Il - Maroc Hebdo International

DƒSORMAIS
DES KOSOVARS
Ë MELILLIA
Par Abdellatif MANSOUR
Melillia, tout comme Sebta d'ailleurs,
c'est un Kosovo ˆ l'envers que nous
parviendrons bien un jour ˆ remettre
ˆ l'endroit.
Les prolongements du conflit des Balkans ont atteint
le Maroc. L'Espagne s'en est chargée pour nous,
chez-nous, sans nous demander notre avis. Elle n'a pas
estimé nécessaire de le faire puisqu'elle agit en puissance
coloniale sur une partie de notre territoire.
Respectant ses engagements au sein de l'UE, de
l'OSCE et de l'OTAN, le gouvernement espagnol a décidé
d'accueillir une partie des réfugiés Kosovars. Le secrétaire
général de l'OTAN, Javier Solana, étant lui-même
espagnol, l'Espagne ne pouvait se contenter d'une
participation plus que symbolique à l'effort de guerre
contre Slobodan Milosevic. Il fallait mettre dans le panier
atlantique un petit plus humanitaire. Honorable, très
honorable, cet élan de générosité, ce sens hautement civique
de la solidarité internationale et de l'hospitalité.
Mais chez autrui.
À travers leur histoire tumultueuse, les Européens ont
produit d'autres Milosevic. À cinquante ans d'intervalle,
le drame du peuple kosovar rappelle le grand exode des
Palestiniens, cinq cents mille en un mois, après l'implantation
d'Israël, en 1948, au Proche-Orient. Les Arabes
aussi ont de la mémoire. Il n'y a pas de prescription en
histoire.
Où ces victimes de la folie du maître parano de
Belgrade seront-elles logées? Aux Asturies, au Pays
Basque, en Castille, en Catalogne ou dans toute autre
communauté autonome non contestée du Royaume
d'Espagne? Dans une province objet de contestation interne
entre Espagnols?
Pour loger les réfugiés Kosovars, le gouvernement
de Madrid a porté son choix sur Melillia. Ces Musulmans,
devenus pauvres hères chassés du pays de leurs ancêtres
par les hordes sauvages de Milosevic, sont les bienvenus
en terre d'Islam.
La stratégie de Madrid n'en est pas moins vicieuse.
Le problème étant euro-européen, malgré la particularité
religieuse des déportés, alors, semblent dire les
Espagnols, restons entre Européens, en Europe, dans ses
limites coloniales, pas géographiques. Il n'y a pas d'endroit
plus approprié pour ces Musulmans européens qu'un
bout d'Europe en Afrique musulmane. Très subtil. Plus
subtil encore, l'amalgame pernicieux qui sous-tend la
démarche espagnole.
À Melillia, nous nous y sommes installés, disent les
Espagnols, à la force du poignet de nos valeureux conquistadores,
il y a quatre ou cinq siècles, et les Maures veulent
nous en chasser.
Melillia, tout comme Sebta d'ailleurs, c'est un Kosovo
à l'envers que nous parviendrons bien un jour à remettre
à l'endroit.
Et puis, pourquoi enjamber la mer et aller jusqu'aux
derniers débordements de la Reconquista? Puisqu'on est
dans les conflits séculaires qui s'inscrivent dans la longue
durée, l'Andalousie aurait sufi, avec ses mosquées transformées
en églises, et les belles traces de quelque huit
siècles de présence musulmane.
Subtil le choix de Melillia mais pas très futé. Durant
leur transfert vers leur lieu de refuge, les Kosovars se
rendront bien compte qu'ils ont changé de continent.
