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Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free

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rigoureuse, préférant la prise de note littérale à l’esthétique poétique de son aîné, il en<br />

vint à douter de l’authenticité des pièces du Barzaz Breiz d’une part, et de celle de la<br />

langue bretonne employé par Théodore Hersart de La Villemarqué. Cette dernière<br />

interrogation basée sur l’orthographe curieuse du poète a enflé jusqu’à la supposition<br />

erronée que Théodore Hersart de La Villemarqué ne savait tout simplement pas parler<br />

breton. Néanmoins, la première interrogation s’appuyait sur un travail autrement plus<br />

documenté par des années de recherches de contes et de chants populaires qui mènent<br />

François-Marie Luzel à interroger les méthodes de Théodore Hersart de La<br />

Villemarqué. La correspondance de François-Marie Luzel avec Ernest Renan est<br />

éclairante, et « contient la première analyse concrète des méthodes de travail de la<br />

Villemarqué : Plus j’avance dans mon travail et plus je me convaincs que M. de la<br />

Villemarqué a joué chez nous le rôle de Mac Pherson et qu’il nous trompe tous depuis<br />

plus d’un quart de siècle. […] je crois que les chants anciens, jusqu’au XVIème siècle<br />

au moins sont souvent entièrement de sa composition, et quand ils ne le sont pas, ce<br />

sont des poésies réellement répandues dans le peuple, mais qu’il a adroitement<br />

détournées de leur destination originelle pour les rattacher à quelque fait marquant de<br />

notre histoire nationale 65 », et lorsqu’il demande conseil à Renan sur la marche à<br />

suivre, ce dernier répond que « La science a pour loi suprême la sincérité absolue. Dites<br />

tout ce que vous pensez, mais dites le sans personnalité. […] Sa publication est nulle<br />

sous le rapport de la critique et de la philologie. Mais je ne crois pas qu’il ait fabriqué<br />

de pièces, ni même qu’il ait fait des altérations ou des interpolations, sciemment<br />

voulues 66 ». Les éléments à charge sont prêts, cependant ce n’est pas François-Marie<br />

Luzel mais une note de René-François Le Men dans son édition du catholicon qui<br />

amorce les hostilités en parlant de ce « Recueil [le Barzaz Breiz] dont le succès fait le<br />

plus grand honneur à son auteur mais qui n’a pas la moindre authenticité au point de<br />

vue littéraire ou historique […] des pièces qui le composent, en effet, celles qui sont<br />

relatives à Gwenc’hlan, à la ville d’<strong>Ys</strong>, […] sont de l’invention de M. de La<br />

Villemarqué. Jouez au barde, à l’archi-barde, ou même au druide si cela vous amuse,<br />

mais n’essayez pas de fausser l’Histoire par vos inventions. La vérité se fera jour tôt ou<br />

tard, et de vos tentatives malhonnêtes, il ne vous restera que le mépris 67 ». Théodore<br />

65 Françoise Morvan, François-Marie Luzel : Enquête sur une expérience de collecte folklorique en<br />

Bretagne, Rennes, Terre de brume : Presses universitaires de Rennes, Bibliographie, 1999, p. 168.<br />

66 Op. cit., p. 169.<br />

67 Op. cit., p. 170.

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