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Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free

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celtes, les mythes font l’objet d’une transmission exclusivement orale, le recours à<br />

l’écrit ne se fera que très tard, et en outre, les celtes du continent ne l’emploieront pas. A<br />

contrario, la légende, « du latin legendus, participe futur, devant être lu, de legere,<br />

lire 25 » présente un « récit populaire reposant sur un fond historique plus ou moins<br />

altéré, ou du moins prétendu historique 26 ». Ce qui est très précisément le cas ici,<br />

puisque la ville d’<strong>Ys</strong> ainsi que le roi Gradlon et les saints 27 qui gravitent autour sont<br />

supposés être historiques. De plus, la légende se rapproche, contrairement au mythe, du<br />

genre écrit.<br />

Ainsi du mythe à la légende, il est possible de voir en Dahud 28 une réminiscence<br />

de la banshee, thèse de Christian Guyonvarc’h, qui trouve sa confirmation dans les<br />

nombreuses variantes folkloriques présentes sur le continent. En Bretagne, les banshees<br />

peuvent être assimilées aux lavandières 29 et autres femmes mystérieuses qui arpentent<br />

les landes, la nuit venue, ou encore aux Marie Morgane 30 , toutes ces femmes de l’autre<br />

monde reléguées au rang de tentatrices par la christianisation du folklore. Le Braz, dans<br />

La <strong>Légende</strong> de la Mort rapporte ainsi plusieurs versions de la légende d’<strong>Ys</strong> où<br />

interviennent ces personnages proches de la banshee. Dans la partie « La Ville d’Is », il<br />

raconte comment deux jeunes hommes refusent d’aider une vieille femme.<br />

Ou encore un peu plus loin :<br />

25 Ibid.<br />

26 Ibid.<br />

- Maudits soyez vous ! s’écria alors la vieille. Si vous m’aviez<br />

répondu : oui, vous auriez ressuscité la ville d’Is.<br />

Et sur ces mots, elle disparut 31 .<br />

27 Ibid. A propos des saints et des réécritures hagiographiques, il faut remarquer de manière subsidiaire<br />

que la première définition que le Littré donne à « légende » est « Livre contenant les actes des saints pour<br />

toute l'année, et ainsi appelé parce qu'à certains jours on désignait la portion qui devait être lue. »<br />

28 Christian-J. Guyonvarc’h donne pour signification à Dahud, « *dago-soitis, ‘la bonne sorcière’ ou<br />

plutôt ‘la bonne magie’ », ce qui se retrouve dans le titre du chapitre sixième de Bran Ruz, « Dahud (La<br />

bonne sorcière) », p. 85.<br />

29 Les lavandières de la nuit sont des femmes mystérieuses qui proposent à ceux qui s’aventurent dans la<br />

lande de nuit de les aider à tordre le linge. Mais malheur à celui qui les aide, car elles se mettront à tordre<br />

le linge si violement qu’elles brisent les os du pauvre homme, le tuant parfois. Pour les contrer, il faut<br />

tourner le linge dans le même sens qu’elles, pour qu’elles se fatiguent et abandonnent. Une version de<br />

cette légende peut se trouver dans Le Foyer Breton d’Emile Souvestre (p. 144-155).<br />

30 La Marie Morgane est un équivalent breton à la sirène.<br />

31 Conté par Françoise Thomas à Penvénan.

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