Violon, de la voix mélodique à la voie thérapeutique

Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66
Il y a eu des instants magiques que je garde en mémoire :
Monsieur B. est un monsieur qui a de gros troubles du comportement. Il est
souvent installé seul à une petite table, dos à la salle. J’ai osé un face à face avec
lui, avec mon violon comme médiateur. Il était soudain calmé et attentif, et nous
avons échangé un long regard tandis que je jouais pour lui des airs classiques qu’il
reconnaissait. Je n’aurais pas pu avoir cet échange avec lui sans mon violon pour
m’aider. Mon violon lui disait ce que je ne pouvais dire et je sais qu’il a bien reçu
tout ça.
Lorsque je suis retournée dans son unité pour d’autres interventions, il me
reconnaissait et m’accueillait. J’arrivais à échanger quelques mots avec lui et j’ai
compris qu’il se dévalorisait « oh ce n’est pas la peine pour moi… », j’ai trouvé ça
bien triste…
Monsieur P. est dans un fauteuil coque, les yeux fermés la bouche ouverte. Lorsque
je viens jouer dans le service, il ouvre les yeux, à la surprise des soignantes, et il
m’écoute. Il aimait beaucoup la musique classique parait-il alors je ne manque pas
de jouer quelque chose plus spécialement pour lui à chacune de mes visites. Je l’ai
vu tenter de participer en bougeant les pieds lorsque j’ai joué le Beau Danube Bleu
ou le Boléro…
Mimi a 102 ans, en fauteuil. Elle était auparavant à l’Unité Alzheimer, où Pilar l’a
bien connue, mais elle est devenue trop dépendante. Elle continue à chanter avec
moi les vieilles rengaines à chaque fois que je viens. Pour elle ce sera plutôt la Java
Bleue ou l’Amant de Saint-Jean, avec un succès garanti. Il est arrivé que je la
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