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tique ont t<strong>en</strong>dance à rechercher leur expression la plus complète et la plus distincte,<br />
partant d’un système de contradictions (très souv<strong>en</strong>t réconciliables et partiales) compliqué<br />
et multipolaire pour finir avec le schéma mondial des blocs.<br />
La Mer et la Terre ont atteint la dim<strong>en</strong>sion planétaire seulem<strong>en</strong>t au 20è siècle, <strong>en</strong><br />
particulier dans sa seconde moitié, lorsque les contours du modèle bipolaire se formèr<strong>en</strong>t<br />
finalem<strong>en</strong>t. La Mer trouva son expression finale avec les Etats-Unis et l’OTA N, la<br />
Terre s’incarna dans le conglomérat des pays socialistes – le Pacte de Varsovie. La division<br />
technologique de la planète <strong>en</strong> deux camps, chacun d’<strong>en</strong>tre eux étant la forme la<br />
plus pure d’un représ<strong>en</strong>tant de la paire géopolitique de civilisations, est surv<strong>en</strong>ue. La<br />
civilisation de la Mer s’est déplacée à travers l’histoire <strong>en</strong> direction des Etats-Unis<br />
et de l’A tlantique. Cep<strong>en</strong>dant ce chemin ne fut pas du tout direct. La civilisation de<br />
la Terre s’incarna dans sa forme la plus complète dans l’URSS. L’A tlantique et l’Eurasie<br />
étai<strong>en</strong>t stratégiquem<strong>en</strong>t intégrées, et les t<strong>en</strong>dances géopolitiques cachées,<br />
brillamm<strong>en</strong>t reconnues par Mackinder dans la base de la logique historique des espaces<br />
terrestres, atteignir<strong>en</strong>t leur plus grande dim<strong>en</strong>sion, la manifestation supérieure de la<br />
« guerre froide ».<br />
Mais au point culminant de l’histoire géopolitique du 20è siècle, le tournant géopolitique<br />
survint, qui troubla p<strong>en</strong>dant un certain temps la chaîne logique de la<br />
géopolitique <strong>en</strong> tant que sci<strong>en</strong>ce. L’émerg<strong>en</strong>ce d’un bloc stratégique séparé dans les<br />
années 20-30 <strong>en</strong> Europe – les pays de l’A xe – devint le plus grand obstacle, qui stoppa<br />
l’évolution organique de la civilisation de la Terre <strong>en</strong> tant que sujet géopolitique<br />
valable, posant les fondations de la future défaite.<br />
Les pays de l’A xe t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t d’affirmer leur indép<strong>en</strong>dance et leur autarcie géopolitique,<br />
ayant rejeté tous les faits et toutes les recommandations des écoles<br />
sci<strong>en</strong>tifiques. Le fascisme europé<strong>en</strong> fut, du point de vue géopolitique, un obstacle à<br />
l’expansion eurasi<strong>en</strong>ne naturelle des Soviets <strong>en</strong> direction de l’Ouest, mais il refusa<br />
aussi d’appliquer docilem<strong>en</strong>t la pure stratégie atlantiste.<br />
Une telle ambiguïté <strong>en</strong>trava sérieusem<strong>en</strong>t la cristallisation de l’image bipolaire du<br />
monde, am<strong>en</strong>a les guerres et les conflits intercontin<strong>en</strong>taux, qui <strong>en</strong>travèr<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t<br />
la t<strong>en</strong>dance, jusqu’à ce que le sujet contin<strong>en</strong>tal de la Terre eurasi<strong>en</strong>ne se constitue et<br />
créée sa propre stratégie géopolitique cohér<strong>en</strong>te.<br />
Le fascisme europé<strong>en</strong> apporta l’illusion irresponsable et désastreuse, au s<strong>en</strong>s géopolitique<br />
du terme, [de la possibilité] d’intérêts communs <strong>en</strong>tre la Mer (l’Occid<strong>en</strong>t) et<br />
la Terre (l’Ori<strong>en</strong>t), sous la forme d’un troisième sujet, qui du point de vue de la doctrine<br />
géopolitique ne pouvait être qu’une fiction, car il ne possédait pas une dim<strong>en</strong>sion<br />
géopolitique, géographique, historique et civilisationnelle suffisante. L’Europe<br />
(qu’elle soit fasciste ou pas) a seulem<strong>en</strong>t deux opportunités géopolitiques – soit être<br />
l’avant-poste occid<strong>en</strong>tal de l’Ori<strong>en</strong>t (comme elle l’était, par exemple, pour l’empire<br />
romain orthodoxe [byzantin] avant le schisme à l’intérieur du christianisme), soit être<br />
la zone côtière stratégique sous contrôle de la Mer, opposée aux masses contin<strong>en</strong>tales<br />
de l’Eurasie. La stratégie des pays de l’A xe n’était ni l’une ni l’autre. La future<br />
défaite de l’A llemagne était déjà évid<strong>en</strong>te quand la guerre sur deux fronts comm<strong>en</strong>ça.<br />
Une <strong>en</strong>treprise aussi suspecte, non-naturelle, n’était pas seulem<strong>en</strong>t suicidaire pour<br />
l’A llemagne (à une dim<strong>en</strong>sion supérieure, pour l’Europe), mais posait aussi une base géopolitique<br />
indéterminée, inachevée, pour tout le contin<strong>en</strong>t eurasi<strong>en</strong>, et conduisit<br />
finalem<strong>en</strong>t toute la civilisation de la Terre à la destruction et à la désagrégation.<br />
La dernière suggestion est basée sur la brillante analyse de l’effondrem<strong>en</strong>t de l’URSS<br />
et du Pacte de Varsovie, effectuée par Jean Thiriart vingt ans avant qu’elle ne devi<strong>en</strong>ne<br />
une réalité. Thiriart montra que, du point de vue géopolitique, l’espace stratégique<br />
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