L'Invité - Union des Entreprises de Bruxelles

54
N° 11 - NOVEMBRE 2007 - ENTREPRENDRE
© Commission européenne
dossier bruxelles
ENERGIE
Libéralisation du marché bruxellois
de l’électricité, an 01
Comme prévu, Electrabel a vu son monopole s’éroder. Mais son seul challenger,
Lampiris, n’est pas un rival comme les autres. Il joue sur un autre registre.
La Région bruxelloise vit depuis
un an environ sous le régime de
la libéralisation du marché de
l’électricité. Lorsque la chose a été annoncée,
on ne peut dire que les candidats
se soient bousculés au portillon.
Ni Nuon, ni Luminus par exemple
n’ont répondu à l’offre qui leur était
faite. On imagine le sourire d’aise chez
Electrabel qui, à ce moment, disposait
d’une royale part de marché de…
100 %. C’est un premier point.
Le marché bruxellois de l’électricité,
ce sont 660.000 compteurs. Dans leur
toute grande majorité, des logements
mais aussi des commerces, des PME
et très, très peu de consommateurs
industriels haute tension. C’est un
deuxième point.
Il n’y a dans les 19 communes qu’une
seule intercommunale de distribution,
Sibelga, alors qu’en Flandre et en Wallonie,
elles sont plusieurs (Gaselwest,
Iverlek, Intermosane, Interlux…). Or,
la législation prévoyait que pour les
clients qui n’auraient pas fait savoir,
Lampiris fournit de l’énergie produite par éolienne
lors de la libéralisation du marché,
qu’ils optaient pour tel ou tel fournisseur,
les intercommunales signeraient
un contrat avec un « fournisseur par
défaut ». A Bruxelles, ce fournisseur
par défaut est Electrabel. Bref, au travers
du monopole de distribution de
Sibelga – qui demeure, lui -, on peut
dire qu’Electrabel a négocié l’opportunité
de conserver une part de marché
importante. C’est un troisième point.
Power4You
Que constate-t-on sur le marché ? Electrabel
a conservé une part de marché
colossale et n’a qu’un seul challenger,
Lampiris. Un challenger qui ne ressemble
à aucun autre. En effet, cette
petite société créée au départ de rien
par un ancien d’Electrabel, Bruno Vanderschueren,
et un consultant, Bruno
Venanzi, a choisi un créneau bien précis,
l’électricité verte.
« Nous achetons de l’électricité auprès
des éoliennes de Perwez par exemple,
mais aussi auprès de producteurs travaillant
au départ de la biomasse »,
dit Bruno Venanzi. Voilà pour l’approvisionnement.
Et les livraisons ?
Lampiris a conclu un accord avec un
groupement d’achat, Power4You, dont
l’objectif, lit-on sur son site internet,
est « de fournir à tous de l’électricité
et du gaz aux meilleures conditions.
C’est-à-dire des conditions qui optimalisent
le prix, la durée du contrat,
les conditions de prolongation et de
résiliation du contrat, la protection des
consommateurs et la qualité environnementale
de l’énergie ». Il suffi t de
jeter en coup d’oeil en coulisses pour
constater que derrière Power4you on
retrouve la Ligue des familles, des coopératives,
des comités de quartier, des
groupements de consommateurs, des
syndicats, etc.
23.000 clients
Electrabel est donc face à un challenger
qui joue sur un registre différent.
C’est sans doute ce qui explique son
succès, modeste au vu des chiffres,
mais réel. Ainsi, assurent ses fondateurs,
en un an Lampiris est parvenue
à convaincre 23.000 clients, ce qui correspond
à une part de marché de 3,5%.
La chose est confi rmée indirectement
par Electrabel, qui confesse avoir vu,
en un an, sa part de marché baisser de
1,5 % auprès des clients « logement »
et de 2% auprès des clients « entreprises
», essentiellement des PME.
Pendant cette première année, ajoute
Bruno Venanzi, « nous n’avons pas
beaucoup communiqué, nous n’en
avions pas les moyens. Aujourd’hui,
nous n’allons pas nous lancer dans
de grandes campagnes de pub, nous
restons une petite entreprise, mais depuis
que nous travaillons avec Power4You
(depuis septembre 2007, ndlr)
nous gagnons environ 3.000 clients
par mois ». Ce qui, arithmétiquement,
aurait dû porter la part de marché actuelle
de Lampiris entre 4 et 5%.
Est-ce le début d’une nouvelle et
passionnante aventure, une version
énergétique du combat entre David
et Goliath, ou bien le géant Electrabel
va-t-il résister et conserver sa part prépondérante
du gâteau ? Rendez-vous
l’an prochain. ●
Jean Blavier