You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
n<strong>en</strong>t la Bête (XIII, 1). Sans parler des vingt-quatre vieillards qui sièg<strong>en</strong>t autour du<br />
trône de Dieu (XI, 16) et qui rappell<strong>en</strong>t le nombre des Lévites commis au service du<br />
Temple par David, celui dont la race <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre « l’Etoile radieuse du matin » (XXI, 16),<br />
les portes de la Jérusalem Céleste sont douze et la quantité des élus est un multiple<br />
de douze, très exactem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>t quarante-quatre mille, soit douze mille pour chacune des<br />
douze tribus d’Israël. Par ailleurs, nous r<strong>en</strong>voyons à notre dernier ouvrage (Cyclologie<br />
Biblique et Métaphysique de l’Histoire, Editions Pardes) pour l’élucidation du symbolisme<br />
numéral de la Bête. « C’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué<br />
d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est<br />
666 » (XIII, 18). Nous nous bornerons ici à souligner que ce nombre apparaît déjà dans<br />
l’A nci<strong>en</strong> Testam<strong>en</strong>t, par exemple pour l’évaluation du poids <strong>en</strong> or annuellem<strong>en</strong>t reçu par<br />
Salomon (Rois, X, 14).<br />
La parodie du royaume messianique contre laquelle met <strong>en</strong> garde le prophète Daniel fut<br />
égalem<strong>en</strong>t évoquée par Jésus, ainsi qu’<strong>en</strong> témoigne l’Evangile de saint Matthieu : « Il<br />
surgira bon nombre de faux prophètes et ils séduiront beaucoup de monde » (XXIV, 11).<br />
Les termes de cette évocation revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t chez cet apôtre comme un leitmotiv : « Il surgira<br />
des faux christs et des faux prophètes ; ils produiront des signes et des prodiges<br />
considérables, au point d’égarer, s’il était possible, même les élus » (XXIV, 24-25).<br />
Les textes de saint Jean font écho. Non seulem<strong>en</strong>t l’A pocalypse, où il est aussi question<br />
d’un « faux prophète » expert <strong>en</strong> « prodiges étonnants », où une Bête à sept têtes<br />
et dix cornes réussit à « faire desc<strong>en</strong>dre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre<br />
» (XIII, 13) et où la « Grande Prostituée » est assimilée à Babylone <strong>en</strong> souv<strong>en</strong>ir de la<br />
captivité des Juifs (606-538 av. J.C.), mais aussi les Epîtres, où saint Jean forge le<br />
terme « A ntéchrist ». « Comme vous avez <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire que l’A ntéchrist vi<strong>en</strong>dra, il y a<br />
maint<strong>en</strong>ant beaucoup d’A ntéchrist » (Premier Epître de saint Jean, II, 18). « Celui est<br />
un A ntéchrist qui nie le Père et le Fils » (Ibid., II, 22). « Tout esprit qui détruit<br />
Jésus n’est pas de Dieu ; et celui-là est l’A ntéchrist dont vous avez <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire qu’il<br />
doit v<strong>en</strong>ir, et déjà il est dans le monde » (Deuxième Epître, IV, 3). « Beaucoup d’imposteurs<br />
ont paru dans le monde qui ne confess<strong>en</strong>t pas que Jésus-Christ est v<strong>en</strong>u dans la<br />
chair ; ce sont des imposteurs et des A ntéchrists » (Ibid., IV, 7).<br />
Les sources johanniques sont donc très claires quant à la définition de la parodie,<br />
non comme l’œuvre d’un personnage unique (2) , mais comme une pernicieuse suggestion collective<br />
dont les effets se font s<strong>en</strong>tir dès l’époque de Jésus («déjà il est dans le<br />
monde»), mais dont on peut supposer qu’elle se déchaînera plus tard, lorsqu’aura disparu<br />
tout obstacle à sa funeste et définitive expansion. Cette idée d’obstacle, on la<br />
trouve chez saint Paul et elle suscita la perplexité de saint A ugustin. Dans sa Civitas<br />
Dei, ce dernier avoue : « J’ignore complètem<strong>en</strong>t ce qu’a voulu dire l’A pôtre ». Voici le<br />
texte paulini<strong>en</strong>, extrait de la Deuxième Epître aux Thessalonici<strong>en</strong>s (III, 7) : « Le jour<br />
du Seigneur ne vi<strong>en</strong>dra que lorsque sera v<strong>en</strong>ue d’abord l’apostasie et se sera montré<br />
l’homme de péché, le fils de la perdition, qui combat et s’élève contre tout ce qui est<br />
appelé Dieu… Vous savez ce qui le reti<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant pour qu’il se montre <strong>en</strong> son temps.<br />
Car déjà s’opère le mystère d’iniquité : il faut seulem<strong>en</strong>t que celui qui le reti<strong>en</strong>t ait<br />
<strong>en</strong>core disparu. Et alors paraîtra l’impie que le Seigneur Jésus détruira par le souffle<br />
de sa bouche et qu’il anéantira par l’éclat de son avènem<strong>en</strong>t ».<br />
Il ressort de ce texte, d’une part que la restauration spirituelle de la Fin des<br />
Temps (la Parousie, second avènem<strong>en</strong>t du Christ glorieux) sera immanquablem<strong>en</strong>t précédée<br />
d’une période de domination de l’A ntéchrist, d’autre part que l’influ<strong>en</strong>ce de l’A ntéchrist<br />
s’exerce dès le début de l’ère chréti<strong>en</strong>ne mais ne sévira vraim<strong>en</strong>t qu’après une<br />
phase de retardem<strong>en</strong>t, sans doute les « mille ans » p<strong>en</strong>dant lesquels Satan est emprisonné<br />
et au bout desquels il s’<strong>en</strong> va, « relâché de sa prison, séduire les nations des<br />
quatre coins de la terre » (A pocalypse, XX, 7-8). Les épîtres johanniques faisant état<br />
de « beaucoup » d’A ntéchrists et d’imposteurs, et ce grand nombre ne pouvant pr<strong>en</strong>dre<br />
place dans le laps de temps restreint qui sépare la prédication de Jésus et la fixation<br />
scripturaire de son message, on est <strong>en</strong> droit de situer dans une antiquité <strong>en</strong>core plus<br />
reculée l’origine de l’A ntéchrist conçu comme phénomène spirituel. A vrai dire, cette<br />
73