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Il - Maroc Hebdo International

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CONFRATERNITƒ<br />

RESPECT<br />

ET DIGNITƒ<br />

L<br />

’élan de solidarité formidable dont<br />

a bénéficié MHI lors de cette affaire<br />

Chihal-Issari est porteur d’espoir.<br />

D’abord il nous réchauffe le cœur en<br />

tant que journalistes professionnels<br />

ayant une haute idée de notre profession<br />

et une conscience aiguë du rôle<br />

que nous pouvons jouer, ensemble dans<br />

l’élargissement des espaces de liberté<br />

et de démocratie dans notre pays.<br />

Ensuite cette action collective,<br />

consciente délibérée et assumée annonce<br />

que les journalistes <strong>Maroc</strong>ains<br />

ont décidé d’exister désormais en tant<br />

que corps constitué, conscient de ses<br />

devoirs, de ses responsabilités et des<br />

charges morales qui pèsent sur lui. Le<br />

corps des journalistes marocains ne<br />

peut plus tolérer d’être méprisé, dévalorisé<br />

et surtout traîné collectivement<br />

dans la boue. <strong>Il</strong> revendique un<br />

statut social qui soit à la hauteur de sa<br />

mission et une visibilité sociale qui<br />

l’extraie des lieux communs charriés<br />

par des lecteurs de rien sur l’indignité<br />

de la presse. Le temps de la stigmatisation<br />

facile est révolu. Ni la gestion des<br />

entreprises de presse, ni la formation<br />

de qualité des journalistes, ni leur niveau<br />

de qualification ne permettent aujourd’hui<br />

d’évaluer cette profession<br />

par des clichés éculés. Les nouveaux<br />

journalistes sont bel et bien là, et ils<br />

ont besoin d’être perçus différemment.<br />

<strong>Il</strong>s refusent le mépris.<br />

L’action solidaire des journalistes<br />

marocains pour soutenir un confrère<br />

dans l’épreuve montre d’une manière<br />

éclatante la maturation d’une profession<br />

qui est en passe de relever d’une<br />

manière endogène ses propres défis :<br />

une meilleure posture déontologique,<br />

un souci moral plus élevé, une organisation<br />

syndicale plus structurée et<br />

une affirmation plus accentuée de son<br />

rôle au service d’une opinion publique<br />

plurielle avide d’informations, d’éclairages<br />

et d’analyses pour mieux appréhender<br />

son environnement qui<br />

s’éveille à la démocratie. Dans tous les<br />

pays du monde, les journalistes et les<br />

juges font bon ménage pour bâtir une<br />

société plus transparente, plus juste et<br />

plus égalitaire. Ensemble ils insufflent<br />

des idées de progrès et consolident l’État<br />

de droit. Ce n’est pas le cas malheureusement<br />

dans notre pays. Où le<br />

délit de presse, même quand il n’est<br />

pas constitué, est apprécié d’une manière<br />

pénale. Où le préjudice même<br />

quand il est hypothétique est sanctionné<br />

par des sommes ahurissantes.<br />

Non. La route est fausse. Le journaliste<br />

a autant besoin de respect et de dignité<br />

qu’un juge dans l’exercice de ses<br />

fonctions encore faut-il que l’un et<br />

l’autre soient simultanément respectables<br />

et irréprochables. Sinon, c’est<br />

la démocratie qui est malade. Que nos<br />

confrères solidaires trouvent ici l’expression<br />

de nos remerciements les plus<br />

chaleureux car ils ont éclairé le chemin<br />

de notre profession d’un jour nouveau.<br />

Pour qu’aucun journaliste au <strong>Maroc</strong><br />

ne soit plus jamais condamné à la prison<br />

pour ses idées.❏<br />

Khalil HACHIMI IDRISSI.<br />

L ’hebdomadaire MHI vient d’être<br />

condamné pour diffamation de<br />

l’animateur télé, Aziz Chihal. Le tribunal<br />

est allé trop fort dans la sentence<br />

prononcée contre un organe de<br />

presse. La justice marocaine qui n’est<br />

point outillée pour évaluer s’il y a eu<br />

diffamation ou non dans un article de<br />

presse, peut-elle réellement servir<br />

nombreux abus de la liberté d’expression.<br />

L’affaire <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> révèle les<br />

