chapitre 8 politiques et stratégies de lutte contre la corruption - PNUD
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Encadré 8. Les corrupteurs protégés<br />
Le 02/12/02 dans <strong>la</strong> matinée, mon chauffeur a été arrêté par un policier municipal à Ouagadougou. Il a<br />
brûlé un feu rouge. Son permis a été r<strong>et</strong>iré. Il <strong>de</strong>vait revenir à 15 heures avec une somme <strong>de</strong> 4 800<br />
francs CFA pour récupérer son permis. Je continuais à Kaya. La nuit, mon chauffeur me rejoint. Je lui<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> son reçu <strong>de</strong>s 4 800 francs. Il dit: j’ai discuté avec un autre policier <strong>et</strong> il a <strong>de</strong>mandé 2 000<br />
francs sans reçu. Je suis allé voir le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> police municipale, Monsieur Konsimbo Pierre<br />
C<strong>la</strong>ver. Il faisait semb<strong>la</strong>nt d’être furieux. Mon chauffeur assurait qu’il reconnaîtrait le policier qui lui a<br />
rendu le permis s’il le voyait. La réaction <strong>de</strong> Monsieur Konsimbo non il ne pouvait pas accepter que<br />
mon chauffeur aille chercher un policier corrupteur dans <strong>la</strong> caserne, <strong>et</strong> monsieur le directeur ne pouvait<br />
pas non plus savoir qui a remis le permis (pour 2 000 francs) à mon chauffeur. J’ai mis ma p<strong>la</strong>inte par<br />
écrit <strong>et</strong> envoyé l’ampliation à monsieur le maire <strong>de</strong> Ouagadougou <strong>et</strong> au ministre <strong>de</strong> l’administration<br />
territoriale <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation. Le 05/12/02, monsieur le maire Simon Compaoré m’a appelé <strong>et</strong> ne<br />
présence <strong>de</strong> son premier adjoint Monsieur Martin Ouédraogo <strong>et</strong> <strong>de</strong> son chef <strong>de</strong> cabin<strong>et</strong>. Ils faisaient tous<br />
semb<strong>la</strong>nt d’être furieux. J’exprimais aussi mon indignation sur le fait qu’au bureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> police toute<br />
personne pouvait prendre <strong>de</strong>s documents aussi importants qu’un permis <strong>de</strong> conduire, sans qu’on puisse<br />
r<strong>et</strong>rouver qui a pris le document <strong>et</strong> encore moins ce qu'il avait fait du document. J’ai dit que le directeur<br />
d’un tel service est incompétent pour ce travail <strong>et</strong> <strong>de</strong>vrait être <strong>de</strong>stitué immédiatement. À ce moment, le<br />
ton changeait <strong>et</strong> les batteries pour <strong>la</strong> protection du policier étaient mises en position. Mon chauffeur était<br />
au fond le responsable car il avait accepté <strong>de</strong> payer 2 000 francs sans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un reçu. Quant à moi, ce<br />
n’était pas à moi <strong>de</strong> juger <strong>la</strong> compétence du directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> police. J’ai répondu qu’un simple chauffeur<br />
ne pouvait pas faire face à un policier. Et moi, j’ai <strong>la</strong> liberté d’exprimer mes pensées sur <strong>la</strong> compétence<br />
du directeur.<br />
Le 19/12/02, j’ai téléphoné à monsieur Martin Ouédraogo pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s nouvelles du policier<br />
corrupteur mais il m’a dit <strong>de</strong> m’adresser à Monsieur le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> police. Le même jour, je visitais<br />
Monsieur Konsimbo Pierre C<strong>la</strong>ver qui me dit que son adjoint poursuivait le dossier. Le 28/12/02, les 4,<br />
8 <strong>et</strong> 9 janvier, j’ai téléphoné <strong>de</strong> nouveau à Monsieur Konsimbo, il était toujours sorti. Le 20 janvier j’ai<br />
eu <strong>de</strong> <strong>la</strong> veine. J’ai entendu que <strong>la</strong> réceptionniste disait au directeur que le Père Balemans vou<strong>la</strong>it lui<br />
parler <strong>et</strong> il a répondu qu’elle n’a qu’à dire qu’il était sorti, je lui ai répondu que j’ai compris les sorties<br />
du directeur. La police municipale a eu à ses débuts le renommée d’être intègre mais avec <strong>de</strong>s patrons<br />
qui protègent <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>, c<strong>et</strong>te intégrité s’est assez vite affaiblie.<br />
Bonne nouvelle: un cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> police qui voyait qu’un policier empochait 2 000 francs pour rendre <strong>la</strong><br />
mobyl<strong>et</strong>te d’une dame qui avait brûlé un feu rouge, est intervenu <strong>et</strong> a obligé le policier corrupteur à<br />
rendre les 2 000 francs à <strong>la</strong> dame.<br />
F. Balemans<br />
Le Pays N° 2837 du 18 mars 2003<br />
"Corruption <strong>et</strong> développement humain"<br />
Politiques <strong>et</strong> <strong>stratégies</strong> <strong>de</strong> <strong>lutte</strong> <strong>contre</strong> <strong>la</strong> <strong>corruption</strong> 185