Voulez-vous danser ? - Laurent & GLV

52 Laurent Verreault et GLV
À Matane en Gaspésie
Justement : ça devient facile. La générosité de la vie fait prendre de
l’embonpoint, autour du ventre et dans la tête. Les défis chauds se
transforment lentement en quotidien tiède, puis en retraite froide.
Bonne Étoile est allée brasser la cage un peu.
— Monsieur Verreault, la compagnie accepte votre contreproposition
salariale et vous offre le poste de responsable
de l’instrumentation et du contrôle à l’usine de Matane.
— Parfait, monsieur le directeur. Quand est-ce que je
commence ?
— Dès janvier prochain. Bonne chance, monsieur Verreault.
Tu parles. Premièrement, la compagnie ne m’offrait pas le
poste : je me suis présenté moi-même parce qu’ils n’ont trouvé
personne qui voulait quitter La Tuque pour aller prendre le
travail de technicien en instrumentation et contrôle et soutenir
les jeunes frais arrivés. Ensuite, mon salaire baissait en allant
là sans ancienneté. J’ai du plaisir à travailler, mais il y a bien
des limites : j’ai négocié serré ! Enfin, « bonne chance »… La
chance, monsieur, ça se fabrique.
J’avais fait presque cinq ans à Chatham, presque cinq ans à
La Tuque, il était temps de relever d’autres défis, de ne pas
trop prendre racine, de nous rapprocher de la famille de Maria,
de stimuler la mobilité. Au début de 1968, je suis devenu
technicien à Matane : je tombais du nid ! Plus de vieux routiers
pour me suggérer des solutions, plus de vieilles méthodes
ni de vieux gestes pour des vieilles machines, plus de
gérant à qui confier mes problèmes difficiles. Maintenant,
c’est moi le responsable…