limites d’une justice qui attend toujours<br />

sa mise à niveau.<br />

Du jamais vu dans les annales de<br />

la presse indépendante. Et la presse<br />

tout court. L’hebdomadaire <strong>Maroc</strong><br />

<strong>Hebdo</strong> vient d’être condamné par le<br />

Tribunal de première instance de Casa<br />

Anfa à une lourde amende et à des<br />

peines d’emprisonnement pour Amale<br />

Samie, en tant qu’auteur d’un article<br />

jugé diffamatoire, et Mohamed<br />

Selhami en tant que directeur de la<br />

publication.<br />

Le journal était poursuivi par Aziz<br />

Chihal, animateur d’une émission télé<br />

à La RTM. Ce dernier reprochait à<br />

<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> de l’avoir diffamé lors<br />

de la chronique habituelle et féroce<br />

de Amale Samie intitulée "Faut-il<br />

vous l’envelopper?"<br />

Si certains journalistes de l’hebdomadaire<br />

reconnaissent que le chroniqueur<br />

n’est pas allé de main morte<br />

pour critiquer Aziz Chihal, ils refusent<br />

le terme de diffamation. Pour eux,<br />

Amale Samie a un style particulier,<br />

<strong>Il</strong>s ont écrit ...<br />

UN JUGEMENT SƒVéRE<br />

Par Ali M’RABET<br />

En réponse à votre communiqué<br />

adressé au Syndicat national de<br />

la presse marocaine, au sujet du verdict<br />

prononcé par le tribunal de première<br />

instance de Casablanca-Anfa,<br />

dans l'affaire Aziz Chihal, le bureau<br />

national du SNPM, après délibération,<br />

vous informe de ce qui suit:<br />

1- La position du SNPM à propos<br />

des émissions culturelles présentées<br />

par la télévision marocaine est claire.<br />

Le syndicat a déjà critiqué le recours<br />

de la première chaîne à ce genre de<br />

société pour produire des programmes<br />

qui portent atteinte au goût du public,<br />

alors que des compétences appartenant<br />

à cette chaîne sont marginalisées.<br />

L'émission "studio5" est l'archétype<br />

de ces produits futiles présentés par la<br />

iconoclaste, qui souvent fait grincer les<br />

dents mais qui, " en aucun cas, n’a<br />

pour objectif d’insulter ou de diffamer<br />

quiconque. Amale se réconcilie<br />

souvent avec ses "victimes ". C’est la<br />

règle du jeu ".<br />

Et d’ailleurs, assurent-ils, le but de<br />

la chronique de Samie est de critiquer,<br />

même sévèrement, et non de<br />

chanter des louanges. "C’est le propre<br />

de tout travail journalistique " s’indigne<br />

un autre rédacteur. Mais, apparemment,<br />

cette explication n’a pas<br />

satisfait les juges. D’où la lourde<br />

condamnation qui s’en est suivie.<br />

Trois mois de prison avec sursis<br />

pour Amale Samie et Mohamed<br />

Selhami, et 660.000 Dh d’amende.<br />

Un jugement qui étonne par sa sévérité.<br />

Pour Khalil Hachimi Idrissi, rédacteur<br />

en chef de <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> "<br />

ces condamnations ne visent ni plus<br />

ni moins que la fermeture de la publication,<br />

puisque nous somme incapables<br />

de trouver une somme pareille<br />

".<br />

Du jamais vu<br />

Pour le moment, le journal n’en<br />

est pas là. Après avoir interjeté appel,<br />

les responsables du titre de presse ont<br />

diffusé un communiqué dans lequel<br />

ils demandent la collaboration et la<br />

solidarité de tous les journalistes marocains<br />

pour contrer ce qu’ils appellent<br />

"une grave atteinte à la liberté<br />

d’expression". M. Hachimi Idrissi,<br />

qui prépare une riposte médiatique<br />

ne peut s’empêcher du pouffer d’indignation<br />

face à ce qu’il considère,<br />

comme "une conjuration ".<br />

Et de prévenir, dans un long article<br />

paru vendredi dernier, que "si<br />

nous devons tous dans cette affaire<br />

aller en prison parce qu’un juge ignore<br />

apparemment le droit de la presse,<br />

