Echos du mon<strong>de</strong> Je suis un humain qui peint + Serres A<strong>la</strong>in et Corvaisier Laurent ill. Rue du Mon<strong>de</strong>, 2010 « Vaste Mon<strong>de</strong> » - 22,50 € Un véritable voyage au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne <strong>de</strong> Laurent Corvaisier qui évoque son enfance, son milieu familial, son rapport au <strong>de</strong>ssin dès l’école, les peintres qui l’ont influencé ainsi que son travail <strong>de</strong> création. Sous nos yeux, une toile prend vie alors que l’artiste raconte avec poésie toutes les étapes <strong>de</strong> sa réalisation jusqu’à <strong>la</strong> signature. Dans l’univers <strong>de</strong> son atelier, les couleurs dialoguent, les <strong>de</strong>ssins envahissent les carnets <strong>de</strong> croquis. Avec simplicité et passion, Laurent Corvaisier dit ses émotions, ses hésitations, sa joie à disposer ses travaux au moment <strong>de</strong> l’accrochage et son bonheur au moment du vernissage. Le texte poétique d’A<strong>la</strong>in Serres est nourri <strong>de</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong> amitié entre les <strong>de</strong>ux hommes et <strong>de</strong> <strong>la</strong> proximité <strong>de</strong> leurs points <strong>de</strong> vue dans le travail. Les peintures à l’acrylique, les carnets et sérigraphies, les totems sur bois illustrent <strong>de</strong> manière ludique et pédagogique les différentes étapes du travail <strong>de</strong> l’artiste qui se définit un humain qui peint. La jeune fille à <strong>la</strong> plume + Sturtevant Katherine traduit <strong>de</strong> l’ang<strong>la</strong>is (Gran<strong>de</strong>-Bretagne) Bayard Jeunesse, 2009 « Estampille » - 11,90 € Londres, 1681. Fille <strong>de</strong> libraire, Meg écrit, en cachette, <strong>de</strong>s romans qu’elle voudrait aussi palpitants que ceux <strong>de</strong> Mlle <strong>de</strong> Scudéry, en France. Car écrire, c’est inconvenant pour une femme. Son temps est <strong>de</strong> toute façon bien occupé, entre les heures passées à tenir <strong>la</strong> librairie paternelle et ses visites à sa meilleure amie qui est enceinte. Dans sa vie, il y a aussi Will, apprenti à <strong>la</strong> librairie, qui espère bien l’épouser, et Edward, le négociant, qui s’est déc<strong>la</strong>ré mais qu’elle a éconduit. Parti faire du négoce au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mers, Edward a été capturé par les Barbaresques et vendu comme esc<strong>la</strong>ve à Alger. Entre l’un, futur libraire, mais opposé à ce qu’une femme écrive, et l’autre, voué au commerce, bien loin <strong>de</strong>s livres, Meg est tiraillée. Comment concilier l’obéissance due à son père et à son futur époux avec ce besoin <strong>de</strong> liberté qui vibre en elle, cette vocation d’écrire qui représente toute sa vie ? Avec cette jeune fille à <strong>la</strong> plume, nous entrons dans le Londres du XVII e siècle et son milieu <strong>de</strong> commerçants petitsbourgeois. Plus heureuse que d’autres, + facile ++ un peu difficile +++ difficile ++++ très difficile mariées <strong>de</strong> force, l’héroïne a le luxe d’hésiter. Bien <strong>de</strong>s thèmes parcou- rent ce récit, les détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie d’une famille cultivée, les portraits d’écrivains venant se faire éditer à <strong>la</strong> librairie, le sort <strong>de</strong>s malheureux capturés par les corsaires musulmans. Mais plus que tout, c’est <strong>la</strong> personnalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> narratrice qui est au cœur du livre. Sa vocation, entravée par les convenances d’une époque trop étroite pour elle, est mise en parallèle avec <strong>la</strong> condition <strong>de</strong>s esc<strong>la</strong>ves rêvant <strong>de</strong> liberté. Dans ce roman tout en subtilité, <strong>la</strong> jeune fille saura trouver sa voie entre l’art d’écrire ou celui d’aimer. Miss Charity + Murail Marie-Au<strong>de</strong> et Dumas Philippe ill. L’École <strong>de</strong>s loisirs, 2008 - 24,80 € Charity Tid<strong>de</strong>r vit dans <strong>la</strong> bonne société ang<strong>la</strong>ise <strong>de</strong>s années 1880. Ses parents distants et ennuyeux ne s’occupent pas d’elle <strong>de</strong>puis que ses <strong>de</strong>ux petites sœurs sont mortes et sa mère, fervente pratiquante, ne jure que par <strong>la</strong> religion. Dé<strong>la</strong>issée, <strong>la</strong> petite Charity se réfugie tout en haut <strong>de</strong> sa maison en compagnie <strong>de</strong> Tabitha, sa gouvernante et amie : elle élève <strong>de</strong>s souris, dresse un <strong>la</strong>pin, apprend Shakespeare par cœur, se passionne pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s champignons et le <strong>de</strong>ssin animalier. Et ce n’est pas convenable pour une jeune fille <strong>de</strong> ce milieu. Va-t-elle pouvoir vivre sa vie et refuser les contraintes <strong>de</strong> sa condition ? Ne vous <strong>la</strong>issez pas impressionner par l’épaisseur <strong>de</strong> ce roman car voilà un récit extraordinaire enjolivé par les magnifiques illustrations <strong>de</strong> Philippe Dumas et parsemé <strong>de</strong> dialogues en retrait à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> <strong>la</strong> com- tesse <strong>de</strong> Ségur. Tout ce<strong>la</strong> lui confère un charme suranné, plein <strong>de</strong> fraîcheur et <strong>de</strong> ravissement. Une fois ouvert, on ne le lâche pas et on se passionne pour l’histoire singulière <strong>de</strong> cette enfant qui <strong>de</strong>viendra une jeune fille autonome et heureuse, saura rester elle-même et croire en ses rêves dans une société où les femmes doivent se plier aux règles. On reconnaît dans ce <strong>de</strong>stin d’écrivain illustratrice le parcours romancé <strong>de</strong> Béatrix Potter et on se réjouit <strong>de</strong> l’hommage. Un enchantement ! sommaire in<strong>de</strong>x - 44
Crimes <strong>de</strong> papier