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te retiens pas ! cracha-t-il en jetant les affaires du jeune homme<br />
à ses pieds.<br />
Il partit vers l’arbre géant. Axel regarda ses armes. Il ne<br />
comprenait plus rien. Un détail avait dû lui échapper.<br />
— <strong>Pour</strong>quoi cette soudaine sollicitude ? ! Tu étais prêt à me<br />
tuer ou à me laisser mourir, et brusquement tu me redonnes ma<br />
force, ma vie et ma liberté.<br />
Jerry se retourna avec un regard effrayant.<br />
— Il n’y a aucune pitié dans mon acte ! J’ai seulement un peu<br />
d’esprit ! Les Fées ne m’auraient jamais pardonné ta<br />
disparition !<br />
Il fit volte-face et poursuivit sa route, laissant Axel toujours<br />
aussi décontenancé.<br />
— Que viennent faire les Fées dans cette histoire ? !<br />
Explique-toi ! Qu’est-ce que j’ai ? Que t’ai-je fait ? !<br />
Jerry se retourna de nouveau et revint au pas de charge. Axel<br />
se sentit soudain minuscule devant l’être qui marchait sur lui<br />
avec puissance. Les images et le souvenir du Monstre du Pont<br />
Sans Retour défilèrent dans sa tête : il eut un mouvement de<br />
recul. Jerry s’arrêta brutalement devant lui. Son corps<br />
chimérique, légèrement voûté, ne l’empêchait pas de dépasser le<br />
jeune homme d’une bonne demi-tête. Il était aussi imposant<br />
que Korta et sa malignité se reflétait dans son apparence<br />
physique. Il pointa un doigt menaçant sur Axel.<br />
— Je te hais, commença-t-il d’une voix sinistre. Je te hais du<br />
plus profond de mon âme. Tu représentes mon échec, ma<br />
condamnation, mon exil. J’ai mis près de quatre cents ans à<br />
oublier ton visage, et tu réapparais subitement en me<br />
demandant ce que je te reproche ? !<br />
Sa voix devenait de plus en plus rageuse, ses traits se<br />
crispaient, il en oubliait sa raison.<br />
— Je n’ai pu que t’observer sans pouvoir me venger, je n’ai<br />
pu que pâlir devant ta victoire et fuir devant ton bonheur ! J’ai<br />
rêvé chaque jour de ton existence qu’il te prenne la folie de venir<br />
en Leïlan et d’entrer dans la Forêt Interdite. Je te réservais une<br />
mort lente et douloureuse, un supplice trop court pour assouvir<br />
ma vengeance mais dont j’aurais su me contenter avec délices.<br />
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