Violon, de la voix mélodique à la voie thérapeutique

Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66
D’autres réactions que je n’ai pas vues m’ont été commentées par les
soignantes, tel un fauteuil coque qui s’était mis à bouger en cadence au son du
Boléro, son occupant prenant visiblement plaisir à marquer la mesure.
J’ai fait quelques visites en chambre, auprès de personnes qui ne pouvaient ou ne
voulaient pas être avec les autres dans la salle à manger. A chaque fois je me présente,
demande si la personne veut que je lui joue quelque chose. J’essaie de ne jamais
m’imposer et d’interpréter au mieux les mimiques qui servent souvent de réponse. Je
suis presque toujours bien accueillie, ou éconduite poliment si la personne préfère sa
télévision ou n’aime pas le violon ! Eh oui, c’est possible et je dois en tenir compte !
J’ai ainsi fait la connaissance d’une dame charmante, en possession de toutes ses
facultés cognitives mais condamnée à l’immobilité par une sclérose. Elle a beaucoup
apprécié ma visite et m’a demandé de lui jouer plusieurs pièces classiques connues. Le
violon m’a dispensée de longs discours et lui a donné beaucoup de plaisir.
J’ai visité Madame T., très dépendante, démente, qui appelle au secours sans arrêt,
énervant fortement son entourage et l’équipe soignante, ce qui fait qu’elle est souvent
isolée. Je suis entrée dans sa chambre et lui ai proposé de jouer, elle a accepté et a
fait de son mieux pour chanter.
En situation d’animation, et grâce à ma formation de thérapeute, j’ai été attentive à
l’apaisement que je pouvais apporter, soit par la musique, soit par mon écoute. Plusieurs
fois j’ai eu des questions du type : « alors on est ici jusqu’à la mort ? », « j’espère que
ça va arriver vite, je ne veux pas rester ici encore longtemps … », ou « …tous les soirs
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