L'Invité - Union des Entreprises de Bruxelles

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N° 11 - NOVEMBRE 2007 - ENTREPRENDRE
enjeux
LANGUES ET EMPLOI
La tour de Babel bruxelloise
A l’occasion du lancement de Beci, la presse a souligné deux points remarquables
de la soirée : primo, le fait que Beci a choisi d’organiser cet événement VIP dans
un quartier diffi cile de Bruxelles (le vieux Molenbeek) et secundo, que Beci a tenu
le même langage et formulé un seul message dans les 2 langues nationales.
Ces remarques sont encourageantes.
En effet, tant le développement
des quartiers
diffi ciles de Bruxelles, que le soin de
formuler les mêmes messages envers
tout le monde, sont des préoccupations
de longue date de nos organisations.
Beci se sent en outre encouragé
parce que, dans la conjoncture actuelle,
un consensus semble se profi ler
sur les problèmes et le rôle de Bruxelles.
Ce phénomène est perceptible à
tous les niveaux.
Il y a par exemple un consensus, du
moins dans les milieux économiques,
sur l’importance des langues à
Bruxelles. Cela se comprend facilement
parce que les acteurs économiques
sont confrontés chaque jour à
cette réalité. Le caractère multilingue
n’est pas seulement dû à la position
de Bruxelles sur la frontière de deux
cultures, mais davantage au rôle de
capitale de l’Europe et de son économie
internationalisée.
Les strates
De toutes les villes multilingues,
Bruxelles est indiscutablement le
cas le plus fascinant. A cause de sa
situation géopolitique, de son rôle
international et de l’immigration
importante depuis 30 ans, Bruxelles
connaît une stratifi cation linguistique
très particulière.
La langue française joue le rôle de
« lingua franca » à Bruxelles dans le
sens où elle constitue le moyen de
communication verbale le plus utilisé.
Le néerlandais est la deuxième langue
offi cielle à Bruxelles, et elle n’est
pas seulement parlée par les Bruxellois
qui maîtrisent le néerlandais,
mais aussi par les plus de 200.000
navetteurs néerlandophones qui
viennent chaque jour travailler à
Bruxelles.
Au cours des dernières décennies, la
capitale de l’Europe est devenue un
bouillon de dizaines de cultures différentes
qui ont « importé » une multitude
de langues parlées. Beaucoup
de personnes d’origine étrangère
continuent à vivre dans un contexte
multilingue. On entend, certes dans
des groupes restreints, des dizaines
de langues différentes. Il suffi t de
fréquenter le quartier européen ou
le marché à l’abattoir d’Anderlecht
pour s’en rendre compte.
La nouvelle strate linguistique, qui
s’est ajoutée ces dernières années, est
l’anglais, et cette langue a tendance
à dépasser le néerlandais comme
deuxième «lingua franca».
Le point faible
Bruxelles prend cette diversité linguistique
à cœur, pour ne pas mettre
en péril sa fonction de capitale fédérale
et européenne, mais aussi, et
surtout, pour répondre à un besoin
économique. La connaissance linguistique,
qui est souvent considérée
comme une richesse, est aussi vécue
comme une diffi culté, parfois dure à
gérer.
En effet, le bouillon de cultures et
de langues ne garantit pas que l’on
trouve les collaborateurs maîtrisant
le nombre de langues nécessaires
Langues et combinaisons des langues demandées pour les fonctions multilingues,
réparties selon les fonctions comblées et pas (en rouge) suite au recrutement.