Violon, de la voix mélodique à la voie thérapeutique

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Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66 de même qu’au fil des séances un lien s’est créé, un tutoiement de la part de quelques personnes qui revient de plus en plus, des bises offertes spontanément, des petits noms affectueux… je continue à vouvoyer tout le monde et j’attends toujours d’être sollicitée pour faire la bise, par respect et afin de garder la bonne distance « thérapeutique », je reste vigilante sur le maintient du cadre par respect pour eux et pour leur sécurité et la mienne. Ce qu’ils « reconnaissent » de moi est très certainement le souvenir de l’émotion vécue grâce à la musique lors des précédentes rencontres et l’anticipation du bon moment que nous allons passer ensemble. Et puis dès que je sors le violon, les yeux commencent à briller, « c’est la violoniste ! » On me dit aussi que je suis calme et que ça leur convient. L’U.C.C. (Unité Cognitivo Comportementale) J’ai vécu ma première expérience seule dans ce service cet été, en animation. Un jour où l’animatrice référente de ce service était absente, j’ai proposé de la remplacer par une visite musicale improvisée, avec l’impression de me jeter à l’eau. Je me suis installée dans la salle à manger pour rassembler rapidement un maximum de personnes. Quatre personnes étaient à peu près assises, les autres déambulaient et il n’était pas envisageable de leur demander de venir s’assoir pour écouter quelque chose. J’ai donc commencé à jouer du violon avec le support de la musique enregistrée sur des Bransles de la Renaissance et là… surprise ! Deux personnes ont commencé à taper Page 52 sur 82
Geneviève Joseph-Pierre Groupe 66 dans les mains et une s’est levée pour danser ! Une soignante présente à ce moment-là est venue danser aussi et l’autre est allée chercher d’autres patients pour qu’ils puissent en profiter. Ce fut un moment extraordinaire de joie partagée. Cette séance a été commentée par la suite et j’ai été réclamée pour y retourner. J’ai toutefois bien précisé que je n’avais pas fait de la musicothérapie mais une simple animation musicale. J’y suis retournée depuis mais rarement seule, à l’occasion d’absences de Pilar pour les séances de musicothérapie. La première fois, je me suis heurtée au problème du cadre évoqué plus haut. Ne sachant imposer l’utilisation d’une salle spécifique pour la séance, j’ai dû intervenir dans la salle à manger et n’ai pu proposer qu’une animation, plus facile à mettre en œuvre. J’ai encore pu mesurer là toute la difficulté pour la musicothérapeute qui doit être garante du cadre thérapeutique. Le groupe étant chaque fois différent, chaque séance l’a été aussi, requérant de ma part une grande adaptabilité. Voici le récit d’une de ces séances. Ce jour-là, les patients sont regroupés et accompagnés dans la salle dédiée à la musicothérapie dès mon arrivée. Une fois tout le monde installé, 7 personnes et 1 soignante, je démarre la séance. Il y a des personnes que je ne connais pas, je demande donc à chacun de dire son prénom. Un monsieur souffre de gros troubles du comportement et je fais au mieux pour l’écouter tout en préservant les autres personnes. Page 53 sur 82
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