Violon, de la voix mélodique à la voie thérapeutique

Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66
en me couchant je fais une prière, mon Dieu faites que je ne me réveille pas, et tous
les matins en me réveillant : et merde !... »
La mort est un sujet tabou qu’on évite généralement d’aborder, sauf en cas de maladie
grave ou d’accident. Mais au contact de personnes très âgées et en fin de vie, ce n’est
plus une pirouette qui permettra d’éviter le sujet.
Les premières fois, je n’ai pas su quoi dire et suis restée muette et gênée, mais durant
la formation, nous avions abordé ce sujet avec Christine Mulard et donc je me suis dit
tout d’abord que c’était une marque de confiance de la part des personnes de me
parler ainsi sans détour. J’ai également été à l’écoute de discours pouvant sembler
tout à fait insensés comme l’histoire de cette femme m’assurant qu’elle devait
déménager avec sa mère et descendre en bas ! Etait-ce une façon imagée pour dire
qu’elle s’inquiétait d’une mort proche ?
J’ai donc reconsidéré le sujet. Même si personne ne peut préjuger de la date de sa
mort, il est évident que l’échéance est beaucoup plus proche lorsqu’on a dépassé 80 ou
90 ans qu’à 50. En situation d’écoute thérapeutique, j’aurai à entendre cette
préoccupation.
J’ai vécu une expérience poignante au chevet d’une dame en fin de vie, entourée par
ses enfants et petits enfants, qui ont accepté que je vienne jouer quelques minutes
pour elle. Là aussi mon violon a parlé pour moi et je ne l’ai pas quittée des yeux. Elle a
esquissé des bravos à chaque morceau, ce qui a beaucoup ému sa famille… et moi aussi
par la même occasion.
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