Le Chaperon Rouge - Index of

premier embranchement fasse office de raccourci. Il doit y avoir une autre voie. Le sol n’est
pas stable ici, la vase est trop meuble. Attention à ne pas glisser. Ne trébuche pas sur les
rochers qui affleurent de part et d’autre du chemin.
Il avait la respiration lourde et le pas sonore. De la lumière. Cours vers la lumière ! Peutêtre
qu’il y a quelque chose, là-bas. Oui, une ouverture, une chambre, droit devant !
L’intendant pénétra dans la grotte en trébuchant, ses hommes à sa suite. La neige
s’engouffrait en tourbillonnant par une brèche qui s’ouvrait dans le plafond au-dessus de leurs
têtes, telle une plaie rougie par la lune sanglante. Scrutant les alentours, il découvrit des
objets aux formes imposantes et contournées.
S’agissait-il de formations rocheuses ? De stalagmites ?
Il s’approcha, à l’affût du moindre mouvement.
Mais non, ce n’étaient pas du tout des roches.
Il venait de découvrir des ossements, humains qui plus est, empilés en un tas de plus de
trois mètres de haut. Ils étaient d’un blanc si pur qu’on aurait presque pu croire qu’ils avaient
été peints. L’intendant se planta devant la tour morbide, soudain calmé.
Il leva les yeux vers le plafond de la caverne. Où était donc passé le Loup ? Il ne pouvait
pas être sorti... Mais la vue de tous ces crânes aux orbites vides l’obligea à baisser les yeux.
Ils avaient le visage fendu d’un rictus et semblaient railler son calvaire, sans toutefois lui
fournir le moindre indice.
Cependant, il tomba sur quelque chose d’autre en inspectant le sol de la grotte. Adrien !
Son corps gisait sur le sol, froid et sans vie, atrocement déchiqueté par le Loup.
L’intendant prit une longue inspiration. Il sentait la stupeur silencieuse des hommes qui
se trouvaient derrière lui. Il trouverait le Loup et lui ferait payer ses crimes. Mû par une
agressivité soudaine, l’intendant se mit à marcher d’un pas lourd, comme s’il se délectait à
arpenter ainsi l’antre de la bête. Oui, il la traquerait jusqu’au bout.
Il se voyait déjà couvert de gloire, quand il entendit quelque chose derrière lui.
Un grondement sourd.
Il pivota sur lui-même et se retrouva nez à nez avec une filleule écumante, hérissée de
crocs menaçants et de canines fermes et luisantes.
L’intendant vit soudain son poignard se matérialiser dans sa main sans vraiment
comprendre comment il était arrivé Les poils de la bête se dressèrent sur son échine, tandis
que la bave toxique de son horrible gueule s’écoulait sur le sol de la grotte. Leurs yeux se
croisèrent, et c’est alors que le temps s’arrêta.
Soudain, le monstre bondit, prêt à massacrer sa prochaine victime.