dit de nombreuses fois « tu es belle, … je t’aime… ». Eliane est
sévèrement atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle déambule, a des stéréotypies, ne
peut plus respecter les consignes, mais elle manifeste son « humanité » de cette
façon. C’est sa manière de me dire qu’elle m’a acceptée au nombre de ses familiers et
qu’elle existe toujours en tant que personne. C’est aussi le reflet de son ressenti au
moment où elle le dit. « Une des particularités de la maladie, par défaillance de la
mémoire, est une importance plus grande du présent, avec une dominance du global et
de l’intuitif sur le rationnel. Un Alzheimer ne ment pas, ne fuit pas, il dit ce qu’il vit au
présent dans sa représentation du monde. » (www.santé-vivante.fr – J.Boilève).
J’accueille donc avec beaucoup de bienveillance ces manifestations.
Pour ma part, j’apprécie vraiment cette nouvelle activité auprès d’eux. Que ce soit à
l’Hôpital de Jour, à l’Accueil de Jour ou à l’UAS, l’accueil est de plus en plus chaleureux
et je suis reconnue comme quelqu’un qui vient proposer un moment de détente et de
joie, ce qui m’aide bien sûr car la confiance est « contagieuse ». Même si je sais que la
maladie fait qu’il est probable qu’ils ne me reconnaissent pas vraiment, je constate tout
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