BINET ET SIMON. — DU NIVEAU INTELLECTUEL DES ANORMAUX 205 débi<strong>le</strong>s. Il faut <strong>le</strong>s examiner de près, et rechercher si, malgré cette allure spécia<strong>le</strong>, ils connaissent réel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s noms des objets. Une réprimande, faite doucement, <strong>le</strong>s met parfois dans la bonne voie : « Mais non, fais attention, tu vas trop vite »;
206 MÉMOIRES ORIGINAUX et si on <strong>le</strong>ur répète la question, ils font souvent une désignation juste. Dans d'autres cas, on observe des erreurs par suggestibilité. Le sujet paraît s'imaginer qu'il commettrait une faute s'il ne désignait aucun objet, quand on lui pose la question ; et par complaisance, par timidité, il fait une désignation erronée, <strong>pour</strong> un objet dont il ne connaît pas <strong>le</strong> nom, ou qu'il ne réussit pas à trouver. Notons encore l'attitude plus raisonnab<strong>le</strong> de ceux qui, ne connaissant pas l'objet de nom, s'abstiennent de <strong>le</strong> désigner, en continuant à chercher, ou répondent nettement : « Je ne sais pas ». Il est rare qu'un imbéci<strong>le</strong> dise cette toute petite phrase : « Je ne sais pas ». L'aveu d'ignorance est une preuve de jugement qui est toujours une bonne note. 9. Nomination des objets désignés. — Cette épreuve est l'i nverse de la précédente, el<strong>le</strong> atteste <strong>le</strong> passage de la chose au mot. 'Nous exécutons l'épreuve au moyen d'images. Procédé. — On se sert d'une seconde image coloriée, empruntée au même recueil que la précédente. Nous la plaçons devant <strong>le</strong>s yeux de l'enfant, et nous désignons avec un crayon divers objets, en demandant chaque fois : a Qu'est-ce que c'est que ça? » Les objets sur <strong>le</strong>squels nous posons notre crayon indicateur sont : la petite fil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> chien, <strong>le</strong> garçonnet, <strong>le</strong> père, l'allumeur de réverbères, <strong>le</strong> ciel, l'affiche. Pour l'allumeur, nous demandons ce qu'il fait. Ici comme ail<strong>le</strong>urs, il n'est nécessaire d'épuiser la série complète de questions que lorsque <strong>le</strong> sujet échoue. Une ou deux réponses positives sont suffisantes et di spensent <strong>du</strong> reste. Cet exercice permet de connaître <strong>le</strong> vocabulaire de l'enfant et sa prononciation. Les défauts de prononciation, si fréquents dans <strong>le</strong> jeune âge, sont une source sérieuse d'embarras. Il faut souvent une oreil<strong>le</strong> bien in<strong>du</strong>lgente <strong>pour</strong> reconnaître <strong>le</strong> mot juste dans un murmure indistinct et très bref. On est obligé de mettre un point d'interrogation. Ajoutons aux difficultés pro venant des défauts de prononciation, cel<strong>le</strong>s que pro<strong>du</strong>it l'emploi d'un vocabulaire spécial; beaucoup de petits enfants normaux se servent d'un vocabulaire forgé ou déformé par eux, qu'ils sont seuls, avec <strong>le</strong>urs parents, à comprendre. Remarque additionnel<strong>le</strong>. — Les épreuves 7, 8, 9 ne consti tuent pas des degrés, dans <strong>le</strong> sens rigoureux <strong>du</strong> mot, c'est-à- dire des tests correspondant à des <strong>niveau</strong>x différents d'intell igence. Nous avons constaté <strong>le</strong> plus souvent chez lés anormaux u