Voulez-vous danser ? - Laurent & GLV

92 Laurent Verreault et GLV
Certainement plus gourmande aussi en carburant, mais nous
connaissions la pompe à essence la plus commode : la « manière
de générer de l’argent » dont me parlait sans cesse Bernard
Lemaire est de faire appel à l’épargne publique en inscrivant la
compagnie en bourse.
Nous avions la chance à ce moment de pouvoir aussi nous
inscrire au nouveau Régime d’épargne-actions du gouvernement
du Québec. Cette disposition fiscale permettait depuis
1979 aux petits épargnants d’acheter des actions de compagnies
et de payer moins d’impôt sur l’argent placé. Jusqu’en
1986, le REA avait généré près de deux milliards de dollars de
financement privé pour l’ensemble du Québec entrepreneurial.
Nous avions des projets d’acquisition de nouveaux équipements
et de propriété intellectuelle, nous avions besoin d’argent
frais. Sur les conseils de Bernard Lemaire, nous sommes donc
devenus une société publique, inscrite en bourse à Montréal.
Nous avons émis un million d’actions valant chacune quatre
dollars, en espérant en vendre le plus possible, bien sûr. Nous
étions certains de la qualité de notre produit.
Le changement majeur dans le fait de devenir une société
publique est l’arrivée d’un conseil d’administration. Ce groupe
de « sages » est élu parmi les actionnaires pour conseiller les
dirigeants de l’entreprise : nous restons les patrons dans
l’opération quotidienne, mais nous devons respecter les
orientations à long terme et les décisions de nos guides. C’est
un peu plus lent mais on peut aller plus loin en profitant du
flair, des connaissances et du savoir-faire des administrateurs.
Le conseil pourrait aussi servir de coussin entre les trois coqs
en action ! Disons que Jean, Louis et moi avons chacun notre
caractère fort, impulsif et parfois explosif. Le frottement des
ego pour la prise de décisions crée souvent des étincelles…
et même souvent du feu !