Ali Fassi Fihri peut-il sauver le foot ? - Maroc Hebdo International
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10-31 14/10/09 21:17 Page 31<br />
tout une va<strong>le</strong>ur pédagogique. Après avoir<br />
commencé par traquer <strong>le</strong>s snipers, la hiérarchie<br />
a fini par sévir contre <strong>le</strong>s corrompus.<br />
Tous ces facteurs se conjuguent pour que<br />
<strong>le</strong>s <strong>Maroc</strong>ains se té<strong>le</strong>scopent à mort sur <strong>le</strong>s<br />
routes. Remonter la pente paraît re<strong>le</strong>ver<br />
d’un trava<strong>il</strong> titanesque. Les pouvoirs publics,<br />
par <strong>le</strong> biais du ministère de tutel<strong>le</strong>, proposent<br />
d’en venir à bout par un code de la<br />
route revu, corrigé et corsé. Une fois <strong>le</strong> projet<br />
ficelé par l’équipe de Karim Ghallab,<br />
celui-ci engage <strong>le</strong>s négociations avec <strong>le</strong>s professionnels<br />
du transport.<br />
À posteriori. Erreur fata<strong>le</strong>, dès <strong>le</strong> départ. Il<br />
fallait impliquer <strong>le</strong>s partenaires de la profession<br />
dans l’élaboration du nouveau texte et<br />
à la confection des dispositions nouvel<strong>le</strong>s.<br />
Les pourpar<strong>le</strong>rs traînent en longueur. L’économie<br />
généra<strong>le</strong> du projet est évidemment<br />
répressive. Les sanctions sont revues à la<br />
hausse. Permis à points, pouvant être retiré<br />
pour des périodes déterminées et des<br />
amendes allant jusqu’à 10.000 dirhams.<br />
Sans oublier <strong>le</strong>s condamnations privatives<br />
de liberté.<br />
Sanctions<br />
Les professionnels se cabrent. Ils crient au<br />
renchérissement de la corruption. Et<br />
déc<strong>le</strong>nchent une grève qui durera une vingtaine<br />
de jours en mars-avr<strong>il</strong> 2009. Les<br />
conséquences ne tardent pas à se faire sentir.<br />
Les stations service manquent de carburant.<br />
Les marchés ne sont plus<br />
approvisionnés. Les personnes ne peuvent<br />
plus circu<strong>le</strong>r. Certaines localités sont encore<br />
plus enclavées que d’habitude. Le pays est<br />
paralysé. L’arrivée du Premier ministre à la<br />
rescousse débloque la situation. Mais <strong>le</strong> projet<br />
adopté par la première Chambre est<br />
stoppé net par la deuxième, jusqu’à une<br />
date indéterminée.<br />
Ce nouveau code, pourtant nécessaire, est<br />
plombé. Il est retourné aux tiroirs pour une<br />
nouvel<strong>le</strong> hibernation.<br />
Retour à la case départ. La guerre des routes<br />
a repris de plus bel<strong>le</strong>. La comptab<strong>il</strong>ité des<br />
morts et des b<strong>le</strong>ssés, aussi. On en est toujours<br />
là. Une visib<strong>il</strong>ité quasi-nul<strong>le</strong>; comme<br />
par un temps de brou<strong>il</strong>lard. Sur route.<br />
Abdellatif Mansour<br />
4.000 MORTS PAR AN DANS DES ACCIDENTS AU MAROC<br />
Une question de respect de la loi<br />
Le Comité national de Prévention<br />
des Accidents de la Circulation<br />
(CNPAC) ne manque certainement ni<br />
d’expertise ni de bonne volonté. Mais<br />
ses bul<strong>le</strong>tins rituels prennent trop souvent<br />
l’allure d’avis nécrologiques plus<br />
que d’autre chose, à savoir la proposition<br />
d’une politique résolument alternative<br />
à ces morts qui se suivent par<br />
dizaines au f<strong>il</strong> des jours.<br />
Il vient de publier une énième étude<br />
sur <strong>le</strong>s causes des accidents <strong>le</strong>s plus<br />
graves. Arrive en tête <strong>le</strong> facteur humain<br />
-on s’en doutait un peu, non? En tout<br />
cas, sur la base des procès verbaux des<br />
cinq dernières années et en retenant<br />
<strong>le</strong>s v<strong>il</strong><strong>le</strong>s de Casablanca, Rabat et Fès, <strong>il</strong><br />
apparaît que <strong>le</strong>s piétons et <strong>le</strong>s motocyclistes<br />
représentent environ 80% des<br />
accidents de la circulation en périmètre<br />
urbain. Il s’ensuit donc qu’<strong>il</strong> s’agit là<br />
