Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LE ROYAUME MESSIANIQUE ET SA PARODIE<br />
DANS LES TRADITIONS HEBRAÏQUE ET CHRETIENNE<br />
Daniel Cologne<br />
"La clef de l’abîme", gravure de Lucas Cranach l’Anci<strong>en</strong> dans la<br />
Bible luthéri<strong>en</strong>ne de 1534<br />
Sous l’influ<strong>en</strong>ce du matérialisme biologique s’est implantée dans les esprits la<br />
conviction que la tradition hébraïque est une émanation du peuple juif, une « superstructure<br />
» spirituelle déterminée par les facteurs anthropologiques propres à la<br />
communauté israélite. A insi met-on les doctrines arithmosophiques de la Kabbale sur le<br />
compte d’une structure m<strong>en</strong>tale particulière qui inclinerait l’intellectuel juif vers la<br />
spéculation mathématique. Il s’agit là d’un total r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t de la perspective traditionnelle<br />
dont il est navrant de constater l’impact jusque sur des g<strong>en</strong>s qui, par<br />
ailleurs, lorsqu’il est question d’autres doctrines métaphysiques, <strong>en</strong> admett<strong>en</strong>t l’origine<br />
non humaine et la transmission initiatique par les mystérieux messagers des temps<br />
primordiaux, les « Maîtres de l’A ntiquité » cités par Lao Tseu ou les « Puissants du<br />
Ciel » évoqués par le Popol-Vuh maya.<br />
L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t sacré transmis par Moïse à la tribu sacerdotale de Lévi repose ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
sur l’affirmation que le peuple d’Israël a été « initié à cette connaissance<br />
que l’éternel seul est Dieu et qu’il n’<strong>en</strong> est point d’autre » (Deutéronome, IV, 39).<br />
Tout autant que l’origine non humaine de la Tradition, est donc affirmé son caractère<br />
intégralem<strong>en</strong>t monothéiste. Depuis la thèse du Père Wilhelm Schmidt concernant le monothéisme<br />
primordial (urmonotheismus) et depuis les travaux d’A .K. Coomaraswamy qui ont<br />
mis <strong>en</strong> lumière l’exist<strong>en</strong>ce d’un « monothéisme védique », il est difficile de sout<strong>en</strong>ir<br />
l’altérité de l’hébraïsme par rapport aux autres formes traditionnelles, comme s’obstin<strong>en</strong>t<br />
à le faire certains pseudo-savants, dont l’objectif occulte est de tuer la<br />
révolution spirituelle dans l’œuf <strong>en</strong> mettant artificiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>thèses une<br />
importante partie de notre héritage sacré.<br />
Il n’est donc guère surpr<strong>en</strong>ant de retrouver, dans les récits des prophètes hébreux,<br />
des thèmes eschatologiques équival<strong>en</strong>ts à ceux des doctrines ori<strong>en</strong>tales et des mythologies<br />
europé<strong>en</strong>nes, une conception de la « Fin des Temps » analogue à celle des Celtes et<br />
des Hindous, et notamm<strong>en</strong>t l’idée d’une restauration universelle de la spiritualité pri-<br />
71