Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free
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volonté divine une version de Sodome et Gomorrhe 2 en Bretagne. Mais son intérêt vient<br />
aussi des tentatives celtomanes plus récentes de ramener la légende vers son terreau<br />
mythique, en lui associant d’autres thèmes, de sorte qu’il est possible de distinguer<br />
plusieurs types distincts parmi ces réécritures. Les mystères et pièces de théâtre<br />
populaires hagiographiques d’abord, qui font l’éloge du roi Gradlon ainsi que de l'un ou<br />
l'autre des deux saints fréquemment associés à la légende, saint Gwénolé et saint<br />
Corentin, voire même les deux à la fois dans certains cas. La transmission folklorique<br />
orale ensuite, qui véhicule l’histoire de manière moins orientée, dans des récits plus<br />
courts, plus variés et plus libres, sous forme de petits contes ou de chansons. Les<br />
réécritures littéraires, enfin, recréent des textes cohérents et réintègrent Dahud, fille du<br />
roi et femme pécheresse, mais insèrent par ailleurs d’autres éléments disparates, comme<br />
des morceaux de récits ou des thèmes provenant d’autres textes n’ayant pas<br />
nécessairement un lien direct avec la ville d’<strong>Ys</strong>, comme le lai de Gradlon-Meur, mais<br />
qui ont le mérite de créer un tout. Ces trois types de transmissions de la légende seront<br />
envisagés comme des réécritures, ce qui amène nécessairement à poser les questions de<br />
l’origine et de la destination d’une part, mais qui d’autre part conduit à considérer le<br />
principe de réécriture de la légende, ses enjeux, et la manière dont cette légende est<br />
recréée.<br />
Pour cette étude, il convient de puiser le corpus parmi les diverses branches qui<br />
composent la postérité de cette légende. La première est la version d’Emile Souvestre<br />
rapportée notamment dans La <strong>Légende</strong> de la Ville d’Is 3 de Françoise le Roux et<br />
Christian-J. Guyonvarc’h, variante <strong>Ker</strong>is 4 tirée du Foyer Breton de Souvestre. La<br />
seconde est le Livaden Geris 5 , la complainte de <strong>Ker</strong> <strong>Ys</strong> qui figure dans le Barzaz Breiz<br />
2 Le récit de Sodome et Gomorrhe relate la destruction des deux villes du même nom par Dieu à cause des<br />
péchés de ses habitants. Genèse 18-20, pp. 56 à 59 dans La Bible de Jérusalem, Paris, Editions du Cerf,<br />
Fleurus, 2001. Il faut noter que Gomorrhe signifie « submersion, immersion » en hébreu. Par<br />
comparaison avec <strong>Ys</strong>, cela fait donc trois cités détruites par Dieu, trois destructions liées aux mœurs des<br />
habitants ; dans les trois cas, un personnage lié à Dieu intervient pour tenter de sauver d’abord la cité,<br />
puis le seul homme juste et vertueux.<br />
3 Françoise le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h, La <strong>Légende</strong> de la ville d’<strong>Ys</strong>, Editions Ouest-France,<br />
2000, (335 p.).<br />
4 Récit du vieux pêcheur. <strong>Ker</strong>is. dans l’ouvrage d’Emile Souvestre, Le Foyer Breton (Tome Premier)<br />
(2 tomes), Paris, Michel Lévy Frères, 1858, (246p.), pp. 232-246.<br />
5 Livaden Geris dans le recueil de Théodore Hersart de La Villemarqué, Barzaz Breiz, Edition Du Layeur,<br />
février 2003, (592 p.), pp. 102-103.