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Paraclet, l'Esprit de vérité, qui devait les conduire <strong>en</strong> toute vérité et demeurer éternellem<strong>en</strong>t<br />

avec eux pour leur <strong>en</strong>seigner les choses qu'ils n'avai<strong>en</strong>t pu compr<strong>en</strong>dre p<strong>en</strong>dant<br />

sa vie.<br />

Le christianisme, comme toutes les religions messianiques, implique donc une conception<br />

linéaire de l’histoire tournée vers l’av<strong>en</strong>ir. L’histoire est conçue comme un<br />

processus salvateur qui libère, révèle et qui fait passer de l’esclavage à la liberté<br />

et la paix. La manière dont cette transition s’effectue est cœur de la problématique<br />

chréti<strong>en</strong>ne concernant l’histoire et le temps : ce processus est-il graduel ? Est-il produit<br />

par une soudaine interv<strong>en</strong>tion divine ? Est-ce l’Eglise, Corps Mystique, qui conti<strong>en</strong>t<br />

cette libération ou est-ce le développem<strong>en</strong>t humain qui la produira ? L’idéologie du progrès<br />

et de l’évolution est une version sécularisée de cette conception chréti<strong>en</strong>ne du<br />

s<strong>en</strong>s l’histoire. A insi, si le discours sur l’évolution est <strong>en</strong> mis <strong>en</strong> relation avec le<br />

« scénario » chréti<strong>en</strong>, alors l’idée de révolution séculière correspond à une apocalypse<br />

divine. C’est une première articulation <strong>en</strong>tre la métaphore apocalyptique et le jeu de<br />

l’histoire. La métaphore peut se mettre au service de la révolution.<br />

Troisième siècle : le théologi<strong>en</strong> Origène discrédite la p<strong>en</strong>sée millénariste. Selon<br />

lui, l’établissem<strong>en</strong>t du Royaume de Paix n’est pas un événem<strong>en</strong>t qui pr<strong>en</strong>d sa place dans<br />

l’espace et le temps mais seulem<strong>en</strong>t dans l’âme des croyants. A une eschatologie millénariste<br />

et collective, Origène substitue une eschatologie de l’âme individuelle. A u<br />

siècle suivant, lorsque le christianisme devi<strong>en</strong>t religion officielle de l’Empire, le<br />

millénarisme est alors très vivem<strong>en</strong>t mis à l’écart. Le « pouvoir » se méfie donc de cette<br />

métaphore qui conti<strong>en</strong>t des germes révolutionnaires.<br />

Cinquième siècle : Saint A ugustin, dans La Cité de Dieu, <strong>en</strong>terrera <strong>en</strong>core un peu<br />

plus l’idée millénariste, affirmant que le « Peuple de Dieu », l’Eglise incarne déjà le<br />

millénium, le Royaume de Dieu, Le Royaume de Paix. Les trônes évoqués dans l’A pocalypse<br />

de Jean sont ceux des chefs qui gouvern<strong>en</strong>t l’Eglise, car les saints règn<strong>en</strong>t dès maint<strong>en</strong>ant,<br />

sans quoi l’Eglise ne serait pas appelée le « Royaume des cieux ». Sous<br />

l’influ<strong>en</strong>ce sans doute de Tyconius, et surtout de son contemporain saint Jérôme avec<br />

lequel il était <strong>en</strong> correspondance, et dont il lisait les opuscules, il traite le chiliasme<br />

de « fables ridicules ». Toutefois il ne se délivre du millénarisme qu’avec<br />

peine, car il est prisonnier de la lettre de l’A pocalypse. Même s’il l’interprète au<br />

s<strong>en</strong>s spirituel, il revi<strong>en</strong>t toujours sur cette expression des « mille ans », le temps<br />

qui sépare, dans ses vues, la Résurrection du Christ de la parousie. Les « mille ans »<br />

correspond<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chiffres ronds au règne spirituel de l’Eglise, inauguré par le premier<br />

avènem<strong>en</strong>t du Sauveur.<br />

Si l’on devait retracer les dates qui ont marqué l’histoire du millénarisme chréti<strong>en</strong>,<br />

dont la constituante principale repose d’ailleurs sur un catalogue de dates et de prévisions,<br />

on pourrait facilem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifier l’an 431 comme mom<strong>en</strong>t charnière. Marquant la<br />

condamnation officielle du millénarisme par l’Église, le Concile d’Éphèse, qui eut lieu<br />

<strong>en</strong> cette année, confirma le rejet du chiliasme hors de l’orthodoxie et, désormais, la<br />

croyance au mill<strong>en</strong>ium était considérée comme une hérésie. Par ce décret, l’Église s’élevait<br />

contre la conception terrestre et matérielle de l’idéal chréti<strong>en</strong> et pr<strong>en</strong>ait par le<br />

fait même une position politique et religieuse. En insistant sur la dim<strong>en</strong>sion spirituelle<br />

de la Parousie et du Jugem<strong>en</strong>t dernier, l’Église mettait <strong>en</strong> effet un terme à toute<br />

rev<strong>en</strong>dication d’un bonheur terrestre et consolidait sa position c<strong>en</strong>tralisatrice.<br />

L’augustinisme sera le cadre de p<strong>en</strong>sée presque exclusif du Moy<strong>en</strong> A ge occid<strong>en</strong>tal.<br />

Cette vision prévaudra jusqu’au XVI e siècle.<br />

Voici ce qu’écrivait Louis Bouyer <strong>en</strong> 1963 :<br />

“Le millénarisme, écrit-il, est l’hérésie, ou la t<strong>en</strong>dance hérétique... qui se représ<strong>en</strong>te<br />

le mill<strong>en</strong>ium [= les mille ans] sous des traits si littéralistes que l’on retombe<br />

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