Voulez-vous danser ? - Laurent & GLV

44 Laurent Verreault et GLV
ces hommes dont le rôle est de gagner l’argent de la famille. À
Maria on dit : ton Laurent est toujours en dehors ! Elle répond :
« Il est parti faire ce qu’il a à faire, et qu’il aime. Je suis fière de
son succès. » Pour ça, quand ses hommes sont de retour, son
mari et maintenant son fils, ils sont toujours heureux de revenir,
positifs, en sourire, ils ne bougonnent pas, ne critiquent pas.
Elle sait comment supporter son grand bonhomme et ses
difficultés, comment flatter en même temps dans le sens et à
rebrousse-poil, pour calmer et stimuler à la fois. Elle a aussi
toujours géré son domaine à elle comme elle l’entend, c’est-àdire
droit et vers l’avant, et encore aujourd’hui : budget, famille,
enfants, petits-enfants, maison et entourage. Sans que je m’en
mêle et surtout sans qu’elle se mêle de mon domaine à moi.
Nous avons toujours su profiter des plaisirs de la vie ensemble,
à notre mesure. Aujourd’hui on s’offre bien ce qu’on désire ;
dans nos premiers temps, comme beaucoup autour de nous,
elle rangeait des petites piastres dans des enveloppes. Avec le
surplus, on allait tout réjouis au Pignon Rouge deux fois par
année, manger un riz frit pour deux et boire un Coke à deux
pailles, pendant que ma mère gardait les petits.
Nous n’avons jamais été seuls, nous étions deux : un plus un.
Par elle-même, Maria est partie de chez elle toute jeune pour
aller à La Tuque, chez mes parents qu’elle ne connaissait pas,
étrangère avec son accent acadien, enceinte de notre aîné. Elle
a accouché par elle-même avant mon arrivée, pendant que je
faisais notre déménagement. Ensuite, elle m’a suivi partout, à
Matane, à Saint John, au Cap-de-la-Madeleine, partout, dans
nos boîtes avec nos enfants sur les bras, à tout rebâtir par ellemême.
En 1975, Maria a affronté sans hésiter le risque énorme
de Laperrière & Verreault, avec courage et seulement deux
questions : pourquoi ? et vas-tu être plus heureux ? Par elle-même,