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Il va dans le même sens du choix des termes connotateurs de conte<br />

merveilleux, lorsqu’il rend l’unité « avoir pénétré au pays défendu » (10) par « am<br />

pătruns pe tărîmul oprit » (35) où l’équivalent roumain est un terme consacré par<br />

les contes populaires.<br />

Pour rester à la géographie affective de Marthe Bibesco, ailleurs, pour<br />

rendre le terme « pays » (« J’appris d’abord par les lettres, la géographie de leur<br />

amitié : c’était celle d’un petit pays » (13)) le traducteur s’arrête à « ţinut » (« Prin<br />

scrisori am aflat mai întîi geografia prieteniei lor, geografia unui mic ţinut », 37)<br />

ce qui annonce, en quelque sorte le traducteur de Bonnefoy du livre L’arrière-pays<br />

qui devient en sa version roumaine Ţinutul dinlăuntru (2004).<br />

Souvent le traducteur préfère un terme plus vigoureux, plus suggestif que<br />

l’auteur : ainsi pour le « mutisme des neiges » dont parle la Princesse, il préfère<br />

« muţenia nămeţilor » (49), où nămeţi (congères) est plus fort que zăpezi<br />

(neiges) ; pour « un viatique qui me durerait autant que mes onze mois d’ennui »<br />

(28-29 ), il dit « o merinde care să-mi ajungă de-a lungul celorlalte unsprezece<br />

luni de urît » (49), en préférant pour un terme à coloration technique « viatique »,<br />

un à coloration populaire et ancienne « merinde ».<br />

Le même type de choix est visible dans la traduction du terme<br />

néologique, neutre, objectif « la preuve de ma véracité » (134) que le traducteur<br />

rend par une périphrase à tonalité affective et légèrement vétuste « întru adeverire »<br />

(127).<br />

Les <strong>text</strong>es en vers insérés dans la prose de Marthe Bibesco font la joie du<br />

traducteur et également du traductologue qui, vingt ans plus tard, réalise une<br />

critique comparative des deux versions données à ce <strong>text</strong>e, dont l’une s’avère être<br />

très maladroite. Il s’agit de la traduction de la poésie de Robert de Montesquiou<br />

faite par Florina Grecescu que, mécontent et révolté, le critique qualifie de<br />

« prétendue » traduction, de « suite inqualifiable de termes » (2003 : 107), sans<br />

doute dans le sens qu’elle ne mérite pas le nom de traduction. L’unité sur laquelle<br />

le traductologue oriente son regard est « sur l’antique chagrin », reprise par<br />

« durere strămoşească » [douleur ancestrale] en la version de Tudor Ionescu et<br />

rendue avec un contre-sens grossier par Florica Grecescu – « pe pielea antică<br />

presată » [sur la peau antique pressée] –, où la traductrice fait, sans doute, référence<br />

à la peau de l’animal « chagrin » (Ionescu 2003 : 108-109). Le contre-sens est<br />

d’autant plus fâcheux que dans le livre de Marthe Bibesco on trouve des réflexions<br />

particulières portant sur le chagrin comme : « Car pour Marcel Proust le chagrin<br />

est un lieu géographique où nous nous retrouvons tous » (63), bien traduite par<br />

Tudor Ionescu « Căci pentru Marcel Proust, suferinţa este un loc geografic în care<br />

ne regăsim cu toţii » (74), ou des syntagmes très suggestifs pour le sens du même<br />

terme comme « cette somme de chagrin » (71), rendu par « toată această durere »<br />

(80).<br />

La même traductrice rend le pronom « vous » par « dumneavoastră »,<br />

équivalence maladroite réalisée par une correspondance de type didactique, ce qui<br />

alourdit le vers et brise sa musicalité, tandis que le traducteur de Cluj procède par<br />

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