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Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free

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avait voulu gommer une trop forte empreinte chrétienne 105 ». Cet aspect est plutôt<br />

étrange dans un recueil où la majorité des pièces sont étroitement liées à l’exaltation des<br />

vertus chrétiennes, ce qui fait dire à François-Marie Luzel que Théodore Hersart de La<br />

Villemarqué et ceux qui partagent ses points de vue constituent « le clan des bardes et<br />

des cléricaux ».<br />

Dans la nouvelle de Guy de Maupassant, la matière de la légende est encore plus<br />

édulcorée, mais chez cet auteur, l’affaiblissement du thème chrétien étonne moins. Un<br />

peu à la manière d’Emile Souvestre, la légende est un récit enchâssé dans un carnet de<br />

voyage, rapportée au narrateur par un personnage rencontré au cours de ses<br />

pérégrinations et que le narrateur nous rapporte à son tour. Chez Souvestre, il s’agissait<br />

« du vieux pêcheur », chez Guy de Maupassant, il s’agit du guide du narrateur, « Un<br />

homme qui parlait français, ayant navigué quatorze ans sur les navires de l'État 106 ». La<br />

spécificité de cette version de la légende tient en plusieurs points. Tout d’abord, le<br />

principe de la légende tout entier nous est relaté, sans luxe de détails, mais avec<br />

suffisamment de précisions pour que l’essentiel du mouvement de la légende soit<br />

retranscrit. Plus encore, les thématiques importantes de la légende sont mises en avant<br />

par l’élision de tout détail, et amplifiées par la conclusion placée par Guy de<br />

Maupassant à la fin du passage. « Cette légende est donc une histoire de Sodome<br />

arrangée à l'usage des dames 107 ».<br />

Ce faisant, Guy de Maupassant réécrit la légende en la réduisant selon le procédé<br />

que Gérard Genette nomme la concision, méthode hypertextuelle « qui se donne pour<br />

règle d’abréger un texte sans en supprimer aucune partie thématiquement significative,<br />

mais en la réécrivant dans un style plus concis, et donc en produisant un nouveau texte,<br />

qui peut à la limite ne plus conserver un seul mot du texte original. Aussi jouit-elle dans<br />

son produit, d’un statut d’œuvre que n’atteint pas l’excision 108 ».<br />

C’est à un processus inverse de celui de Guy de Maupassant auquel procède la<br />

mise à l’écrit par Charles Guyot de la légende armoricaine, qui se présente non plus<br />

comme un passage succinct dans une nouvelle mais comme un roman. Ce texte, d’après<br />

105 Françoise Le Roux et Christian-J Guyonvarc’h, op. cit., p. 87.<br />

106 Guy de Maupassant, Au Soleil, Sur l’Eau, En Bretagne, p. 219.<br />

107 Op. cit., p. 221.<br />

108 Gérard Genette, op. cit., p. 271.

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