nous assumerons notre responsabilité<br />

professionnelle dans la dignité. Au<br />

26<br />

moins comme cela, nous saurons dans<br />

quel pays nous vivons ". D’un point<br />

de vue objectif, la condamnation<br />

contre l’hebdomadaire casablancais<br />

apparaît plus comme une mise au pas<br />

que comme une punition juste.<br />

Car, c’est incompréhensible que<br />

pour quelques malheureux mots, le<br />

"pêché mignon " de notre confrère<br />

Amale Samie, <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> soit obligé<br />

de débourser une somme astronomique<br />

qui mettrait en péril toute l’entreprise<br />

de presse. S’il devait y avoir<br />

" punition ", ce serait plutôt aux lecteurs<br />

qui payent chaque semaine 6 dirhams<br />

d’en prendre une. En cessant<br />

par exemple d’acheter cette publication.<br />

Attention danger!<br />

Une critique, même féroce et exagérée,<br />

comme l’aime Samie, reste ce<br />

qu’elle est: une critique. Et puis, s’il<br />

y a eu réellement diffamation, fallaitil<br />

en arriver à exiger, comme l’a fait<br />

Aziz Chihal, 180 millions de centimes,<br />

et d’en obtenir une soixante en<br />

guise de réparation morale?<br />

<strong>Il</strong> y a beaucoup, énormément, de<br />

téléspectateurs marocains qui n’aiment<br />

pas le programme de Studio 5.<br />

C’est leur droit. Sont-ils pour autant<br />

condamnables?<br />

Devraient-ils se délester de<br />

quelques millions de centimes à<br />

chaque fois qu’ils diront du mal de<br />

cette émission?<br />

La réponse est assurément négative.<br />

Car toucher la liberté de tout un<br />

chacun, et surtout celle de la presse<br />

dont le rôle est d’informer, de faire<br />

dans la critique, frise la censure la<br />

plus odieuse. La plus dangereuse<br />

aussi. Donc, attention danger. <strong>Il</strong> y va<br />

de la liberté d’expression. Une liberté<br />

qui, si elle reste contrôlée par une justice<br />

inexperte et point outillée pour<br />

cela, n’en sera plus une.❏<br />

Le Syndicat national de la presse marocaine soutient MHI<br />

CONDAMNATION INJUSTE<br />

télévision marocaine. Par ailleurs, le<br />

SNPM a toujours demandé que les<br />

transactions et les procédures financières<br />

administratives soient transparentes,<br />

dans le but de combattre la corruption,<br />

le clientélisme et le népotisme.<br />

2- Le bureau national prend acte<br />

de la double sanction, civile et pénale,<br />

prononcée contre <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong>.<br />

Nous rappelons à cet effet que le<br />

syndicat, dans ses propositions d'amendement<br />

du code de la presse, a appelé<br />

à la suppression des sanctions d'emprisonnement,<br />

pour ne retenir que les<br />

amendes, pour les délits de presse.<br />

Quant à l'affaire elle-même, le bureau<br />

national considère qu'un citoyen a le<br />

droit de recourir à la justice s'il estime<br />

avoir subi un préjudice, à condition<br />

que le procès soit équitable. En conséquence,<br />

le syndicat exprime sa disponibilité<br />

à assurer le suivi de cette affaire<br />

et soutenir la revendication de <strong>Maroc</strong><br />

<strong>Hebdo</strong> pour une justice indépendante<br />

et intègre.<br />

4- Le bureau national rappelle ses<br />

positions quant au respect de la déontologie<br />

professionnelle et son appel<br />

aux journalistes pour qu'ils évitent tout<br />

ce que peut lui nuire. Le bureau rappelle<br />

également que plusieurs affaires<br />

concernant la déontologie professionnelle<br />

sont actuellement devant la<br />

justice, ces affaires ne doivent pas être<br />

traitées de manière éclectique.❏<br />

Le syndicat national de la presse<br />

marocaine- Rabat<br />

<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99

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