Il - Maroc Hebdo International

COUVERTURE
naire de référence l’a mis à la tête de
ce groupe, il lui a donné comme mandat
de mettre l’ONA au service du
développement économique et social
du Maroc.
Le pays ayant besoin d’un groupe
privé comme locomotive, l’ONA
devait créer de la valeur dans l’intérêt
de son environnement et de ses
actionnaires. De 1986 à 1999, Fouad
Filali a tenu cette ligne de conduite
tout en faisant en sorte que l’ONA
devienne un groupe doté d’une vision
stratégique, structuré, transparent
et productif. À l’époque, le capitalisme
financier n’existait pas sous
sa forme actuelle, la bourse de
Casablanca était virtuelle et la mise
à niveau, et son corollaire qu’est la
globalisation, n’était qu’une frontière
lointaine dans un marché protégé.
Le développement du marché financier
et la course effrénée pour le
contrôle de pans entiers du tissu financier
marocain, sans loi anti-trust,
sans filets anti-accaparement, sans loi
sur la concurrence vont conduire dans
ce secteur à des situations de violence
et de " sauvagerie " qui font passer
le libéralisme américain pour une
douce prairie.
Le plus normalement du monde,
un actionnaire principal nouveau s’est
imposé au cœur de l’ONA par le biais
de prise de participations diverses. Il
est en mesure désormais de dicter légitimement
et légalement sa loi mê-
SUCCESSION
me s’il apparaîtra plus tard que ce
même actionnaire, par le même système,
et si ses projets se concrétisent,
sera amené à contrôler 70% des principales
capitalisations boursières du
pays. Un chiffre faramineux : 101
milliards de dirhams sur 142 milliards.
Contours
Dans ce contexte, le loup étant déjà
dans la bergerie, l’ONA n’était plus
l’ONA. Et le mandat de Fouad Filali
était devenu caduc, car il n’avait pas
au départ pour objectif de gérer un
groupe financier. Mais bel et bien un
groupe qui crée de la vraie valeur.
Sous le coup de boutoir de transactions
boursières massives et efficaces,
ceux qui menaient la vie dure à
l’ONA de l’extérieur pesaient en même
temps de tout leur poids de l’intérieur
pour bousculer les choses. Le
ver était dans le fruit. Fouad Filali devait
donc se tourner vers l’actionnariat
de référence afin que les leçons
de cette situation nouvelle soient tirées.
Une nouvelle ONA devait naître.
Le mandat initial de Fouad Filali s’est
achevé. Normalement dans une économie
nationale tâtonnante et expérimentale,
dans une bulle financière
sulfureuse et initiée et dans un libéralisme
marocain grotesque et ridicule.
Les jeux de rôles supplantant
l’efficience économique véritable
créatrice d’emplois et de vraies ri-
Mourad ChŽrif, nouveau PDG de l'ONA
RETOUR AUX SOURCES
L'ONA semble avoir choisi
la voie de la continuité
et de la prudence dans la
succession de Fouad Filali en
nommant Mourad Chérif à la
tête du Groupe. C'est en effet
un ancien de l'ONA qui retourne
au bercail. Et il s'agit
là d'un signal fort en direction
des milieux d'affaires et
des opérateurs économiques.
Les deux hommes se connaissent
bien pour avoir travaillé
ensemble à la tête du pôle
Mines de l'ONA. Et, à l'instar
du Groupe, M. Filali
semble particulièrement satisfait
que ce soit M. Chérif
qui lui succède.
L'ONA, rappelons-le, est
présente dans quatre secteurs,
(agroalimentaire, mines, assurances,
distribution), et a
réalisé en 1998 un chiffre d'affaires
de 16 milliards de dirhams
pour un bénéfice net
de 1,2 milliard de Dh.
Directeur général de
l'Office chérifien des phosphates
(OCP), poste dont il
n'a pas été déchargé, M.
Chérif a été nommé mardi 20
avril à la tête de l'Omnium
nord-africain (ONA), premier
groupe privé marocain, qui
était jusqu'alors présidé par
Fouad Filali. Juste retour aux
sources pour un homme qui
a accompli une grande partie
de sa carrière au sein de
l'ONA. En effet, après sa sortie
de l'École nationale supérieure
des mines de Paris, en
1969, en tant qu'ingénieur civil
des Mines, cet homme
d'une courtoisie délicieuse a
intégré le groupe ONA en
1970.
Satisfaisance
De 1970 à 1975, il a été
ingénieur du fond, puis responsable
de projets et chef
d'exploitation dans plusieurs
mines métalliques du groupe
ONA dans l'Anti-Atlas.
Directeur du pôle "Mines" de
l'ONA en 1975, puis directeur
général des mines en
1980 et directeur général du
groupe ONA, membre du
Comité exécutif en 1989, cet
homme qui a de l'énergie à
revendre, a conduit le développement
de plusieurs projets
dans le cobalt, le cuivre,
l'argent, la fluorine, le plomb,
le zinc, notamment le projet
"Guemmassa", l'une
des premières mines
de zinc dans le monde.
