Voulez-vous danser ? - Laurent & GLV

36 Laurent Verreault et GLV
d’enseignement, de faire des expériences, de mettre la main à la
pâte dans les instruments en même temps que la tête dans les
schémas d’un livre.
Je n’en avais pas besoin plus qu’un autre jeune homme de mon
âge, mais dans cette confrérie de l’Aviation militaire, j’ai pris
contact et j’ai appris à vivre avec la discipline, le respect de
l’autorité, la règle, l’ordre autant dans mes sous-vêtements que
dans mes dossiers. J’ai appris à me lever le matin, à faire mon
lit, à laver, repasser et plier mes chemises, à travailler droit, à
m’organiser, à voler de mes propres ailes.
Mieux encore : l’Aviation a décidé que j’avais un bel avenir
en instrumentation électronique de vol. On m’a donc envoyé
à Clinton et à Trenton en Ontario, où en six mois, j’ai été
diplômé technicien en instrumentation, spécialisé dans l’électronique
aéronautique. En d’autres mots, je faisais l’entretien
des instruments de pilotage et de navigation des avions : pilotes
automatiques, altimètre, anémomètre, compas, radios et autres.
J’apprenais l’anglais aussi, mieux qu’avec les filles des patrons
de la CIP, mais sans savoir combien ça me serait utile plus tard !
Au début de 1959, j’avais dix-sept ans, un diplôme de technicien
dans ma poche et un contrat de cinq années avec l’Aviation. J’ai
été muté à la RCAF Station Chatham au Nouveau-Brunswick,
en Acadie. Établie à quelques kilomètres de la rivière Miramichi,
toute proche de la baie, la ville de Chatham était un endroit
agréable à vivre pour quelqu’un qui aime l’eau. Il était difficile
de faire mieux : je n’étais pas très cher payé, mais logé, habillé
et nourri. C’était bien davantage que ce que j’avais toujours eu,
je le gagnais avec mon propre travail et je devais le gérer tout
seul, moi-même. Ma famille, mes parents, ma sécurité de jeune
garçon, tout ça était loin de moi, j’entrais dans la vraie vie.