d’un fait essentiel<strong>le</strong>ment urbain. Et<br />
après, dira-t-on?<br />
Le département de l’Equipement et des<br />
Transports veut faire face à cette situation<br />
en élaborant un guide de signalisation<br />
qui servira dans la conception<br />
des carrefours ainsi que dans <strong>le</strong>s autres<br />
espaces urbains. Oui, pourquoi pas,<br />
cela ne <strong>peut</strong> pas faire tel<strong>le</strong>ment d’effet<br />
tant <strong>il</strong> est vrai que des facteurs culturels<br />
ne doivent pas être minorés, sinon évacués.<br />
Le problème est <strong>le</strong> suivant: quel<br />
est <strong>le</strong> rapport que nous avons -et que<br />
nous voulons avoir aussi- avec la règ<strong>le</strong><br />
de droit?<br />
En d’autres termes, pourquoi <strong>le</strong> citoyen<br />
dans la rue -conducteur et piéton- est<strong>il</strong><br />
si peu respectueux du code de la<br />
route? Y aurait-<strong>il</strong> quelque part dans<br />
notre ADN une prédisposition à fou<strong>le</strong>r<br />
aux pieds la rég<strong>le</strong>mentation applicab<strong>le</strong><br />
à la circulation? Evidemment, <strong>il</strong> n’y a<br />
rien de “biologique” et de consubstantiel<br />
à notre identité dans cette déviance<br />
socia<strong>le</strong>. Pourquoi? Parce que c’est une<br />
donnée culturel<strong>le</strong> qui doit être prise en<br />
considération avec plusieurs éléments.<br />
Le premier d’entre eux est sans aucun<br />
doute un substrat de base: la survivance<br />
dans <strong>le</strong>s comportement, et plus globa<strong>le</strong>ment<br />
dans la vie socia<strong>le</strong>, d’une mentalité<br />
rura<strong>le</strong>. On est devenus urbains à<br />
hauteur de plus de 52%, mais <strong>le</strong> mode<br />
de fonctionnement demeure encore<br />
largement rural. Et dans <strong>le</strong> monde<br />
rural, que trouve-t-on? De l’espace, une<br />
liberté de déplacement par monts et<br />
par vaux, bref, ni priorité à respecter,<br />
ni stop, ni ra<strong>le</strong>ntisseurs. Le piéton est<br />
maître et ne doit ainsi emprunter ni<br />
trottoir pas plus qu’<strong>il</strong> n’est astreint en<br />
principe aux passages cloutés ou protégés.<br />
Autant de comportements enfouis<br />
dans <strong>le</strong>s mémoires qui se retrouvent<br />
dans <strong>le</strong> monde urbain.<br />
Au-dessus de ce premier fonds, pourrait-on<br />
dire, est venue se surimposer<br />
une autre strate: la loi qui est un<br />
emprunt à la société occidenta<strong>le</strong><br />
moderne. Toute la difficulté consiste à<br />
ce que ce corpus soit suffisamment<br />
intériorisé pour mode<strong>le</strong>r durab<strong>le</strong>ment<br />
<strong>le</strong>s actes et <strong>le</strong>s comportements. La faib<strong>le</strong><br />
prégnance du code de la route et de<br />
la législation sur la circulation traduit<br />
bien <strong>le</strong>s difficultés existantes. Si <strong>le</strong><br />
conducteur est tel<strong>le</strong>ment défa<strong>il</strong>lant et<br />
contrevenant aujourd’hui, n’est-ce pas<br />
parce qu’<strong>il</strong> accorde peu de place à la<br />
stricte observance de la règ<strong>le</strong> de droit et<br />
de la norme?<br />
Au fond, si l’on en est là, n’est-ce pas<br />
parce que la règ<strong>le</strong> de droit n’est acceptée<br />
que si el<strong>le</strong> n’empêche pas <strong>le</strong> “système<br />
D”, la débrou<strong>il</strong>lardise et la triche.<br />
C’est ici que l’Etat est interpellé: <strong>il</strong> a<br />
pour mission de faire respecter la loi,<br />
mais <strong>il</strong> doit éga<strong>le</strong>ment mob<strong>il</strong>iser tous<br />
<strong>le</strong>s moyens pédagogiques et culturels<br />
pour expliquer à tous, depuis l’âge scolaire,<br />
surtout que, par-delà <strong>le</strong> dossier<br />
des 4.000 morts des accidents de la<br />
circulation, c’est un plus grand défi qu’<strong>il</strong><br />
faut re<strong>le</strong>ver: la construction d’une<br />
société où l’Etat de droit doit être consolidé<br />
et enraciné. Mustapha Sehimi<br />
N° 857 Du 16 au 22 octobre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 31