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e defined as a work whose status as ‗original‘ or ‗derivative‘ is, for<br />

whatever social or <strong>text</strong>ual reason, problematic. (2000 : 183)<br />

Il peut s‘agir d‘un <strong>text</strong>e original qui est perçu comme ou se donne pour<br />

une traduction ou d‘une traduction qui est perçue comme ou se donne pour un<br />

original (idem). Toury restreint le champ de cette définition à la première des deux<br />

catégories, dont fait partie d‘ailleurs le <strong>text</strong>e que nous avons retenu pour notre<br />

analyse, et évite ainsi les possibles recoupements avec la réécriture :<br />

It is <strong>text</strong>s which have been presented as translations with no<br />

corresponding source <strong>text</strong>s in other languages ever having existed –<br />

hence no factual ‗transfer operations‘ and translation relationship –<br />

that go under the name of pseudotranslations, or fictitious translations.<br />

(1995 : 40)<br />

Dans l‘histoire de la littérature, il y a des pseudotraductions célèbres,<br />

devenues parfois des modèles d‘écriture 1 : les poèmes d‘Ossian de James<br />

Mapherson, la Kalevala d‘Elias Lönrott, les poèmes médiévaux de Chatterton, Don<br />

Quichotte – présenté par Cervantes comme la traduction d‘un <strong>text</strong>e arabe (voir<br />

Bahous 2010 pour une analyse de celui qui est plus qu‘« simple narrateur ‗intrus‘ »<br />

(240) dans ce roman), Pierre Ménard, auteur de Don Quichotte par Jorge Luis<br />

Borges, Le Livre de Mormon (Chesterman 1997 : 59 ; Robinson 2000 : 183-5 ;<br />

Toury 1995 : 40-52 ; Toury 1997).<br />

Quant aux raisons qui expliquent ce statut, elles peuvent différer<br />

énormément d‘un cas à l‘autre. Grâce à la distance supposée entre l‘« auteur » et la<br />

culture cible, la pseudotraduction peut servir à des fins diverses : parodier (Bahous<br />

2010 : 241) ; faire passer une innovation littéraire dans le polysystème visé, car, on<br />

le sait bien il est plus facile d‘accepter des nouveautés, des déviations, voire des<br />

excentricités, venant de l‘extérieur (surtout d‘une culture jouissant de prestige dans<br />

la culture cible ; Toury 1995 : 28, 41-42) que de l‘intérieur ; protéger l‘auteur, si ce<br />

dernier a peur ou honte de reconnaître ses propres écrits (voir Gómez Castro 2006).<br />

De toute manière, la pseudotraduction a très souvent des motivations individuelles,<br />

même lors des périodes où elle atteint les dimensions d‘un phénomène dans la<br />

culture cible (Toury 1995 : 43), et elle est synonyme dans une certaine mesure de<br />

liberté. (Robinson 2000 : 183-4 ; Toury 1995)<br />

Sur le plan strictement traductologique, ces traductions fausses ou fictives<br />

présentent un intérêt particulier, car elles peuvent aider à comprendre quels sont les<br />

traits communément acceptés dans une certaine culture cible à une époque donnée<br />

comme qualifiant un <strong>text</strong>e de « traduction » et aussi les rouages <strong>text</strong>uels qui<br />

permettent à un <strong>text</strong>e de fonctionner comme traduction (voir surtout Toury 1995 :<br />

45-46). Les propos de Sherry Simon vont dans la même direction, suggérant que<br />

les pseudotraductions en Occident sont surtout une histoire de trahison :<br />

Ces traductions déviantes — qui ne vont pas droit au but, qui<br />

mélangent les genres — seraient-elles des perversions? Pervertir la<br />

traduction, ce n‘est qu‘accaparer en sa faveur une forte tradition<br />

1 À cet égard, voir aussi Antoine Berman (1988 : 24).<br />

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