Ys. Réécriture d'une Légende Armoricaine. - Ker Morigan - Free
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Aujourd’hui encore, […] en un<br />
certain point du lac, quand les eaux<br />
baissent et que leur fond est calme, on<br />
aperçoit des ruines de portiques et<br />
d’autres vestiges d’habitation 43 .<br />
- 20 -<br />
Depuis, […] quand la mer est calme,<br />
on aperçoit encore au fond de là baie<br />
les restes de la grande cité, et les<br />
dunes d'alentour sont pleines de<br />
ruines qui prouvent sa richesse 44 .<br />
Mais pour les auteurs de La <strong>Légende</strong> de la ville d’Is, les réécritures ultérieures de<br />
ce mythe fondateur sont au mieux des adaptations qui dénaturent ou oblitèrent le mythe<br />
de la femme de l’autre monde, au pire des hérésies pures et simples, car dénuées de tout<br />
fond mythique. Mais s’ils étudient la ville d’<strong>Ys</strong> du point de vue de la mythologie<br />
irlandaise, avec un soin et une rigueur scientifique, Françoise le Roux étant historienne<br />
des religions et Christian-J Guyonvarc’h linguiste et philologue, la présente étude<br />
abordera pour sa part la légende non pas d’un point de vue linguistique, ou<br />
ethnologique, mais du point de vue de la création littéraire. Car si les sources<br />
mythologiques sont manifestes, il faut convenir très vite qu’il ne semble pas y avoir de<br />
mythe de la submersion d’<strong>Ys</strong>, tandis que la légende reste suffisamment éloignée du<br />
mythe de la banshee, ou de celui du puits pour ne pas être réduite à cette seule<br />
dépendance. Sa construction littéraire provient semble-t-il de la collision de plusieurs<br />
mythes, contes et autres hagiographies, recomposés en légende.<br />
CHAPITRE II : CREATION HAGIOGRAPHIQUE<br />
C’est dans les hagiographies que la légende fait son apparition écrite, cela dit il<br />
semble périlleux d’indiquer la date de l’œuvre dans laquelle elle paraît initialement, en<br />
premier lieu parce que les données concernant cette information sont peu nombreuses et<br />
contradictoires, quand elles ne sont pas simplement erronées. Quoi qu’il en soit, ces<br />
premiers textes plantent le décor de <strong>Ker</strong> <strong>Ys</strong>, mettant en avant le personnage de Saint<br />
Gwénolé, supposé fondateur de l’abbaye de Landévennec, qui exhorte Gradlon à faire<br />
revenir vers le Christ les habitants de la cité dont les mœurs sont dissolues, invoquant la<br />
colère de Dieu. Parfois, il s’agit de saint Corentin, que Gradlon nomme évêque à<br />
43 Ibid.<br />
44 Emile Souvestre, Le Foyer Breton, pp. 245-246.