L'Invité - Union des Entreprises de Bruxelles

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N° 11 - NOVEMBRE 2007 - ENTREPRENDRE
l’invité Laurent Levaux
Les produits et marchandises transportés par ABX Logistics, telle cette
turbine, ont souvent une haute valeur ajoutée
d’affaires français s’installent à Bruxelles
pour éviter l’impôt sur la fortune.
Aujourd’hui, ce sont leurs sièges sociaux
qu’ils déplacent vers Bruxelles.
Allons plus loin pour les attirer davantage
encore. Les éléments de législation
introduits par Didier Reynders (ruling,
intérêts notionnels, fi scalité pour
les étrangers,…) constituent un attrait
déterminant pour Bruxelles. Les autorités
bruxelloises devraient pratiquer
le « lateral thinking » et développer les
attraits de Bruxelles encore peu ou pas
promus du tout.
Quelles sont les recettes du redressement
d’ABX LOGISTICS ?
Nous approfondissons la stratégie défi
nie en 2003-2004 avec Karel Vinck.
Notre ligne de conduite tient en deux
points. D’abord, nous concentrer sur le
métier de transport international par
route, air et mer et l’entreposage, lié à
ces transports. Nous avons vendu ou
fermé toutes nos activités de distribution
locale, et drastiquement amélioré
nos performances de gestion. Ensuite,
accroître agressivement nos parts de
marchés dans l’aérien et le maritime.
Par exemple, depuis 2003, nous sommes
passés de 2 à 17 bureaux en Chine.
Nous nous renforçons vite aux USA, au
Royaume-Uni, en France et en Inde.
A côté de cela, il y a bien sûr l’axe opérationnel.
Nous avons reconstitué les
équipes de management, engagé à
l’étranger, mis en place des processus
de gestion plus effi caces,
pris des mesures d’amélioration
de la productivité, de
l’amélioration des forces de
vente. Nous avons négocié
et concentré nos achats de
capacités de transport.
Enfi n, nous attachons une
importance prioritaire aux
normes environnementales
ISO 14002 et à la certifi cation-sécurité
en insistant
sur la sécurité des halls d’entreposage
et de groupage.
Comment voyez-vous
l’avenir de la logistique
?
Le contenu informatique et
technologique de nos activités
ne cesse de croître. Nous travaillons
sur le « paperless fl ow ». Autre chose,
le secteur des transports connaît beaucoup
de vols. Les parkings sécurisés
vont se généraliser sur autoroute. Pour
le risque terroriste, il existe déjà des
scanners géants qui analysent le fret
aérien et maritime très rapidement.
Ces investissements lourds constituent
évidemment un avantage pour les
grands du secteur, tel ABX.
Quant aux modes de transport, je crois
et j’espère que la décennie qui vient
verra le progrès du rail. Les premiers
corridors, défi nis par l’Europe devraient
fonctionner dès 2012. Le rail redeviendra
compétitif dès 500 km, comme il
l’était avant les années 50. Pour cela
il faut faire sauter les goulots d’étranglement
ferroviaires en Europe (100
milliards d’€ d’investissements), harmoniser
la signalisation européenne
(10 milliards d’€ d’investissements) et
privatiser les sociétés d’exploitation de
fret ferroviaire. Mais la saturation des
routes va pousser l’Europe à avancer.
Je ne vois pas le transport aérien progresser
aussi vite qu’on pourrait le
croire. On voit par contre beaucoup de
marchandises rebasculer de l’aérien
vers le transport maritime. La production
est mieux organisée en Asie et les
3 semaines de délai supplémentaires
par voie maritime sont mieux gérées
aujourd’hui par les entreprises. Quoi
qu’il en soit, la logistique est un des
secteurs-clé du XXIe siècle.
Qu’est-ce qui fait courir Laurent
Levaux ?
J’ai eu beaucoup de chance ; de belles
opportunités grâce à des gens exceptionnels,
de Jean Gandois pour Cockerill
et CMI à Karel Vinck pour ABX.
Je pense aussi à l’entrepreneur Jean
Losfeld de Tournai, qui m’a proposé
mon premier challenge de reprise
d’entreprise à Liège. Ce qui m’attire,
c’est le défi de faire vivre ou revivre
une entreprise que les bien-pensants
condamnaient; c’est un travail d’équipe
à chaque fois. Il faut du profi t bien
sûr, mais le vrai challenge, c’est de se
donner corps et âme pour une mission
qui transcende la notion du profi t. ●
Parcours
Interview : Luc Rivet
Laurent Levaux
50 ans, 2 enfants
● Licence Sciences économique appliquée
UCL
● Entrepreneur à 22 ans, il redresse
puis revend une PME liégeoise environ
100 personnes de 1979 à 1984.
● MBA Université de Chicago 1985
● Rallie le bureau de consultance
McKinsey en 1985, où il exercera 10
ans, les dernières 4 années comme
« Partner »
● Devient PDG de Cockerill Mechanical
Industries (CMI) en 1995 et
exerce un redressement spectaculaire
de la société d’ingénierie. Il la
quitte début 2003 en étant devenu
un de ses actionnaires, après l’avoir
ramenée à la rentabilité dans ses
créneaux : ingénierie et maintenance
et en laissant un trésor de
guerre de 100 millions € de cash.
● Désigné « C4 d’honneur » et
conspué en 2002 par les syndicats
liégeois, alors qu’il est président
d’Agoria - Liège, pour avoir stigmatisé
le fait que le bassin de Liège représentait
9% des emplois du pays
pour 80% des arrêts de travail !
● Enseigne la stratégie d’entreprise à
HEC – Liège pendant 12 ans.
● PDG de ABX LOGISTICS Worldwide
depuis mars 2003.