Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free
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Mais <strong>Ker</strong>is présente également le thème de la submersion, peu développé dans les<br />
versions présentes dans les hagiographies, annales et chroniques. Et avec le<br />
développement de la submersion, Dahud, éclipsée des textes christianisés, est<br />
pleinement réintégrée dans la légende, se présentant alors comme une femme<br />
pécheresse. Il en va de même pour l’étranger rouge, qui s’avère être la figure du diable,<br />
si récurrente dans les contes populaires, et qui fait son entrée écrite dans la légende de la<br />
ville d’<strong>Ys</strong>. Il est difficile voire impossible de dire à quel point le texte final est fidèle<br />
aux témoignages d’origine, et à quel point le processus de réécriture a transformé ce<br />
texte oral. Néanmoins, il est aisé de noter que le texte de Souvestre a été réactualisé, les<br />
tournures archaïques étant remplacées. De plus, le niveau de langue a été élevé afin de<br />
correspondre au style « hypercorrect » de l’auteur qui « transcrit sous une forme<br />
littéraire très achevée des textes populaires 98 ».<br />
La version du Barzaz Breiz, le Livaden Geris a subi, comme les autres chants du<br />
recueil toute une série de modifications. Mais là encore, établir avec certitude les<br />
modifications exactes effectuées sur un texte dont l’hypotexte n’est ni établi ni publié<br />
reste périlleux. Néanmoins, à l’éclairage des critiques formulées notamment par<br />
François-Marie Luzel et par ses continuateurs, ainsi qu’à la lumière du préambule et de<br />
l’introduction du Barzaz Breiz, il est possible de retenir quelques procédés qui se<br />
manifestent dans ce chant comme dans les autres pièces du recueil.<br />
Tout d’abord, les chants populaires, en tant que textes oraux transmis de bouche à<br />
oreilles et mémorisés par cœur sont ponctués de répétitions, de refrains et de motifs<br />
récurrents facilitant leur mémorisation ainsi que leur réception. L’un des arguments<br />
avancés pour démontrer que les chants du Barzaz Breiz sont des faux est l’absence de<br />
ces répétitions. Dans le Livaden Geris par exemple, il n’y a pas de telles répétitions, le<br />
chant est relativement court, composé de cinq strophes et exempt de refrain. Sous<br />
couvert de rendre le chant plus dynamique, Théodore Hersart de La Villemarqué a donc<br />
96 Albert le Grand, La Vie de saint Corentin, (Page consultée Lundi 1 er Juin 2009) [En ligne].<br />
Adresse URL : (http://www.gwiler.net/saints/scorentin.htm).<br />
97 Emile Souvestre, op. cit., p. 234.<br />
98 Françoise Le Roux et Christian-J Guyonvarc’h, op. cit., p. 84.