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<strong>en</strong> arriverons à ce qui concerne la Grèce. Là égalem<strong>en</strong>t, le VIe siècle fut le point de<br />

départ de la civilisation dite « classique », la seule à laquelle les modernes reconnaiss<strong>en</strong>t<br />

le caractère « historique », et tout ce qui précède est assez mal connu pour<br />

être traité de « lég<strong>en</strong>daire », bi<strong>en</strong> que les découvertes archéologiques réc<strong>en</strong>tes ne permett<strong>en</strong>t<br />

plus de douter que, du moins, il y eut là une civilisation très réelle ; et nous<br />

avons quelques raisons de p<strong>en</strong>ser que cette première civilisation hellénique fut beaucoup<br />

plus intéressante intellectuellem<strong>en</strong>t que celle qui la suivit, et que leurs rapports<br />

ne sont pas sans offrir quelque analogie avec ceux qui exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre l'Europe du moy<strong>en</strong><br />

âge et l'Europe moderne. Cep<strong>en</strong>dant, il convi<strong>en</strong>t de remarquer que la scission ne fut pas<br />

aussi radicale que dans ce dernier cas, car il y eut, au moins partiellem<strong>en</strong>t, une réadaptation<br />

effectuée dans l'ordre traditionnel, principalem<strong>en</strong>t dans le domaine des «<br />

mystères » ; et il faut y rattacher le Pythagorisme, qui fut surtout, sous une forme<br />

nouvelle, une restauration de l'Orphisme antérieur, et dont les li<strong>en</strong>s évid<strong>en</strong>ts avec le<br />

culte delphique de l'A pollon hyperboré<strong>en</strong> permett<strong>en</strong>t même d'<strong>en</strong>visager une filiation<br />

continue et régulière avec l'une des plus anci<strong>en</strong>nes traditions de l'humanité. Mais,<br />

d'autre part, on vit bi<strong>en</strong>tôt apparaître quelque chose dont on n'avait <strong>en</strong>core eu aucun<br />

exemple, et qui devait, par la suite, exercer une influ<strong>en</strong>ce néfaste sur toast le monde<br />

occid<strong>en</strong>tal: nous voulons parler de ce mode spécial de p<strong>en</strong>sée qui prit et garda le nom<br />

de « philosophie » ; et ce point est assez important pour que nous nous y arrêtions<br />

quelques instants.<br />

Le mot « philosophie », <strong>en</strong> lui-même, peut assurém<strong>en</strong>t être pris <strong>en</strong> un s<strong>en</strong>s fort légitime,<br />

qui fut sans doute son s<strong>en</strong>s primitif, surtout s'il est vrai que, comme on le<br />

prét<strong>en</strong>d, c'est Pythagore qui l'employa le premier : étymologiquem<strong>en</strong>t, il ne signifie ri<strong>en</strong><br />

d'autre qu' « amour de la sagesse » ; il désigne donc tout d'abord une disposition préalable<br />

requise pour parv<strong>en</strong>ir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une ext<strong>en</strong>sion<br />

toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à<br />

la connaissance. Ce n'est donc qu'un stade préliminaire et préparatoire, un acheminem<strong>en</strong>t<br />

vers la sagesse, un degré correspondant à un état inférieur à celle-ci 5 ; la<br />

déviation qui s'est produite <strong>en</strong>suite a consisté à pr<strong>en</strong>dre ce degré transitoire pour le<br />

but même, à prét<strong>en</strong>dre substituer la « philosophie » à la sagesse, ce qui implique l'oubli<br />

ou la méconnaissance de la véritable nature de cette dernière. C'est ainsi que prit naissance<br />

ce que nous pouvons appeler la philosophie «profane», c'est-à-dire une prét<strong>en</strong>due<br />

sagesse purem<strong>en</strong>t humaine, donc d'ordre simplem<strong>en</strong>t rationnel, pr<strong>en</strong>ant la place de la vraie<br />

sagesse traditionnelle, supra rationnelle et « non humaine ». Pourtant, il subsista<br />

<strong>en</strong>core quelque chose de celle-ci à travers toute l'antiquité; ce qui le prouve, c'est<br />

d'abord la persistance des « mystères », dont le caractère ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t « initiatique<br />

» ne saurait être contesté, et c'est aussi le fait que l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t des<br />

philosophes eux-mêmes avait à la fois, le plus souv<strong>en</strong>t, un côté « exotérique » et un<br />

côté « ésotérique », ce dernier pouvant permettre le rattachem<strong>en</strong>t à un point de vue supérieur,<br />

qui se manifeste d'ailleurs d'une façon très nette, quoique peut-être incomplète<br />

à certains égards, quelques siècles plus tard, chez les A lexandrins. Pour que la philosophie<br />

« profane » fût définitivem<strong>en</strong>t constituée comme telle, il fallait que l' «<br />

exotisme » seul demeurât et qu'on allât jusqu'à la négation pure et simple de tout «<br />

ésotérisme » ; c'est précisém<strong>en</strong>t à quoi devait aboutir, chez les modernes, le mouvem<strong>en</strong>t<br />

comm<strong>en</strong>cé par les Grecs ; les t<strong>en</strong>dances qui s'étai<strong>en</strong>t déjà affirmées chez ceux-ci devai<strong>en</strong>t<br />

être alors poussées jusqu'à leurs conséqu<strong>en</strong>ces les plus extrêmes, et l'importance excessive<br />

qu'ils avai<strong>en</strong>t accordée à la p<strong>en</strong>sée rationnelle allait s'acc<strong>en</strong>tuer <strong>en</strong>core pour <strong>en</strong><br />

arriver au « rationalisme », attitude spécialem<strong>en</strong>t moderne qui consiste, non plus même<br />

simplem<strong>en</strong>t à ignorer, mais à nier expressém<strong>en</strong>t tout ce qui est d'ordre supra rationnel;<br />

mais n'anticipons pas davantage, car nous aurons à rev<strong>en</strong>ir sur ces conséqu<strong>en</strong>ces et à <strong>en</strong><br />

voir le développem<strong>en</strong>t dans une autre partie de notre exposé.<br />

Dans ce qui vi<strong>en</strong>t d'être dit, une chose est à ret<strong>en</strong>ir particulièrem<strong>en</strong>t au point de<br />

vue qui nous occupe : c'est qu'il convi<strong>en</strong>t de chercher dans l'antiquité « classique »<br />

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