Le Groupe ne
confiera donc pas sa
destinée à un inconnu,
mais bien à un personnage
dont la rigueur
et la compétence
sont reconnues par
tous. Il a occupé divers
fauteuils ministériels,
dont ceux des Finances,
du Commerce
extérieur, des Investissements
extérieurs et
de l'Artisanat, de
l'Habitat, de l'Emploi
et de la Formation professionnelle.
Il s'agit également,
malgré son apparente
timidité, d'un homme
de communication. Il a en effet
des rapports empreints de
courtoisie et de coopération
avec les médias.
Coopération
Ce Tangérois, père de
quatre enfants, voue une véritable
passion à la mine et
les gens de la mine dont il dit
volontiers que leur avantage
chesses. Fouad Filali n’a rien dit de
tout cela. Bien évidemment. Il n’en
avait pas besoin. Il était déjà ailleurs.
Il demeure fier de son groupe. De 2M
et de la belle aventure intellectuelle et
politique qu’elle a représentée. De sa
croissance minière.
De ses développements dans le
domaine du tourisme, de la distribution
et de la pêche. De ses vrais métiers
où des ouvriers urbains et ruraux
agissent pour leur bien, le bienêtre
de leur famille et celui de leur
communauté. Il n’oublie rien de tout
cela Fouad Filali. Quand ce jour-là,
la voix n’est pas étreinte par l’émotion
et quand le regard n’est pas éteint
par un regret indicible, il arrive à exprimer,
au-delà de l’ONA, le destin
de sa famille. Une histoire particulière
dont les contours se confondent
avec l’évolution d’un pays. Le hasard
a voulu que ce jeune homme
blessé quitte une responsabilité pour
laquelle il se sentait prédestiné le jour
où SM Le Roi a rendu un hommage
émouvant, inédit et rare à l’adresse
d’un ministre partant, Abdellatif Filali
l’ex-ministre d’Etat chargé des
Affaires étrangères et de la
Coopération.
Éternité
"Une réception a été organisée en
ton honneur, et Nous tenons aujourd'hui
à organiser cette cérémonie en
reconnaissance aux services rendus
• Mourad Cherif.
c'est qu'"ils connaissent profondément
leur pays, ses
gens, ses paysages et ses valeurs".
Débordant d'énergie,
Mourad Chérif a, par ailleurs,
de nombreuses autres activités
telles que président de
l'Institut mondial des phosphates,
vice-président de
l'Association internationale
par l'homme, le citoyen, l'homme
d'Etat, le ministre et le compagnon
que tu es. Nous n'oublions pas que
notre auguste père, que Dieu ait son
âme, nous disait toujours que notre
grand-père, Moulay Youssef, que Dieu
l'ait en Sa Sainte Miséricorde, et ton
père entretenaient des relations très
solides.
Ces relations se sont poursuivies
avec notre père, que Dieu ait son âme.
Suivant l'exemple de ton père, tu as
œuvré aux côtés de notre regretté père
et à Notre côté personnellement. Je
ne pourrais dire qu'une chose : J'ai
toujours trouvé en toi le citoyen mobilisé,
disposé et prêt à assumer toute
mission et toute responsabilité. En
notre nom personnel, et au nom du
peuple marocain que tu as servi avec
abnégation et fidélité, nous voudrions
te témoigner notre reconnaissance
en t'accordant ce Wissam afin que
tous les Marocains sachent ta place
parmi eux et dans notre cœur. Puisse
Dieu t'accorder longue vie".
Ainsi, le rideau est tombé la même
semaine sur une famille qui quitte
ainsi la scène politique, économique
et financière du pays sans
qu’elle n’ait jamais démérité et sans
jamais se départir de son sens du devoir.
Une saga familiale semble se terminer.
Mais se termine-t-elle vraiment
quand les bonnes graines sont
semées pour l’éternité dans une terre
féconde et généreuse?❏
des fertilisants
(IFA) et vice-président
de la Fédération
des industries
minières du Maroc
(FDIM).
Il est également
Président de R&D
Maroc (Association
marocaine pour la
recherche-développement),
membre
du Conseil d'administration
de l'Université
Al Akhawayne,vice-président
de la Fondation
Académia
(Association pour
l'accompagnement
des étudiants marocains
dans la voie
de l'excellence par
le mérite), président de
l'AMIM (Association marocaine
des ingénieurs des
mines de Paris, Nancy et
Saint-Étienne).
Il est en outre co-président
de la Fondation Fullbright
Maroc, et président de
l'Union marocaine pour la
qualité. Une mine d'énergie.❏
K.B.
Maroc Hebdo International n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
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