Ils découvrirent surtout, au cours de leur séjour dans
cette ville christianisée, un échantillon du projet de
Milosevic pour le Kosovo musulman. Un échantillon
anachronique légué par les "Serbes hispaniques" d'il y a
quelques siècles. Si j'étais Kosovar, je demanderais à
l'OTAN de me ramener au plus vite à Pristina.❏
DROITS DE LÕHOMME
Le prŽsident du CCDH, Driss Dahak, ˆ Gen ve
LA VOIX DU MAROC
EN SUISSE
Menant une dŽlŽgation du Conseil consultatif des
Droits de lÕHomme composŽe de MM. A. Ferdaous,
M. Hatimi, A. Sasson, A. Guennoun et A. Benzakour
pour participer aux travaux de la Commission des
droits de lÕHomme qui a eu lieu ce lundi 19 avril ˆ
Gen ve, Driss Dahak a fait une brillante intervention
dans laquelle il a exposŽ les avancŽes palpables
rŽalisŽes par le Maroc.
Le Maroc n’a plus rien
à cacher en matière
des droits de
l’Homme. Des avancées palpables
et certaines. Une page
définitivement tournée. C’est
Par Issam NAJATI
fort de cet acquis qu’une délégation
du Conseil consultatif
des droits de l’Homme,
conduite par son président
Driss Dahak s’est rendue lundi
19 avril, à Genève pour
participer aux travaux de la
Commission des droits de
l’Homme.
Cette manifestation a été
marquée, mercredi 21 avril,
par l’intervention brillante et
remarquable du chef de la délégation
marocaine. M.
Dahak a en effet expliqué de
manière claire et circonstanciée
les réalisations marocaines
dans ce domaine au
cours de ces dernières années
et le rôle joué par le CCDH
dans cette affaire.
Objectivité
Une institution représentative
de la diversité marocaine
dans la mesure où elle
compte les représentants des
différents partis politiques et
organisations syndicales, ainsi
que les représentants des
structures juridiques, professionnelles
et scientifiques.
“Grâce à l’objectivité, au dialogue
et à l’esprit de tolérance
qui imprègnent les travaux
du CDD et grâce également
à la consécration systématique
des avis et propositions
de cette institution par
S.M le Roi, a souligné Driss
Dahak, le Conseil a pu réaliser
en l’espace de neuf années
d’existence, de nombreux
acquis, en particulier
en faveur de la défense des
libertés publiques et de la
promotion des droits de
l’Homme”.
M. Dahak a par ailleurs
rappelé l’amnistie royale qui
a permis de libérer l’ensemble
des détenus d’opinion,
ainsi que les personnes
• Driss Dahak, président du CCDH
détenues “dans le cadre d’affaires
criminelles à motivation
idéologique“. De même,
a déclaré l’orateur, le CCDH
a contribué à éviter la peine
capitale à tous les détenus
condamnés à subir cette peine.
M. Dahak n’a pas manqué
de souligner la récente avancée
majeure, l’apurement du
dossier des disparus.
Détermination
Un organisme d’arbitrage
spécial vient d’être mis en
place afin de déterminer les
indemnisations appropriées
à verser aux familles des victimes
pour les dommages et
les préjudices subis.
Reste l’affaire des 48 prisonniers
dans le cadre d’affaires
criminelles. Driss
Dahak a déclaré que le
Conseil est en train de travailler
pour la libération des
28 d’entre eux qui n’ont pas
directement ou personnellement
participé aux crimes.
M. Dahak a passé en revue
les différentes manifestations
accueillies par le
4
Maroc et organisées par le
CCDH : première rencontre
à Marrakech des institutions
nationales de protection et de
promotion des droits de
l’Homme dans le bassin méditerranéen,
colloque à Rabat
sur les perspectives des droits
de l’enfant au Maroc, conférence
à Tanger sur le phénomène
de l’immigration et les
droits des migrants.
Le CCDH a ainsi participé
régulièrement à la promotion
de la culture des
Droits de l’homme dans notre
pays.
En effet, le CCDH est devenu
une institution incontournable
au Maroc dans le
dossier des droits de
l’Homme et des libertés publiques.
Une institution qui a acquis
ses lettres de noblesse.
Driss Dahak, magistrat connu
et reconnu, réputé pour son
sens du consensus et du dialogue,
est une personnalité
qui a sans conteste su donner
au conseil la place qu’il
mérite. ❏
Maroc Hebdo International n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
Ph. MHI